Bien choisir son école de com’ : les conseils des recruteurs

Par Élodie C. le 30/04/2020

Temps de lecture : 19 min

Régies, agences, médias et acteurs de l'adtech nous répondent.

C’est une étape essentielle de la formation de tout futur communicant. Le choix de son école peut rapidement tourner au véritable casse-tête : faut-il intégrer une école ou privilégier un parcours universitaire avant de se spécialiser ? L’établissement et le diplôme doivent-ils être reconnus ? Et quid des fameux classements ? Quels éléments du cursus un.e étudiant.e doit impérativement vérifier ? Une douzaine de recruteurs, acteurs du secteur de la communication, du marketing et de la publicité passent au crible l’ensemble de ces questions, et même un peu plus, dans ce dossier Écoles 2020.

Trouver l’école, et non une école

Au moment d’effectuer les premières recherches pour trouver son école, la tâche peut vite s’avérer ardue face à l’offre pléthorique qui se présente. Comment être sûr.e de faire le bon choix ? Ne vaut-il pas mieux postuler au plus d’établissements possible afin de maximiser ses chances d’intégrer une école ? Cela peut paraître évident, et pourtant : choisir une école c’est renoncer à beaucoup d’autres. « Avant toute chose, si j’ai un conseil à donner aux étudiants, c’est de ne pas arroser toutes les écoles de communication, avertit Julien Casiro, fondateur et président de l’agence Braaxe et vice-président de la Délégation digitale de l’AACC, c’est l’erreur classique, comme lorsqu’ils arrosent toutes les agences ou annonceurs une fois diplômés. » Au contraire, il faut se demander si l’école visée forme au métier auquel vous aspirez et si le programme de formation proposé est en adéquation avec votre projet professionnel.

– Ils sont partout : les alumninatis
Pour cela, rien de tel que de se reposer sur l’expérience de ceux qui vous ont précédés. Olivier Altmann, le co-fondateur, CEO et CCO de l’agence Altmann + Pacreau, et le co-fondateur de Braaxe s’accordent à dire qu’il ne faut pas hésiter à chercher l’information où elle se trouve, en demandant directement l’avis d’anciens élèves. Cela nécessite un minimum de « curiosité », toutefois « le meilleur conseil que je puisse donner est de s’inspirer de quelqu’un qui a réussi, que les étudiants admirent et à qui ils voudraient ressembler, poursuit Julien Casiro. On peut se dire qu’il y a une corrélation entre la formation que cette personne a eue, le métier qu’elle exerce aujourd’hui et sa réussite ». Qu’elle soit planneur strat, social media manager ou DC. Ainsi, si une école pousse à la création, l’étudiant à tout intérêt à regarder combien de directeurs de la création en sont sortis.

Un avis partagé par Richard Verglas, COO (directeur des Opérations) de Mazarine Group : « Le candidat doit choisir son école par rapport à ses envies, ses aspirations et identifier les réussites d’anciens dans le secteur où il souhaite travailler. Quels parcours ont-ils réalisés ? » En discutant avec ces anciens élèves, l’étudiant sera mieux à même de « “sentir” si la formation et l’état d’esprit [lui] correspondent bien, s’il y a une culture qui s’en dégage et qu’elle [lui] parle », appuie Victoria Schnell, directrice de clientèle de Rosbeef!.

Pour cela, des outils tels que LinkedIn facilitent grandement la prise de contact. Demandez à vous connecter à une vingtaine de contacts avec un petit message très court expliquant ce que vous aimeriez faire, etc., et même si seulement cinq personnes vous répondent ce sera déjà une mine d’informations pour vous aiguiller.

– La bonne réputation de l’école et de son corps professoral
Si « une école renommée est bien entendu un avantage, car la solidité de la formation est a priori connue et reconnue », estime Aline Dubucq, senior manager en charge de la communication France de Criteo, l’étudiant ne doit pas manquer « de se renseigner sur la réputation d’une école et sa formation, pour ne pas tomber dans des écoles qui proposent des cursus trop “shiny” avec peu de concret derrière », nuance-t-elle.

Pour cela, s’enquérir de la réputation et de l’expérience des professeurs et intervenants est un élément clé. Selon les métiers préparés au sein de l’école, que ce soit dans la communication, la publicité pure, la production, « il est important de se renseigner sur le corps enseignant afin de déterminer si se sont de vrais spécialistes, des acteurs du marché, des personnes vraiment immergées dans le milieu, souligne Laurence Caro-Brunet, responsable Recrutement au sein de FranceTV Publicité.

