Les confessions santé d’Apple : un spectacle à ne pas manquer

Par Vincent D. le 26/05/2023

Temps de lecture : 3 min

Marraine la bonne pharm se lâche.

« Bienvenue dans le capitalisme de surveillance ! », proclamait avec ironie la célèbre sociologue Shoshana Zuboff dans son livre sur l’exploitation des données personnelles par les géants privés. Le développement commercial de l’e-santé dépasse les enjeux purement sociétaux pour atteindre une dimension philosophique. Nos données sont maintenant présentes partout, ce qui accroît considérablement les risques de piratage. Ainsi, le fameux secret médical tant défendu jadis semble aujourd’hui perdre tout son sens avec le partage numérique. Une réalité à laquelle Apple est directement confronté en tant que membre éminent des GAFAM et victime de fuites de données. 

Dans sa récente campagne « Confidentialité sur iPhone », le géant se positionne en tant que défenseur de la protection de la confidentialité de nos informations médicales via son application Santé.

Suivi nutritionnel, du cycle du sommeil ou menstruel, de l’activité sexuelle, dossier médical, en d’autres termes, toutes les facettes de votre personne peuvent se retrouver sur cette application. Y compris vos petits secrets. La privatisation numérique conduit à une centralisation massive des informations de santé personnelles et aux dérives potentielles que cela peut engendrer. Car le domaine de l’e-sante, c’est avant tout un business croissant estimé en 2023 à 234,5 milliards de dollars selon le cabinet Frost & Sullivan

Apple n’est bien entendu pas la seule à s’y intéresser. En témoigne le rachat de la multinationale Nuance, un acteur majeur dans le domaine de la reconnaissance vocale et de l’IA, par Microsoft (Azure), ainsi que le lancement de son service « Cloud for Healthcare » en 2020. L’objectif reste le même : stocker, gérer et analyser de manière “sécurisée” toujours plus de données confidentielles. La mémoire collective se souvient de sa fuite de données qui a exposé 38 millions d’informations personnelles d’utilisateurs en 2021, de son très controversé “Health Data Hub”, sans compter les nombreuses failles de sécurité évitées de justesse

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La marque à la pomme n’est pas en reste non plus dans ce domaine… Si dans de nombreux pays, des lois comme le RGPD de l’Union Européenne ont été mises en place pour réguler la collecte et l’utilisation des données personnelles, des préoccupations subsistent toujours quant à une protection insuffisante des données. Des pratiques frauduleuses comme celles-ci peuvent se produire sans consentement approprié ni garanties de sécurité et de confidentialité. Prenons le cas du scandale de Doctolib qui, suite à une importante fuite de données en 2020, aurait partagé des informations sur les activités de ses utilisateurs -y compris les adresses IP, avec Facebook et la société de marketing en ligne Outbrain. 

Vous l’aurez compris, le développement de l’e-santé comporte d’importants risques pour la vie privée des citoyens. Apple en est conscient et se défend régulièrement et depuis un certain temps, notamment en ce qui concerne le tracking publicitaire, souvent avec une pointe d’humour noire. C’est le cas de ce nouveau spot où une voix-off préoccupante – interprétée par Jane Lynch (Glee, 40 ans, toujours puceau) énumère un à un les problèmes de santé de chaque patient dans une salle d’attente. Une satire de ce qui pourrait se produire si ces informations tombaient entre de mauvaises voix. 

Heureusement, selon Apple, l’application Santé présente sur ses iPhone, offre pour éviter cela un contrôle sur les applications et personnes avec lesquelles vous partagez ces données. Les clés de chiffrement sont également sécurisées dans des centres de données Apple, permettant, entre autres, l’effacement à distance en cas de vol ou de perte. Bien que le risque zéro n’existe pas, son discours engagé la positionne, bel et bien, comme un défenseur de la vie privée. Tantum quaeritur credere in

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