AXA France a toute sa place dans ce nouveau monde.
“Etre pionnier, c’est explorer dès aujourd’hui le monde de demain”, indiquait AXA France au moment de dévoiler l’achat d’un terrain virtuel sur la plateforme The Sandbox. Cyrille Magnetto, Vice-Président Innovation et Lead Metaverse et Web3 d’AXA, revient pour nous sur la manière dont l’assureur appréhende ce nouvel environnement.
Pourquoi avoir acheté un terrain virtuel sur The Sandbox ?
Cyrille Magnetto : Nous avons acheté en février 2022 un LAND sur la plateforme The Sandbox pour mettre l’entreprise dans une logique d’apprentissage vis-à-vis du métavers : quelles sont les technologies, pour quels usages, etc. Le but est que nous soyons prêts à en tirer parti s’il venait à se généraliser. The Sandbox nous a semblé être la plateforme la plus mature, et elle avait alors séduit de nombreuses autres marques.
Qu’avez-vous développé sur ce LAND ?
C.M. : La communauté web3 a un fort potentiel, et nous avons construit une expérience qui permet de travailler notre image auprès d’elle, tout en attirant des talents tech, en leur montrant que nous comprenons leurs attentes. Le but n’est pas encore de parler directement à nos clients. Nous avons pour cela adopté une approche fun et gamifiée, qui nous permet aussi d’embarquer les collaborateurs en interne. Ils ont pu créer des avatars et participer à des team meetings. Cela permet aux autres services de s’emparer du sujet et d’aborder différemment les problématiques marketing ou juridique que pose notre arrivée dans ces environnements. On a semé des graines, et on commence déjà à avoir en retour des suggestions de projets… Nous avons notamment organisé le before de la fête annuelle du département tech sur Gather, en réunissant plus de 1000 personnes, et beaucoup voudraient reproduire cette initiative.
Que pouvez-vous nous dire sur cette expérience ?
C.M. : Pour l’instant, elle n’est accessible qu’à l’interne. Elle est prête depuis cet été, mais c’était trop tard pour intégrer l’Alpha Season 3 de The Sandbox. Nous espérons participer à la prochaine, s’il y en a une ! Au sujet de l’expérience, nous avons essayé de diversifier le design et le gameplay, avec par exemple un musée sur l’histoire d’AXA qui expose des NFTs, un espace pédagogique sur les risques du Web3, afin de mettre en lumière notre ADN, ou encore un étage qui sert à éprouver les compétences des candidats. Tous ces éléments sont liés entre eux par une ligne directrice gamifiée qui pousse les visiteurs à découvrir l’ensemble du building. Nous avons imaginé cet espace comme une “oasis” AXA, au milieu d’un désert qui représente le far-west technologique. L’expérience doit durer une trentaine de minutes. Les joueurs vont être amenés à remplir 15 quêtes pour débloquer un NFT qui donnera accès à des avantages par la suite. Ils pourront par exemple répondre aux questions d’un PNJ sur notre histoire après la visite du musée, ou aider un collaborateur à construire son prototype avant de le présenter au sein de l’espace innovation. Chaque quête permet de mettre en avant les quatre valeurs d’AXA, qui sont : Courage, Intégrité, Customer First et OneAXA, l’esprit qui représente notre inclusivité. Peut-être qu’un jour on fera directement du business dans ces espaces, mais ce n’est pas pour tout de suite.
Comment ces initiatives sont-elles perçues en interne ?
C.M. : Nous n’avons pas eu de difficulté particulière à faire accepter le projet. En six ans au sein des équipes d’innovation, je dois même dire que j’ai rarement eu un sponsorship aussi poussé, puisque c’est la direction générale qui nous a encouragé à faire ces tests. Ce pari n’est pas si insensé, et les investissements ne sont pas déments. Nous avons beaucoup échangé avec nos équipes RSE, branding et juridique afin de savoir si ce que nous faisions pouvait mettre en danger la marque, ou quels processes nous allions devoir mettre en place pour gérer les assets numériques. Mais finalement, cela change peu nos process internes, notamment en matière de cybersécurité. Notre expérience nous permet d’enrichir notre vision des risques associés à ces nouveaux environnements. Par ailleurs, il faut aussi souligner l’appétence de nos agents sur le terrain pour ces innovations : l’un deux s’essaye par exemple à Gather Town, un environnement en 2D, afin d’être plus inclusif et de ne pas freiner les clients avec l’obligation de passer par un wallet ou la VR. Un autre travaille sur Horizon Workrooms sur des tableaux blancs collaboratifs…
Comment les récents événements qui secouent cet écosystème, de FTX à l’échec de Meta, ont fait évoluer votre vision sur le potentiel de ces innovations ?
C.M. : Nous ne sommes pas impliqués dans l’écosystème crypto et NFT en dehors de The Sandbox, même si nous regardons bien sûr ce qu’il se passe. Plus je m’y intéresse, et plus je vois le potentiel pour un assureur. Reste à savoir quand ces technologies seront plus largement adoptées… Les analystes de Gartner évoquaient la possibilité que 25 % des internautes passent au moins une heure dans le métavers chaque jour à l’horizon 2026. Maintenant, ils parlent d’un plateau de maturité atteint en 2030… Pour ma part, je préfère regarder ce qu’il se passe dès aujourd’hui, et je vois que les jeunes ont déjà adopté massivement les environnements gaming (qui sont une première incarnation de Metaverse). Un tiers des adolescents américains jouent à Roblox tous les jours ! Souvent, c’est le gaming qui démocratise les nouvelles technologies. Je pense que ces jeunes qui sont déjà “metaverse-ready” représentent nos clients de demain. Par ailleurs, il y a des usages intéressants dès aujourd’hui : l’une des difficultés du télétravail, c’est le manque de liens avec les équipes. Je pense que le métavers peut y contribuer. De même pour la formation, qui peut se faire de manière beaucoup plus immersive grâce à la réalité virtuelle et aux jumeaux numériques, notamment pour ce qui touche à l’évaluation des risques. Le métavers est un buzzword qui regroupe finalement des technologies plus anciennes, comme la VR et la blockchain, et qui aura je pense un intérêt de plus en plus poussé à l’avenir. Nous surveillons ces innovations depuis des années, mais au-delà de la technologie, il y a aussi des phénomènes sociaux liés au désir d’open innovation, d’open source et de décentralisation. Nous nous devons d’y aller afin de faire vivre la marque AXA dans ce nouveau monde.