« Avoir des intervenants venant d’agences pour dispenser certains cours rend l’enseignement plus pratique et plus ancré dans la réalité, confirment Antoine Hirigaray, chargé de Développement RH, et Valérie Ruiz, responsable Développement RH chez DDB Paris. « Il faut que les cours enseignés soient adaptés au contexte du monde de la communication qui est en perpétuelle évolution, rappellent de leur côté Philippe Rousseau, secrétaire général et responsable administratif et financier, et Maud Remillet, responsable de recrutements chez Dare.Win. Pour cela, rien ne vaut l’intervention de vrais professionnels de la communication, qui pourront apporter une connaissance accrue des dernières tendances, outils, innovations. » En outre, « le réseau des équipes enseignantes aussi est très important, plus les enseignants sont des professionnels vivants au quotidien les problématiques du terrain, plus l’apport d’éléments concrets aux étudiants sera bénéfique à leur future insertion professionnelle. »

Les forums et autres salons étudiants, ou encore les journées portes ouvertes sont autant d’événements qui permettent de prendre le pouls d’une école, de ses formations et de se renseigner directement auprès des professionnels d’un établissement ou d’une agence, comme la Creative Connection organisée par l’AACC.

– Des diplômes reconnus
Philippe Rousseau et Maud Remillet incitent également les étudiants à vérifier que les diplômes proposés sont répertoriés au RNCP (répertoire national des certifications professionnelles), afin d’obtenir une équivalence de diplôme en France et en UE. Même son de cloche du côté de DDB Paris, pour qui « la reconnaissance du diplôme et de l’école sur le marché du travail est également importante », notamment lors de la recherche de stage ou d’un futur recrutement. Pour Antoine Hirigaray et Valérie Ruiz, le coût de la formation ne doit pas être oublié, « tout comme la possibilité de se le faire éventuellement financer par l’entreprise (via l’alternance) selon la situation personnelle de l’étudiant.e. »

Océanne Lentin, talent acquisition manager chez Dentsu, conseille également de s’attarder sur ces frais de formation afin d’éviter de se mettre « dans le rouge pour ses études ». Les métiers de la communication et de la publicité ne payent pas forcément très bien en début de carrière, quand les prêts étudiants sont longs à rembourser derrière souligne-t-elle. « Certaines écoles ne sont pas si chères, mais n’en sont pas moins excellentes dans leur formation », prend-elle soin de préciser.

– Se spécialiser dès le départ ?
Ici, les avis sont partagés. Il y a plusieurs « écoles », qui varient selon les métiers visés et le parcours des interviewés.

Ainsi pour Julien Casiro, cela semble tout bonnement « impossible », les étudiants n’ayant pas assez de recul et de maturité pour faire ce choix. « Après, il faut savoir qu’en une année d’alternance, un étudiant apprend son métier. » Aline Dubucq de Criteo estime également qu’aux prémices d’une formation en communication, généralement juste après le bac, « il est impossible de savoir ce qu’on aime réellement, c’est en cours, puis en stage, lorsqu’on expérimente la pratique en entreprise que l’on commence à avoir une idée de ce qu’on veut faire ou non. » Elle prend ainsi l’exemple de son propre parcours : « J’ai fait un cursus “publicité” à l’IUT Paris V et j’ai vraiment apprécié de bout en bout la formation. Mais j’ai su, au bout de la deuxième année, que je ne voulais pas travailler en agence de pub. En poursuivant mon cursus de licence à l’IFP et en faisant mes stages en relations presse, j’ai découvert ce qui me plaisait et j’ai poursuivi ensuite ma carrière dans cette voie ».

Il ne faut donc pas hésiter à tenter une voie quitte à s’y détourner en cours de route, « la communication est un vrai terrain de jeu en la matière », souligne-t-elle.

Pour Olivier Altmann, « les disciplines où l’on recrute aujourd’hui ne seront peut-être pas celles de demain, un bon bagage général est toujours utile pour comprendre les interactions et les enjeux du secteur de la communication. » Pour les commerciaux en revanche, une école dite généraliste (école de commerce, faculté CELSA, Sciences Po…) a son utilité du fait de la complexité croissante des problématiques digitales qui ne sont plus uniquement des problématiques de communication, rappelle pour sa part Richard Verglas de Mazarine Group.

