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C’est une étape essentielle de la formation de tout futur communicant et professionnel du marketing. La rédaction de son curriculum vitae et plus particulièrement, la partie des expériences professionnelles, peut rapidement tourner au véritable casse-tête : Comment choisir ses stages ? Quelles expériences mettre en avant ? Comment faire lorsqu’on a pas ou très peu d’expérience ? Alexandra Amda, directrice des ressources humaines chez Adveris et référente emploi à l’AACC, Albane Delorme, consultante développement professionnel à l’Apec et David Aït-Ali, directeur général de l’agence Rébellion passent au crible l’ensemble de ces questions dans ce dossier étudiant 2021.
Bien choisir les stages que l’on va effectuer
Les cursus de communication / marketing proposent de nombreux stages ou alternances qui permettent aux étudiants de se professionnaliser, et donc, très souvent, de diversifier leurs expériences. Néanmoins est-ce toujours une bonne chose ? Le choix des stages est parfois cornélien. Pourtant c’est une étape essentielle pour un étudiant Ce sont ces expériences qui lui permettront de se constituer un CV convaincant pour sa sortie d’école et la recherche décisive d’un premier emploi.
– Diversifier les expériences
Pour Alexandra Amda (Adveris), il faut diversifier les expériences afin d’avoir une “large palette de compétences ». Toujours faire un stage dans le même secteur peut amener l’étudiant à ne connaître qu’un seul type d’outils par exemple, et lui faire manquer de nouvelles expériences enrichissantes. Diversifier ses expériences peut à l’inverse lui faire “découvrir de nombreux logiciels », et lui permet “d’être adaptable et de mieux se connaître”.
Un avis partagé par Albane Delorme de l’Apec qui ajoute néanmoins que si cette diversification est importante les premières années, “il faut être au clair sur son orientation” au moment de son dernier stage (ou alternance) qu’on appelle “de fin d’études”. C’est souvent le plus long, mais surtout, le plus enrichissant. Il faut donc le choisir avec soin.
“Personnellement, j’aime quand il y a des choses à gratter, des aspérités à voir dans un CV.” ajoute David Aït-Ali (Rébellion). Néanmoins, attention à la diversification, comme un peu tout dans la vie “il faut savoir rester mesuré. Un CV où vous avez changé de filière 5 fois alors que vous avez 3 ans d’expérience, cela peut faire dire à un recruteur que vous avez du mal à persévérer ou que vous vous cherchez encore”. La diversité dans un CV peut aussi venir d’autres d’expériences, et pas uniquement professionnelles. “Après si vos loisirs ne sont pas plus précis que voyage, littérature et cinéma, en effet, il préférable de se concentrer sur le pro” ajoute-t-il.
– Se spécialiser ?
La spécialisation est un risque qui a néanmoins le mérite d’exister et de potentiellement payer. On peut focaliser ses stages autour d’une spécialité afin de faire ce qu’on appelle s’hyper-spécialiser dans un domaine précis, lorsqu’on est sûr de soi.
Contrairement à la pensée commune qui voudrait qu’un recruteur cherchera toujours des étudiants avec une certaine polyvalence, “il peut arriver qu’on ait des recruteurs qui demandent des compétences précises spécifiques” nous explique Albane Delorme. “La polyvalence n’est pas toujours le plus important, surtout en communication où l’on a un niveau assez élevé de nombre de réponses pour une offre”. Dans ce “beaucoup” de choix “les étudiants sont souvent choisis en fonction des compétences”.
– Expliquer ses choix
Le point le plus important dans le choix de ses expériences selon Alexandra Amda, c’est qu’il faut absolument être capable de les justifier, en prévision d’un entretien par exemple. Que ses expériences soient diversifiées ou très spécialisées, tout doit être explicable. “Il n’y a rien de mieux qu’un étudiant capable d’expliquer ses choix lors d’un entretien”, nous dit-elle. C’est de cette manière que l’on peut garder une certaine cohérence, pour ne pas donner au recruteur “l’impression qu’on prend la première opportunité qui nous passe sous la main”.
Quelles expériences mettre sur son CV ?
Quelles sont les expériences que les professionnels conseilleraient à un étudiant de mettre en avant dans son curriculum vitae ? En effet, on peut se demander s’il est vraiment nécessaire de toutes les citer, entre les stages de troisième, les jobs étudiants et les différents stages et alternances, que choisir ?
– Trier ses expériences
Pour le choix des expériences à mettre en avant, l’avis est unanime : pour nos trois interrogés, il faut faire le tri !
“On reçoit des centaines voire des milliers de CV pour un poste, et dans une agence à taille humaine la première lecture est obligatoirement rapide. Il faut absolument mettre en avant ce qui intéresse le recruteur et gagner en lisibilité. Le jeu n’est pas de remplir la page le plus possible. Si vous avez un Bac+ 5, on ne veut pas savoir dans quel lycée ni la mention, même si vos parents sont très fiers de vous. Un CV n’est pas un début d’autobiographie, c’est un outil pour montrer aux recruteurs vos compétences” explique David Aït-Ali.
