Le boycott anti-trans de la bière Bud Light, symbole d’une Amérique fracturée

Par Vincent D. le 20/04/2023

Temps de lecture : 3 min

Un Bad Bud qui fait mousser.

La marque de bière américaine Anheuser-Busch, propriétaire de Bud Light, a choisi de promouvoir ses produits en collaboration avec Dylan Mulvaney, une personnalité transgenre populaire sur TikTok. Cependant, cette initiative a été mal accueillie par une partie de la population conservatrice, qui a appelé au boycott de la marque. Cette réaction a eu des conséquences financières pour le groupe, qui a perdu près de 5 milliards de dollars en bourse. Bien que cette tentative de se positionner sur des valeurs progressistes puisse sembler louable, elle a clairement polarisé l’opinion publique et a provoqué une division entre les consommateurs. Mais… Ce n’est pas nouveau. 

C’est un fait, aux États-Unis, une faille politique profonde se creuse de jour en jour entre les conservateurs et les progressistes sur une ribambelle de sujets sensibles tels que l’avortement, les armes à feu, la sexualité, l’immigration, le port du masque, l’écologie et… L’identité de genre. Et il n’est aujourd’hui plus question de dialogue de sourd, mais bien d’une polarisation croissante de deux Amériques. Plus que des désaccords politiques – démocrates contre républicains – il s’agît d’une vraie hache de guerre d’ordre éthique, culturel et philosophique entre deux ultras.

C’est le cas de la marque de bière américaine Budweiser qui a récemment été la cible d’une campagne de boycott lancée par des militants de la droite conservatrice américaine. Tout a commencé le 1er avril dernier – vous parlez d’une farce – lorsque la personnalité populaire transgenre de TikTok, Dylan Mulvaney, a publié une vidéo présentant une canette à son effigie. Les sympathisants de cette tendance politique, parmi lesquelles le musicien Kid Rock, ont alors rapidement réagi en publiant des vidéos appelant au boycott de la marque. Tire à la mitraillette ou à la carabine sur des caisses de Bud Light, (fausse) destruction au bulldozer, avec un tracteur, une voiture… Une véritable armada pour montrer son indignation face au fameux partenariat. Jusqu’à dépasser, comme bien souvent, les limites de l’indécence. Malgré les menaces transphobes qui accompagnent ce brouhaha médiatique, la tiktokeuse n’en démord pas et compte poursuivre son petit bonhomme de chemin avec l’annonce d’un nouveau partenariat avec Nike. 

Les marques se positionnant sur des sujets politiques n’est pas un phénomène nouveau et est même devenu courant. En effet, avec l’émergence de la Responsabilité Soci(ét)ale des Entreprises (RSE) et du statut d’entreprise à mission, les entreprises se donnent un rôle de plus en plus important. Nike et sa collaboration avec le sportif exclu Colin Kaepernick, Gillette avec son coup de rasoir contre la masculinité toxique ou encore M&M’s pour une simple histoire de couleurs, en sont quelques exemples. L’affaire Bud Light s’inscrit donc dans cette lignée de marques dont les faits et gestes peuvent avoir une réaction épidermique, reflétant ainsi le climat social quelque peu frisquet au pays de notre chère Oncle Sam.

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