56 % des jeunes pensent que les influenceurs sont des “charlatans”

Par Élodie C. le 16/02/2023

Temps de lecture : 5 min

#MoiJeune, génération désenchantée, mais combative.

Rendez-vous ce jeudi 16 février au Cercle d’Aumale, un ancien club de musique au cœur du 9e arrondissement pour la saison 12 de #MoiJeune « le selfie de la jeune génération » (18-30 ans) shooté par 20 Minutes en partenariat avec Opnion Way. Média vingtenaire et donc “marque média millennial” elle aussi. 

Pas de préambule, le constat est sans appel, nos jeunes dépriment, l’état d’esprit est maussade (44 %) : inflation, climat, guerre en Ukraine sont autant de sujets qui les inquiètent, voire même les angoissent.

Le Covid a logiquement laissé des traces, s’il a accéléré les volontés de changements d’emploi (pour +25 % d’entre eux), il a aussi retardé l’achat du premier appartement ou les intentions de grand voyage. D’ailleurs, même conscients de son impact sur l’environnement et de la tendance du flight shaming, à choisir entre voyager en avion ou en réalité virtuelle dans le futur, le résultat est net à +80 % pour le transport à travers les cieux. 

Réalistes ou fatalistes ? 31 % des sondés estiment qu’il est plus difficile d’être jeune aujourd’hui qu’il y a 3-5 ans, 67 % (vs 60 % en 2020) pensent qu’ils auront une vie moins facile que la génération de leurs parents. Un état d’esprit qui infuse de nombreuses thématiques. 78 % estiment que l’état d’esprit de cette génération n’est pas au mieux.

La santé mentale est devenu un sujet central pour cette génération : 85 % estiment qu’être bien dans sa peau, c’est être bien dans sa tête, versus 15 % être bien dans son corps, avec une part plus élevée chez les filles (18 % vs 12 % chez les garçons). 53 % consomment plus d’anxiolytiques depuis la crise du Covid, la prise d’autres substituts comme les cigarettes ou les drogues a également augmenté, mais dans une moindre mesure. 

Pour aller mieux, près de la moitié d’entre eux (49 %) concèdent avoir déjà acheté un produit trop cher pour leur budget, avant de consulter un professionnel de santé (la récompense est sans doute plus immédiate). La morning routine a du plomb dans l’aile (30 %). Un résultat qui fait écho à l’étude State of Fashion de McKinsey montrant comment le luxe a su tirer son épingle du jeu malgré la(les) période(s) de crise traversée(s) : ses produits sont devenus des valeurs refuge pour les nouvelles générations. L’achat du 1er item luxe s’opère désormais à l’âge de 15 ans, contre 19 ans pour leurs homologues trentenaires. 

Être en bonne santé est leur souhait prioritaire (44 %), devant l’aisance financière (43 %), ne pas être malheureux (38 %) ou fonder une famille (31 %) La réussite, la gloire, l’argent et la carrière arrivent en toute fin de classement. Vincent Cocquebert a très bien dépeint cette génération que l’on voit apparaître en filigrane dans ses résultats : la génération du cocon. 

Pour faire face à la baisse du pouvoir d’achat, ils se disent prêts à sacrifier en premier lieu les voyages (34 %), les vêtements et accessoires (33 %) ou les sorties (27 %), l’alimentation est le dernier poste de dépense qu’ils sacrifiraient. 31 % avouent “se faire violence pour sortir de leur grotte / canapé”. C’est le règne de la slow life. Contrairement à l’idée reçue selon laquelle ils voudraient tout, tout de suite, une grande majorité estiment qu’il n’est pas “cool” de se faire livrer en moins de 15 minutes, mais 39 % apprécient le DIY, prendre soin d’eux et de leur intérieur.

Les trois adjectifs qui, selon la jeune génération, les caractérisent le mieux sont assez révélateurs : Perdue, connectée et engagée.

Pour réduire leur impact carbone, ils disent conserver plus longtemps leurs appareils électroniques (84 %) ou privilégier les fruits et légumes de saison (79 %) et réduire leurs déplacements en avion pour 75 % (ce qui ne signifie pas les arrêter complètement) en voiture (64 %) ou le chauffage de leur logement (61 %). L’achat de produits d’occasion (leboncoin et Vinted sont les deux plateformes les plus utilisées) ou reconditionnés est également privilégié (59 %), tout comme le flexitarisme pour 58 %, en revanche la fast-fashion est à éviter pour plus de la moitié d’entre eux (53 %).

Si cette génération est dite engagée, les engagements mis en avant par les entreprises ne sont pas un critère prioritaire ou déterminant dans leur recherche d’emploi. La rémunération (66 %), les missions (64 %) et la flexibilité d’horaires, de congés ou de télétravail (44 %) passent avant les engagements, la culture d’entreprise ou les avantages (CE, parking, tickets restaurants) proposés.

La valeur travail telle que portée au pinacle par le gouvernement pour la réforme des retraite semble ne paraît pas aussi centrale pour la jeune génération : pour 55 %, le travail est quelque chose de choisi, si 52 % s’affirment bosseur pour gravir les échelons, 47 % s’en tiendront strictement à leur fiche de poste : 57 % pratiquent ou pourraient pratiquer (la nuance est importante) le quiet quitting pour préserver leur santé mentale et 34 % se disent bifurqueurs.

L’étude souligne des réponses encore très genrées malgré une génération plus ouverte, consciente, inclusive et “woke”. Que ce soit dans leur rapport au corps ou au regard des autres qui semblent plus toucher les filles que les garçons. Si 38 % des femmes disent adorer que les publicités d’aujourd’hui mettent en avant des modèles plus représentatifs et inclusifs, 64 % avouent avoir renoncé à publier une photo sur les réseaux sociaux de peur du regard des autres. Peut-on leur reprocher d’être à l’image d’une société encore très patriarcale où l’image de la femme doit répondre de – lourdes – injonctions ?

Tendance du moment, ChatGPT semble moins les affoler que les médias. 62 % pensent que l’outil sera bientôt complètement intégré dans nos habitudes, qu’il ouvre des perspectives enthousiasmantes (53 %) et que cela libérera du temps pour se consacrer à d’autres activités (45 %). La moitié pense ainsi que ChatGPT va faire perdre au travail de sa valeur.

En revanche, ils sont 80 % à lui préférer Google dans l’avenir, mais 64% préféreraient suivre les conseils de ChatGPT plutôt que ceux d’un.e influenceur.euse (31 %) qui se voient qualifier de “charlatans qui trompent leurs followers pour de l’argent” (56 %). Ils ne devraient pas avoir froid cet hiver… Résultat étonnant, s’ils sont les grands gagnants du confinement et sont très recherchés/sollicités par les agences et les marques pour leurs audiences qualifiées et engagées, 0 % (!!) des 18-30 ans interrogés disent suivre assidûment leurs conseils et 70 % n’en ont cure.

Perdue, engagée, connectée, mais pas totalement désincarnée.

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