Statut du jour : rentabilité.
Ce n’était qu’une question de temps. Depuis le départ des fondateurs de la plateforme, la porte était grande ouverte pour accueillir la publicité sur WhatsApp, riche de 1,5 milliard d’utilisateurs. La prochaine mise à jour de l’application devrait intégrer des annonces dans les Statuts, d’après Chris Daniels, vice-président de WhatsApp.
« Nous allons placer des annonces dans Status, avait-il annoncé en 2018. Ce sera le principal mode de monétisation pour la compagnie, ainsi qu’une opportunité pour les entreprises d’atteindre les utilisateurs de WhatsApp. »
Ce format, calqué sur les Stories de Snapchat et également présent sur Instagram (autre filiale du groupe Facebook) permet de partager des photos, vidéos, et GIFs qui s’effacent au bout de 24 heures. Sauf à avoir préalablement modifié leur visibilité dans les paramètres de confidentialité.
Cette décision n’a rien d’une surprise, la monétisation de WhatsApp est indispensable à sa rentabilité pour [tag]Facebook[/tag]. En 2014, la firme a posé 19 milliards de dollars sur la table pour s’offrir l’application de messagerie chiffrée créée par Jan Koum et Brian Acton cinq ans plus tôt. Échaudé par son expérience professionnelle chez Yahoo et son enfance dans l’Ukraine soviétique des années 80 (et sa police secrète), Koum a toujours refusé toute immixtion dans la vie privée de ses utilisateurs et n’a jamais caché son aversion pour la publicité ciblée. À l’instar de son collègue :
« La publicité ciblée me rend malheureux, confiait Acton à Forbes en septembre dernier. On n’améliore la vie de personne en rendant des publicités plus efficaces. »
Are you getting ready to switch to telegram, when WhatsApp starts showing adverts? pic.twitter.com/IaPXh7Zmh2
— . (@ssmkhwanazy) December 30, 2018
https://t.co/VNzxzkO0aK
Et c'est ainsi que WhatsApp trahira sa promesse de ne jamais afficher de publicité dans l'application.— Vincenzo (@vcz_fr) January 4, 2019
Évidemment, les utilisateurs de la plateforme n’ont pas manqué de faire part de leur mécontentement et de rappeler la promesse faite par les fondateurs de ne jamais toucher aux principes de l’app : chiffrement et absence de publicité. Las, contrairement à son CEO Mark Zuckerberg, Facebook ne fait pas dans la philanthropie : rappelons que Menlo Park tire plus de 90% de son CA des revenus publicitaires, aujourd’hui réalisés à 92% sur mobile.
Les deux fondateurs ont quitté le navire Facebook en 2018 (comme ceux d’Instagram) après de nombreux désaccords concernant la stratégie de WhatsApp et l’usage des données utilisateurs. Jan Koum a d’ailleurs claqué la porte peu après le début de l’affaire Cambridge Analytica et Acton a rejoint le mouvement #DeleteFacebook lancé en marge de l’affaire.
« Facebook représente un ensemble de pratiques commerciales, principes, éthiques et politiques avec lesquels je ne suis pas d’accord », expliquait-il alors dans Forbes.
Mais il en faudrait plus pour faire plier le géant Facebook. Les Stories sont LE format star des réseaux sociaux et le véritable moteur de croissance de la plateforme. Sur Instagram, les Stories affolent les compteurs et Facebook mise autant sur le format qu’il incite les annonceurs à investir ce créneau, plus économique et engageant pour les marques. Si les Status de WhatsApp ne peuvent se targuer des mêmes prouesses, Facebook semble vouloir rééditer l’exploit. Les publicités sur les Status devraient débarquer aux États-Unis dans un premier temps avant d’être déployées à travers le monde. Si les Status semblent uniquement concernés pour l’instant, Facebook nous a déjà montré qu’il avait un grand appétit. Gageons que les 1,5 milliard d’utilisateurs de la plateforme lui donnent l’eau à la bouche…