Quel avenir pour les créatifs sur les réseaux sociaux ?
Il y a quelques semaines, Meta a introduit la certification “made with AI”, afin de permettre de différencier les posts « faits-main » et ceux se servant de l’IA générative. Bien que cette nouveauté parte d’une bonne intention, celle-ci s’est déjà attirée les foudres de nombreux créateurs en identifiant mal certains posts ayant été créés de façon conventionnelle. Cette fois, c’est une nouvelle annonce, toujours sur le thème des IA, qui pousse les créateurs à se révolter.
À partir du 26 juin, Instagram (Meta) se servira de votre contenu pour entraîner son modèle d’IA. Une notification, reçue par tous les utilisateurs européens, annonce cette nouveauté à venir. Il semblerait que les utilisateurs américains n’aient pas été informés de ce changement, car les normes de confidentialité sont différentes de l’autre côté de l’océan (merci l’Union européenne), mais que cette mesure soit déjà en place, au vu de la politique de confidentialité de Meta.
Voilà ce qu’indique la page d’aide d’Instagram à ce sujet : “Nous utilisons également des informations partagées sur les produits et services Meta. Il peut s’agir de publications ou de photos avec leurs légendes. Nous n’utilisons pas le contenu de vos messages privés échangés avec vos ami·es et votre famille pour l’entraînement de nos modèles d’IA.”
En tant qu’utilisateurs européens (ou provenant du Royaume-Uni), nous avons un droit à l’objection, uniquement disponible dans certaines régions et pour les possesseurs d’un compte Facebook actif. Néanmoins, ce passage de page en page est difficile à naviguer, une difficulté que les créateurs ont pointée du doigt comme volontaire de la part de la compagnie américaine afin de perdre le moins d’utilisateurs possible dans ce programme. Serait-ce que ce que l’on appelle un dark pattern ?
Une autre information importante : ce droit à l’objection ne s’appliquera que sur les posts à venir. Les posts déjà partagés ne sont pas inclus dans ce droit à l’objection.
Sans surprise, les créatifs ne se laissent pas faire. Le post ci-dessus, partagé par une jeune artiste indépendante, est devenu la base de ce que de nombreux créateurs ont repartagé en story ou en post, dans un mouvement de rébellion contre la plateforme. Beaucoup d’entre eux ont décidé de déplacer leur activité sur Cara, un réseau social qui peut également servir de book en ligne.
Ce qui est bon à savoir sur Cara : créé par une artiste, Jingna Zhang, ce réseau social dispose d’une fonctionnalité qui protège les images qui sont partagées dessus des IA, empêchant (a priori) la récupération pour entrainer leurs modèles. Boddy Chiu, créateur de contenu, encourage ses confrères à poster d’abord leurs œuvres sur Cara avant de les exporter puis de les poster sur Instagram afin de les protéger des IA tout en ne perdant pas l’audience massive d’Instagram. À bon entendeur.
Selon toute vraisemblance, Instagram ne va pas réellement s’écrouler sous le coup de cette migration. En revanche, qui sait quand les plus de 2 milliards d’utilisateurs qui peuplent actuellement Instagram en auront finalement assez des incivilités de Meta ?