D’autres entreprises, comme Dentsu, ne cherchent tout simplement pas de « spécialistes », mais plutôt « des profils qui ont une vision 360 du monde de la publicité, du marketing et de la communication et vont venir se spécialiser en interne auprès d’experts. »

Idem du côté de Reworld Media Connect. Les métiers de la régie publicitaire étant très variés, Élodie Bretaudeau-Fonteilles, directrice exécutive commerciale de Reworld Media Connect, explique ainsi « avoir besoin de gens qui connaissent les différents médias et seront sensibles à différents secteurs. Lorsque l’on sort d’une école, hormis si l’on veut travailler dans un secteur technique, il est nécessaire d’être ouvert. Avoir eu différentes expériences de stages où l’on a pu tester différents métiers apporte plus de choses. Cela donne généralement des candidats plus touche à tout. Et c’est ce dont nous avons besoin en entreprise ; des gens qui s’adaptent, sont agiles et rapidement autonomes. Nous n’avons pas besoin de gens enfermés dans une case, notamment pour pouvoir les faire évoluer ensuite au sein de l’entreprise », conclut-elle.

Au-delà des vocations innées, tous s’accordent à dire que la réponse s’impose pour les formations techniques : SEO, motion design, graphisme, data scientist, etc. Autrement, l’étudiant peut/doit se laisser le temps de découvrir l’entreprise et ses réelles affinités/sensibilités. « Sans oublier que c’est un secteur où il faut savoir rester mobile », rappelle Olivier Altmann.

La directrice exécutive commerciale de Reworld Media Connect observe d’ailleurs que les métiers de la régie publicitaire sont souvent très mal connus, notamment parce que les écoles ne les promeuvent pas. Les écoles et cursus les orientent plutôt à travailler chez l’annonceur et en agence créa d’où l’importance des stages.

« Les métiers de la communication sont multiples et parfois méconnus, à ce titre je pense que diversifier ses expériences pour en découvrir le plus grand nombre peut éveiller des vocations non soupçonnées ! », confirme Liza Gordon, directrice adjointe Développement des Talents du groupe TF1.

– Quid des classements ?
Ils trustent généralement la une des hebdomadaires et font grincer des dents à leur sortie. Les classements des écoles doivent-ils être pris en compte dans le choix d’un établissement ? Ces derniers sont notamment censés venir valider une formation et la qualité des intervenants. Cependant, « il existe également des écoles ou universités (commerce ou communication) qui dispensent de très bonnes formations avec de très bons débouchés », rappellent Antoine Hirigaray et Valérie Ruiz de DDB Paris. Tout dépend les études vers lesquelles on se destine. Pour des études longues et généralistes (HEC, Essec, Celsa, Sciences Po), les classements comptent toutefois moins que la réputation de l’école, estime Olivier Altmann : « Les classements sont faits sur de nombreux critères que ne sont pas toujours prioritaires pour le candidat ».

En effet, les nouveaux métiers du digital changent et évoluent en permanence. « Les étudiants venant d’écoles de renom seront vraiment regardés de très près, à la fois par les DRH, mais aussi par les communicants, souligne Sarah Coutin, responsable de la communication Publicis Sapient France. Pour ma part, j’ai fait la plupart de mon cursus à l’IAE de Poitiers et l’ESP de Paris, je ne suis pas certaine que ces écoles soient dans un classement spécifique. J’ai pour autant bénéficié d’une formation de qualité avec des intervenants externes qui m’ont tous donné envie de faire le métier que je fais aujourd’hui. »

Les recruteurs ne sont pas naïfs, « ces classements peuvent avoir une importance pour l’étudiant, car une école bien classée peut permettre l’accès à de meilleurs stages, ou un accompagnement dans la mise en relation avec des entreprises, reconnaît Élodie Bretaudeau-Fonteilles, de Reworld Media Connect. Évidemment, lorsque j’ai des CV sous les yeux, et que je lis EFAP ça m’interpelle, mais je ne m’arrête pas à ça pour autant. »

