4 mois de sursis avant l'apocalypse.
Apple a-t-il entendu les inquiétudes de l’industrie publicitaire et des acteurs de la tech face à cette apocalypse annoncée ?
La firme à la pomme a finalement décidé de surseoir à la mise en œuvre d’une nouvelle règle de confidentialité d’ores et déjà controversée. Fin août, Facebook se faisait en effet le porte-étendard de ces inquiétudes : avec iOS 14, déployé à l’automne, l’identifiant de suivi IDFA sera désormais proposé en opt-in. Laissant aux développeurs le soin de recueillir le consentement des utilisateurs pour collecter leurs données (et leur identifiant publicitaire) et suivre leur parcours à travers les applications et sites sur iPhone et iPad.
Rendant logiquement plus difficile, si ce n’est impossible, le suivi publicitaire des clients d’Apple et donc la diffusion de publicités ciblées. Si ces changements de confidentialité seront bien mis en œuvre avec iOS 14, Apple reporte leur application en début d’année prochaine, a annoncé la firme dans une note aux développeurs jeudi dernier. Et ce, « Pour donner aux développeurs le temps d’apporter les modifications nécessaires ».
Facebook avait prévenu qu’il ne collecterait plus l’IDFA à travers ses applications lorsqu’elles seront installées sur iOS 14, expliquant qu’il ne serait peut-être pas « logique » de proposer Audience Network sur iOS 14. Une démarche qui n’aura que peu d’impact pour la société, contrairement aux éditeurs tiers d’applications et médias utilisant la régie publicitaire du groupe. Facebook s’attendait à une baisse de revenus publicitaires pouvant atteindre 50 %.
« La capacité des annonceurs à cibler et à mesurer avec précision leurs campagnes sur Audience Network sera affectée, et en conséquence, les éditeurs devraient s’attendre à ce que leur capacité à monétiser efficacement sur Audience Network diminue », avait alors prévenu le réseau social. Une décision qui vient s’ajouter à celle de Google de supprimer les cookies tiers par défaut sur Chrome d’ici 2022.
Ironie : L’IAB Tech Lab et l’IAB Europe ont fait part de leurs inquiétudes au PDG d’Apple en juin dernier quant à l’interopérabilité des fonctionnalités opt-in d’iOS 14 avec le Transparency Consent Framework de l’IAB, un consensus de gestion du consentement auquel ses membres sont parvenus afin de se conformer au RGPD.
Par ailleurs, The Verge rappelle qu’Apple exigera également des développeurs de se conformer à une nouvelle liste concernant la façon dont une application collecte et stocke des données utilisateurs (localisation, santé, historique de navigation) si elle souhaite être proposée sur l’App Store.
« Sur la page produit de chaque application, les utilisateurs peuvent se renseigner sur certains types de données que l’application peut collecter, et savoir si ces données sont liées à ces dernières ou utilisées pour les suivre. Vous devrez fournir des informations sur les pratiques de confidentialité de votre application, y compris les pratiques des partenaires tiers dont vous intégrez le code dans votre application, sur App Store Connect à partir de cet automne », peut-on lire dans un billet posté sur le portail des développeurs.
Loin de reculer face aux contestations de l’industrie publicitaire, Apple lâche du lest, tout en continuant de marteler son message, se faisant le chantre de la protection des données et du respect de la vie privée. Et si ce n’est pas encore assez limpide, Cupertino vient de dévoiler une nouvelle campagne : « Privacy. That’s iPhone. »