La blockchain va-t-elle amorcer la phase 2 de la transformation digitale des entreprises ?

Par Élodie C. le 18/06/2019

Temps de lecture : 3 min

Garantir la transparence et s'assurer la confiance des consommateurs.

Rendez-vous pris ce matin dans le port de Cannes où le Hana Yacht d’IBM mouille l’ancre. Au menu du petit déjeuner ? Blockchain en action, avec Peter Rubin, correspondant senior chez WIRED et Jason Kelley, general manager d’IBM Blockchain Services.

Que ce soit dans le secteur des médias, de la communication, du luxe ou de la grande distribution, cette technologie est affaire de confiance et de transparence. Mais comme nos speakers le rappellent, la technologie représente seulement 10% de tout projet blockchain. Le véritable sujet est la transformation qu’implique la blockchain : comment l’intégrer à son business, comment former ses salariés et plus généralement les consommateurs ?

Exemple est donné avec Walmart. Le géant de la distribution expérimente la blockchain avec IBM depuis 2016. Il s’agissait alors de permettre l’identification et le retrait des produits. Depuis 2018, et son implémentation réelle au sein de ses opérations, Walmart veut donner aux consommateurs la possibilité d’accéder à une base de données transparente et fiable pour tracer ses produits et ses livraisons. Ainsi, là où l’enseigne mettait parfois 7 jours à identifier tous les acteurs de la chaîne en cas de nourriture avariée – soit autant de jours de perte produit – elle met aujourd’hui 2 secondes pour identifier “le maillon faible” de sa chaîne de production / distribution.

Chez Carrefour par exemple, on promeut le poulet blockchain. Concrètement, dans le cadre de sa démarche « Act for Food », la blockchain permet “de stocker les informations relatives au produit : sa provenance, son lieu d’élevage ou son mode de production. Elle garantit aux consommateurs une transparence complète sur le circuit suivi par les produits”, explique le groupe sur son site.

Ce souci de traçabilité se retrouve également dans le secteur du luxe, comme on a pu le voir lorsque de la dernière édition de VivaTech avec Aura, la blockchain du luxe qui a noué un partenariat avec la maison Louis Vuitton. Grâce à Aura, n’importe quel produit de luxe – d’une marque partenaire – peut être authentifié « de manière non reproductible et sécurisée » grâce à une plateforme de traçabilité (en marque blanche) basée sur la blockchain Ethereum.

Cet usage de la blockchain dans l’univers de la mode pourrait ainsi permettre aux marques de mieux lutter contre les contrefaçons. Celles-ci sont de plus en plus avancées et viennent parfois “hacker” directement les chaînes de production pour produire des faux qui ont tout du vrai produit, rappelle Jason Kelley. Compliquant plus encore leur identification. La blockchain viendrait donc sécuriser toute la chaîne logistique.

En permettant la vérification de l’identité des acteurs de la chaîne, la blockchain pourrait également faire la chasse au fake dans le secteur de l’information. Si les solutions existent déjà, notamment avec l’intelligence artificielle, cette technologie serait un allié supplémentaire non négligeable pour lutter contre les fakes news et les deep fakes, souligne Jason Kelley, et renforcerait la confiance des consommateurs d’information.

Quoiqu’il en soit, de nombreuses industries n’ont pas encore connu de transformation numérique forte. Ainsi, les secteurs pharmaceutique ou alimentaires n’ont pas vécu de disruption dignes des ouragans Uber ou Airbnb dans les transports et l’hôtellerie. Est-ce que cela viendra avec la blockchain ? Pour la disruption peut-être pas, mais l’intégration de la blockchain dans leurs activités signerait au moins leur premier pas vers une digitalisation plus forte de leurs activités.

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