De meilleurs stages, mais aussi de meilleures rémunérations. Si les taux de rémunération des alternants sont fixés par l’État et les conventions collectives des secteurs, concernant les stages, les niveaux de rémunération sont laissés à la discrétion de l’entreprise. « Chez Dentsu, nous avons réalisé un tableau de gratification qui varie selon la notoriété de l’école : pour les écoles type HEC, Essec, EDHEC, Les mines et Dauphine, nous sommes sur des gratifications à 1 000 euros, pour les autres écoles, à partir du M1/M2, elles sont fixées à 700 euros, précise ainsi Océanne Lentin. Nous valorisons les grandes écoles, car c’est un levier d’attraction pour recruter des stagiaires. Nous savons par ailleurs que certaines écoles comme HEC, préconisent à leurs étudiants de ne pas accepter de stages dont la rémunération serait inférieure 1 000 euros. C’est la raison pour laquelle nous avons adapté notre grille de gratification des stages. »

Toutefois, la plupart des entreprises et directions RH nous assurent ne pas en faire un critère prioritaire et préfèrent s’attarder sur le parcours de l’étudiant, ses expériences professionnelles et sa personnalité. Ainsi, certaines agences assument leur total désintérêt pour ces classements et font fi de tous ses aspects : « Chez Dare.Win, l’école et son classement nous importent peu, nous n’avons pas de grille de salaire et nous ne recrutons pas sur le nom de l’école, soutiennent Philippe Rousseau et Maud Remillet. Nous regardons beaucoup plus l’expérience, le book, le feeling pour coller à l’ADN Dare.Win. D’autant plus que nous ne recrutons pas forcément que des gens qui ont fait des écoles de com’ ou des études en communication : nous pensons que l’univers créatif doit prendre ses inspirations dans différents domaines. »

Chez FranceTV Publicité, l’expérience prime. « Nous fonctionnons par le bouche-à-oreille des étudiants. Nous travaillons beaucoup avec les écoles au travers de partenariats, forums, et via des interventions au sein d’établissements. Nous privilégions nos bonnes relations avec les écoles et leur cursus plutôt que leur classement en général, affirme Laurence Caro-Brunet.

Le dernier mot revient à Olivier Altmann le co-fondateur d’Altmann + Pacreau estime ainsi qu’à l’instar des marques, « rien ne vaut le bouche-à-oreille positif et les retours des anciens. »

Un cursus qui pousse à la professionnalisation

L’ensemble des interviewés sont unanimes : un bon cursus en école de communication doit former les communicants de demain en leur offrant une formation alliant un minimum de théorie et un maximum de pratique en entreprise.

– des enseignants et intervenants de la profession
Comme nous l’avons évoqué plus haut, des enseignants ou intervenants issus du sérail ancrent la formation des étudiants dans le concret et la réalité des métiers.

« Outre les cursus théoriques qui doivent être complets, la communication est surtout une affaire de terrain qui évolue perpétuellement, l’enseignement doit être dispensé par des personnes qui ont connu, voire connaissent encore les réalités des agences et des entreprises, estime Aline Dubucq. Elles apporteront une autre dimension aux théories en ayant des éléments pratiques à mettre en avant. »

– De solides bases théoriques
Celle qui gère la communication de Criteo France milite pour un cursus faisant la part belle à une solide formation théorique avec des matières comme l’économie ou le droit. « C’est utile pour tous les aspects des métiers de la communication. Il faut pouvoir toucher à tout pour savoir ce qu’on aime ou pas, que ce soit des cours de publicité (création, marketing), de rédactionnel (communiqué de presse) et de théorie de la communication. Il faut un gros volet sur la communication digitale, d’influence, c’est même une prérogative désormais. Sans oublier l’anglais, indispensable, par le biais d’un stage à l’étranger ou d’une formation renforcée. »

Pour Élodie Bretaudeau-Fonteilles, un bon cursus doit ouvrir à la créativité et l’ouverture d’esprit. En effet, « les métiers de la communication sont très variés, et clairement axés sur la créativité, les idées, donc l’ouverture d’esprit est primordiale et permet d’être très à l’affût. »

« Désormais le terrain de jeu de la communication est très large et demande une grande polyvalence en termes de compétences. Au-delà des prérequis traditionnels de la com’ (relation presse, promo,…), désormais la formation doit proposer une bonne maîtrise des outils et des stratégies digitales. Elle doit aussi et surtout permettre aux étudiants d’appréhender sur le long terme les problématiques de marques et la raison d’être des entreprises », estime-t-on chez TF1.

