Aux frontières du réel.
C’est l’ovni télévisuel (ultra) attendu de cette fin d’année : Bandersnatch, le premier film interactif de Netflix issu de l’anthologie d’anticipation Black Mirror. La promesse de la firme ? Un épisode spécial dont le spectateur est le héros (à la manière des livres du même nom). Ainsi, durant le visionnage du film d’une heure trente environ, plusieurs possibilités de scénarios sont proposées et c’est à l’utilisateur de choisir la suite à lui donner. Une expérience inédite pour les 130 millions d’abonnés Netflix à travers le monde.
La première fois que tu as dû faire un choix dans Black Mirror : Bandersnatch. pic.twitter.com/oV29LjLClC
— Netflix FR & BE (@NetflixFR) December 28, 2018
Synopsis officiel
Nous sommes en 1984, « un jeune programmeur adapte un roman fantastique, Bandersnatch, pour en faire un jeu vidéo et se prend à douter de la réalité. L’histoire tentaculaire devient un labyrinthe hallucinant… »
« Au cours de cette expérience qui vous demandera parfois de faire quelques entorses à la morale, vous seul serez responsable de la suite des événements, précise le communiqué de presse. Vous devrez faire des choix, surmonter des obstacles, faire face à des dangers et comme souvent dans la vie (et dans Black Mirror), en assumer les conséquences« .
La bande annonce
Netflix n’allait pas s’arrêter en si bon chemin : pour promouvoir ses contenus phares, le géant de la SVOD n’aime rien tant que pousser l’immersion à son maximum, jusqu’à voir se confondre fiction et réalité. Après avoir lancé la startup Altered Carbon au dernier CES et fait prendre la route du rhum à sa série Narcos : Mexico, Netflix a repoussé les frontières du réel pour la promotion de son épisode spécial.
Ainsi, le jour de la sortie de Bandersnatch, un vrai-faux site officiel au nom de l’éditeur de jeux vidéo du film, Tuckersoft, a fait son apparition sur la toile. « Tuckersoft était une société de développement de jeux vidéo qui a dominé le marché dans les années 80, explique le site. L’entreprise était une vraie usine à succès, le fondateur faisant même référence à sa société comme étant « le Motown du jeu vidéo ». Colin Ritman (Metl Hedd, Nohzdyve), superstar du milieu, était la figure de proue de la société. »
Mais ce n’est pas tout, une offre d’emploi de game designer datant de 1984 est également disponible sur le site. Une date qui ne doit sans doute rien au hasard…
Les fans de la série Black Mirror auront certainement déjà remarqué les références aux précédents épisodes disséminés dans Bandersnatch et sur le site Tuckersoft.net. Ainsi, les succès de l’éditeur (disponibles au téléchargement) se nomment Metl Hedd et Nohzdyve en référence aux épisodes Metal Head et Nosedive de la saison précédente. L’application de notation sociale « Rate Me » créée pour la sortie de l’épisode en 2016 est d’ailleurs accessible sur le site sous forme de bannière pub. Tout comme l’application de dating « Coach » de l’épisode Hang the DJ que Netflix avait déjà sorti pour la Saint Valentin cette année. Tackersoft fait notamment penser à TCKR, une société présente dans plusieurs épisodes de Black Mirror (San Junipero, Playtest, Metalhead, Black Museum). Les deux entités seraient donc en réalité la même compagnie.
Le mastodonte du divertissement est un habitué du genre et fait régulièrement référence à sa marque et/ou à ses propres contenus dans ses productions originales. Une mise en abîme télévisuelle dont Netflix a le secret et qui renforce le trouble chez le spectateur, mais aussi la connivence avec ses abonnés. Avec cette stratégie de communication (aussi bien physique que numérique) Netflix sort du statut de « simple » producteur pour devenir un objet fictionnel (et de promotion) à part entière. Une stratégie payante, puisque le leader mondial de la SVOD crée régulièrement l’événement autour de son image de marque et de son contenu s’assurant un bouche-à-oreille physique et digital.
Un cas d’école.