Robin des bois face aux Rois du pétrole.
Il y a quelques jours, le collectif britannique Glimpse nous informait que LinkedIn – ou probablement, son algorithme de modération – a qualifié la vidéo d’« offensante pour le bon goût ». Le terme « retirer » peut être perçu de manière exagérée, cette stratégie de se dire “censuré” est souvent employé par des associations et des ONG pour donner plus de force à leurs actualités. En réalité, la vidéo est toujours disponible sur la plateforme. Cependant, celle-ci en a restreint la promotion sous forme de publicité en raison de son contenu dérangeant (spoiler alerte : le vomi). Ce court-métrage encourageait les spectateurs à ne pas suivre les influenceurs rémunérés par les entreprises pétrolières. LinkedIn a qualifié la vidéo d’« offensante pour le bon goût » et l’a ainsi exclue de sa diffusion publicitaire. Malgré cela, Glimpse n’a pas tardé à riposter avec humour en republiant le clip original, agrémenté d’une touche finale percutante. Pour mieux appréhender la situation, voici un bref aperçu de l’univers controversé de l’influence.
L’influenceur : un individu capable d’affecter les opinions, les attitudes et les comportements de centaines, voire de milliers, voire de millions d’autres personnes. À l’échelle globale, l’émergence de cette étiquette honorifique, directement liée à la montée en puissance des réseaux sociaux, profite principalement aux grandes entreprises. Cela se traduit notamment par la stimulation de leurs ventes, ainsi que par l’amélioration de leur image de marque et de leur réputation en mettant en avant les aspects positifs de leurs entreprises, produits et services. Il faut dire qu’aujourd’hui, être cité par ces influenceurs dans un post ou présenté dans une vidéo peut générer des ventes subites pouvant mener à la rupture de stock. Au carrefour du greenwashing et des multiples autres scandales du marketing d’influence, des initiatives – et des mesures politiques – telles que le collectif « Paye ton influence » et le mouvement viral de la « désinfluence » ont émergé. Ici, l’objectif est inversé : il s’agit de lutter contre la surconsommation en éclairant sur les produits à éviter d’acheter.
C’est dans la même perspective de réguler cette influence “far-west”, que le collectif créatif Glimpse a sorti son film “anti-greenwashing” pour dénoncer les compagnies pétrolières comme Shell ou BP qui, selon une enquête récente, “utilisent des influenceurs britanniques pour promouvoir de fausses solutions à la crise climatique et se forger une image plus conviviale” révèle le média DeSmog, partenaire de Glimpse. Autrefois accusés de nier les effets négatifs de leurs activités sur le climat, ces géants de l’énergie adoptent désormais un discours « vert », mais continuent de financer des projets polluants qui constituent l’écrasante majorité de leur activité aujourd’hui. Intitulé « Sally wanders the world », ce film a été réalisé par les jeunes créatives Lara Baxter et Alice Goodrich. Il utilise l’humour pour critiquer la manipulation de l’image par les entreprises pétrolières, mettant en lumière le besoin urgent d’une action concrète en matière de climat. Le film présente Sally, une femme qui affiche un sourire radieux devant la caméra. Cependant, dès qu’elle aborde ses projets de voyage parrainés par Shell, une source de pétrole jaillit de sa bouche. Vous aurez compris le message.