En ce qui concerne l’univers des médias, « la culture générale est très importante puisqu’on aborde des sujets très diversifiés, la formation dispensée doit permettre d’acquérir un bagage général, ainsi qu’une connaissance spécifique du secteur des médias : les rouages du marché publicitaire, ses acteurs — annonceurs, régies, agences —, les différents canaux (print, social, digital, TV), etc. », explique la responsable recrutement de FranceTV Publicité.

Dans ce secteur, une bonne culture générale relève également d’une bonne culture publicitaire, notamment internationale. L’apprentissage de l’anglais est donc indispensable, pourquoi pas à travers « un cursus 100 % bilingue en français / anglais pour pouvoir se positionner sur des problématiques internationales », souligne la responsable de la communication Publicis Sapient France.

Victoria Schnell de Rosbeef! voit même plus loin et ajouterait bien un séjour d’un semestre minimum à l’étranger au cursus des étudiants. « C’est le Graal », assure-t-elle.

– Des projets professionnels
De DDB Paris, à Publicis Sapient en passant par Dentsu, la formation de la théorie et de la pratique doivent se formaliser au sein de cas concrets provenant d’agences et ces derniers doivent pouvoir être présentés directement à des professionnels pour se mettre en situation réelle, explique-t-on chez DDB Paris. « Ce sont autant d’exercices facilitant l’intégration du monde du travail et des agences. » « C’est le plus révélateur », confirme Océanne Lentin de Dentsu.

Pour Laurence Caro-Brunet, cet enseignement doit permettre « d’inventer des stratégies de marque et des concepts innovants. Il s’agit de proposer aux étudiants de piloter des projets à 360°, c’est l’essence même lorsque l’on travaille dans le secteur de la publicité ».

« Ces deux socles — théorique et pratique — permettent au futur collaborateur de développer des savoir-être essentiels en entreprise que sont l’écoute, la compréhension, la curiosité et la satisfaction client », explique quant à lui Richard Verglas, de Mazarine Group.

– Construire et utiliser son réseau d’alumnis
Intégrer une école pourvue d’un important réseau d’alumnis c’est bien, savoir l’enrichir et s’en servir c’est toujours mieux. Pour Sarah Coutin de Publicis Sapient France, c’est même « très important : garder le lien, se revoir, échanger, collaborer, partager des opportunités… Renforcer son réseau, c’est vraiment essentiel ! »

D’autant qu’il permet ensuite de trouver plus facilement un stage ou un travail. « Le secteur de la communication fonctionne sur des métiers de réseaux, ces réseaux d’anciens élèves sont donc importants au moment de trouver un travail. C’est la force des réseaux alumnis », confirme Julien Casiro de l’agence Braaxe. Pour Liza Gordon, le réseau alumnis est surtout « le premier réseau professionnel dont on dispose en tant que jeune diplômé. Il est donc important d’intégrer une école dont le réseau alumnis est dynamique et solidaire. »

Un tel réseau permet de faire partie d’un groupe et de développer un sentiment d’appartenance : on peut poser toute sorte de questions à des personnes expérimentées passées par l’école, qui travaillent ou ont travaillé dans l’entreprise visée par l’étudiant. C’est très précieux dans un secteur aussi concurrentiel.

Chez Dentsu, on parle même de « bébés Dentsu », soit des personnes qui ont commencé en stage dans l’entreprise avant d’y faire toute leur carrière. Ces dernières exploitent évidemment leur réseau au moment de recruter en stage ou sur un poste en particulier. Avec plus de 250 stagiaires et alternants par an dans l’entreprise (sur 1200 collaborateurs), Océanne Lentin évoque une véritable « culture naturelle du réseau » et du bouche-à-oreille.

Une situation que l’on retrouve également chez FranceTV Publicité qui compte à date, 17 alternants et 30 stagiaires sur l’année (2 vagues de 15 pour 6 mois) sur les 300 collaborateurs travaillant au sein de la régie. Les stagiaires et alternants y forment une vraie communauté et sont traités comme vrais salariés, souligne Laurence Caro-Brunet.

« Les entreprises ont souvent du mal à trouver des stagiaires, et dans le même temps, les stagiaires qui n’ont pas de réseaux éprouvent des difficultés à trouver des stages, donc le réseau d’alumnis offre une aide dans les deux sens » estime Élodie Bretaudeau-Fonteilles.

