« C’est l’année du all-in, des parieurs et des marketeurs audacieux »

Par Xuoan D. le 23/11/2020

Temps de lecture : 5 min

N’acceptons pas trop vite de revenir au monde d’avant.

Alors que la France supporte son 2e confinement de l’année, la Réclame compte résister à la morosité ambiante avec sa nouvelle rubrique : L’Antécrise.

Dans cette série d’interviews, nous donnons la parole à des dirigeant(es) confiné(e)s d’agences, de marques, d’associations professionnelles, de régies, et d’adtech. Le but ? Impulser une énergie positive pendant cette période complexe. Nous nous interrogerons sur comment garder le moral à titre personnel, comment rassurer son équipe en tant que manager, et comment transmettre de l’optimisme à ses clients (tout en vendant quelques projets, cela va de soi). On le sait, au-delà de la dramatique crise sanitaire en cours, avoir confiance dans l’avenir, dépenser, investir… est clé pour traverser ces turbulences et limiter la casse économique.

Nous interviewons aujourd’hui Virgile Brodziak, directeur général de Wunderman Thompson Paris.
 

Comment gardez-vous le moral en ce moment ? Est-ce que cela vous arrive d’être découragé ?

Virgile Brodziak : Cela va ! Malgré tout ce qui nous entoure.

À titre personnel, j’ai quelques ressources de bonne humeur et d’optimisme, notamment grâce à mes filles de 3 et 5 ans. Elles me démontrent chaque jour la capacité des êtres humains à s’adapter à des conditions qui ne cessent de changer.

Professionnellement, je garde le moral en étant combatif. Il ne faut pas baisser les bras en se disant qu’on y arrivera pas ou que c’est trop grand pour soi. Sans être naïf, il faut sans cesse se projeter vers l’avant… ou plutôt l’après !
 

Arrivez-vous à rassurer votre équipe par rapport aux incertitudes du moment ?

V.B. : C’est le rôle d’un dirigeant d’accompagner les équipes en étant transparent sur la situation. Le monde des agences a subi de plein fouet la crise. Les collaborateurs se posent des questions sur la capacité des différents modèles d’agences à la traverser. Nous nous devons d’être rassurants et convaincants concernant notre propre solidité.

Wunderman Thompson a la chance d’être, en quelque sorte, le laboratoire de WPP sur le futur du marketing et de la communication. Nous allions data, digital et communication. Le fait que nous soyons positionnés entre le conseil et la créativité rassure nos collaborateurs, car tout le monde recherche actuellement cette 3e voie.

Concernant l’incertitude, une des personnes qui m’a beaucoup inspiré pendant la crise est Edgar Morin avec son tract de crise chez Gallimard : Un Festival d’incertitudes (à télécharger gratuitement). Plutôt que de chercher à tout planifier dans de telles circonstances, il faut activer une partie de notre cerveau qui nous permet d’embrasser l’inattendu. C’est-à-dire, être dans la capacité de rebond et d’innovation permanente.

Est-ce une drôle de fin d’année à préparer pour les marques ? Avec notamment un Black Friday décalé et un Noël incertain…

V.B. : C’est l’année du all-in, des parieurs et des marketeurs audacieux. Ce qu’il va se passer dans une semaine ou dans 15 jours personne ne peut le prédire. Y aura-t-il de nouvelles restrictions pour éviter une troisième vague ou au contraire un déconfinement partiel ? Les Français qui ont pu économiser vont-ils dépenser ou allons-nous connaître un Noël frugal ?

Donc oui, c’est une drôle de fin d’année pour les marques, mais certaines ont décidé d’aller de l’avant, de faire le pari de la supériorité de leur proposition pour renouer le contact avec les Français comme les films Smartbox qu’a produits l’agence et dont je suis très fier.

Ayons une approche métaphorique : face au tsunami de la crise économique, avez-vous plutôt envie de construire de belles digues, ou au contraire, de vous mettre au surf ?

V.B. : J’ai la grande chance de pouvoir faire les deux. La solidité du réseau Wunderman Thompson et de WPP, ainsi qu’un portefeuille de clients plutôt orienté sur des industries qui pour le moment ne subissent que partiellement la crise, nous permettent de rester sereins. Les digues existent. Mais il ne faut pas se mentir, le plus dur est à venir et notre économie entre dans une phase de récession. J’ai donc ressorti le DVD de Point Break pour réviser et m’imprégner de la grande spiritualité qui traverse le film !

Les crises sont des révélateurs. Plusieurs grandes entreprises sont nées de l’audace de fondateurs qui avaient une approche surf plutôt que digue. Notre étoile polaire c’est la créativité et face à ceux qui répliquent les méthodes d’hier pour se protéger de demain, nous explorons des voies alternatives pour que les marques que nous construisons fassent la différence.
 

La mise à disposition prochaine de vaccins contre le Covid-19 change-t-elle les perspectives de sortie de crise économique ? On imagine que cela permet aussi bien aux entreprises qu’aux individus de se projeter un peu plus…

V.B. : Les perspectives d’un vaccin massivement déployé durant l’année 2021 ont déjà démontré leur capacité à ramener de la confiance sur les marchés financiers. C’est évidemment indispensable pour certaines industries à l’arrêt, car sans cela, elles ne peuvent tout simplement pas reprendre. Ce vaccin va apporter une fantastique dose d’optimisme, la fin de la peur mais pas celle des incertitudes. J’aimerais surtout qu’un effort collectif et solidaire aussi fort que celui du début de crise naisse de la sortie de crise sanitaire. Je suis peut-être un idéaliste mais je reste convaincu qu’une occasion sans précédent de penser un « monde d’après » existe, n’acceptons pas trop vite de revenir au « monde d’avant ».
 

Vos trois valeurs pour affronter les prochains mois ?

V.B. : La première est inscrite dans l’ADN de Wunderman Thompson : « creative bravery ». Ce pouvoir de la créativité est notre plus grande force pour transformer les businesses sur lesquels nous opérons et dépasser la crise.

La deuxième c’est le collectif : comme le dit le proverbe, « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».

La troisième c’est l’intégrité : rester droit dans nos bottes, ne pas s’éloigner de nos convictions, malgré un monde qui tangue, est fondamental.

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