Il permet en outre de renforcer les liens entre les agences et les annonceurs par l’école, ajoute Richard Verglas.

– L’intégration en entreprise est clé
À l’unanimité, les recruteurs militent pour que les stages et alternances soient intégrés le plus tôt et le plus longtemps possible dans les cursus. Notamment, pour certains d’eux, à travers une césure à l’étranger (pour Criteo, Publicis Sapient et DDB Paris notamment).

Les intégrations plus courtes risquant de frustrer l’étudiant : l’alternance est vécue comme une véritable double vie par l’alternant.e, observe Laurence Caro-Brunet, l’étudiant.e peut vite se sentir « tiraillé.e entre deux univers », note pour sa part Liza Gordon du groupe TF1. Les intégrations longues sont donc privilégiées, et nombre d’entreprises ne prennent plus la peine de recruter des stagiaires sur des périodes trop courtes, à l’instar de comme Braaxe ou Dentsu.

« Les stages de 2-3 mois ne nous paraissent pas du tout cohérents avec l’univers de l’agence où la formation peut prendre plusieurs semaines avant que le stagiaire puisse faire ses preuves », relève-t-on chez Dare.Win.

Tous s’accordent à dire que la durée idéale d’une alternance se fait sur un rythme 4 jours en entreprise/1 jour à l’école (de préférence le vendredi) ou 3 semaines/1 semaine (plus rare) : « Cela offre des couloirs de concentration, de projets », estime Julien Casiro. Il observe toutefois que l’alternance est de moins en moins recherchée dans la profession, quand le stage bénéficie d’une grosse appétence par son rythme à temps plein. « Entre un stagiaire et un alternant, il n’y a pas vraiment d’écart de niveau, en revanche, il y a un véritable écart de coût, puisqu’une alternance équivaut à un CDD. La dimension économique entre en jeu, le niveau de connaissance est équivalent, mais le rythme ne joue pas en sa faveur ».

« Nous investissons du temps et de l’énergie pour former les étudiants, le but étant qu’au bout de quelques semaines ils soient autonomes et gèrent leurs propres projets. Ils deviennent ainsi des membres à part entière de l’équipe, responsabilisés et confiants grâce à notre accompagnement. Les stages de courte durée permettent plus difficilement cette complète intégration », note pour sa part Victoria Schnell, directrice de clientèle de Rosbeef!.

Les rythmes de l’alternance ne favorisent pas non plus l’intégration, estime Julien Casiro. Au moment de son retour à l’école, l’étudiant peut rater plusieurs événements importants de la vie de l’entreprise (pot de départ, gain de budget, conversations internes, etc.), et le projet sur lequel il avait la main peut avoir été modifié ou abandonné en cours de route. « Rester longtemps sur place est meilleur pour le moral et la motivation de l’étudiant », soutient Laurence Caro-Brunet.

Autant d’éléments de friction qui poussent le secteur et notamment les agences à favoriser les stages : « L’alternance n’était pas toujours bien vue dans le secteur de la publicité qui exige souvent une présence et une mobilisation continues. Les stages sont davantage privilégiés », confirme ainsi Olivier Altmann.

La plupart des entreprises privilégient donc les longues intégrations en entreprises, notamment les stages de fin d’études (de 6 mois) qui peuvent déboucher sur un recrutement, précise Océanne Lentin.

« Plus l’étudiant.e passe de temps en entreprise, plus il.elle apprend, plus il/elle devient responsable et owner de ses sujets. Ce qu’on recherche le plus, c’est de l’autonomie (mais aussi du fun) !, explique Sarah Coutin. L’objectif étant de les professionnaliser dès le début pour qu’ils puissent être embauchés à la fin de leur alternance. »

En revanche, si l’intégration tourne au vinaigre, il faut savoir en parler estime Olivier Altmann : « Je suis assez partisan des stages longs d’environ 6 mois qui permettent de donner toutes ses chances au candidat de bien s’intégrer. Mais il faut aussi savoir rapidement dire stop des deux côtés si l’immersion ne se passe pas bien, pour le candidat comme pour le futur employeur. »

Cher.e.s étudiant.e.s et futurs communicant.e.s, vous voici désormais informé.e.s pour choisir au mieux votre école.

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