– Les jobs étudiants
Néanmoins dans certains cas, les jobs étudiants peuvent apporter quelque chose en plus à votre CV ajoutent Alexandra Amda (Adveris) et Albane Delorme (Apec). En effet, lorsqu’on est en début d’étude, les jobs étudiants peuvent être un complément pour consolider le CV et démontrer savoir-être et savoir-faire. “Maintenant, si on a fait serveur pendant 4 ans, rien ne sert d’écrire une ligne à chaque fois, il faut l’indiquer brièvement” précise Albane Delorme. Cela démontre parfois la recherche d’autonomie, la débrouillardise, la relation client, ou encore la connaissance du monde du travail, etc.
– Adapter son expérience à l’offre
Que ce soit un stage, une alternance ou un job d’été, l’important est que ce choix soit adapté à l’offre du stage, rappelle Albane Delorme. “Tout est utile si on sait le tourner sur les attendus du poste.” Il faut donc “mettre en avant le détail ce qui nous sert vraiment en fonction du poste, et non pas ce qu’on a fait le plus pendant ce job”. Encore une fois, ce choix doit être “réfléchi et explicable” lors d’un entretien, ajoute Alexandra Amda.
Rédiger ses expériences
Une fois qu’on a choisi quelles expériences mettre en avant, la rédaction de celles-ci est le moment le plus important. Quelles sont les informations essentielles à présenter ?
– Deux mots d’ordres : clarté et précision
Il est important d’être clair et précis, un CV doit être lu rapidement et le recruteur doit avoir tous les points essentiels en tête. Chaque élément doit donc être réfléchi et pertinent.
Pourtant “être synthétique tout en étant pertinent est le plus difficile” selon Alexandra Amda, alors voici quelques conseils. “Pas de CV sur 3 pages”, il faut dire assez sans se perdre. Par exemple : dire qu’on a été CM et qu’on a géré des réseaux sociaux est bien trop synthétique, il faut “donner ses responsabilités”, “pas ce qu’on a vu mais ce qu’on a fait nous-même”.
Albane Delorme ajoute que “ce qui manque assez souvent, ce sont des exemples de réalisations. On a souvent des tâches génériques, comme rédaction de newsletter ou refonte de site, etc. C’est trop générique.” Il faut donc absolument indiquer des exemples précis de réalisations : “pour l’exemple de la newsletter, on peut y ajouter la périodicité, le type de public…” ; “Pour l’organisation d’un événement, il faut donner des exemples précis d’évènement, combien de personnes, quel type, quel budget. Des éléments complémentaires qui précisent ce que vous avez réellement fait et ce qui vous départage.”
– Savoir-être
Pour ce qui est des savoir-être, ces fameux soft skills, il doivent eux-aussi entrer dans la précision et la rédaction indique Albane Delorme. Exemple : “vous avez géré 3 projets de façon simultanée, cela donne des éléments techniques, mais cela sous-entend aussi une certaine organisation et rigueur.”
Néanmoins, pour David Aït-Ali (agence Rébellion)“ne nous mentons pas, ce que l’on recherche en priorité c’est de savoir si vous avez déjà fait ce qu’on va vous demander, soulignez ces parties-là et faites-les ressortir avec 2-3 compétences clés en bullet points.”
Se différencier avec un CV original ?
Maintenant que vous savez quelles expériences promouvoir, et de quelle manière les formuler, comment pouvez-vous retenir l’attention d’un recruteur ? On voit ces derniers temps de nombreux CV originaux, notamment sur LinkedIn avec les fameux CV aux gabarits reprenant l’apparence de Spotify, de l’Équipe et autres. Mais l’originalité est-elle vraiment au service de votre recrutement, ou peut-elle être contre-productive ?
– L’originalité OK, mais pas forcément
Pour David Aït-Ali, “il faut de la clarté, mais surtout, il faut que je me dise – ah tiens, il me le présente à sa façon ». L’originalité est donc importante si elle vous correspond et qu’elle est le témoin de votre créativité. “Si vous envoyez un CV chez Rébellion, vous êtes dans une agence créative, donc si vous ne savez pas quel message passer en priorité, que vous n’arrivez pas à dire si votre document a de la gueule ou si rien n’est original, c’est un peu dommage” ajoute-t-il.
Pour Alexandra Amda et Albane Delorme, la créativité demandée pour certains postes comme pour de la direction artistique peut aussi être illustrée grâce à l’originalité du CV. Attention néanmoins à ne pas reproduire du déjà-vu qui aurait déjà bien circulé sur les réseaux sociaux. À l’inverse, “certains postes ne le demandent pas du tout, un journaliste web par exemple doit montrer qu’il sait bien rédiger, rien ne sert d’être original.”
– Le contenu avant tout !
Se différencier avec un CV original pourquoi pas, mais c’est un pari risqué. Souvent, la forme n’est pas au service du fond et les CV les plus classiques sont en fait les plus réussis. “À partir du moment où on ne sacrifie pas la forme sur le fond, l’originalité peut être bien, mais chacun doit être à l’aise avec son CV, le CV est un outil de communication qui ne doit pas systématiquement répondre à des normes visuelles si elles ne vous correspondent pas” explique Albane Delorme. Il existe d’autres moyens de se différencier pas le fond. La consultante développement professionnel de l’Apec explique par exemple qu’un CV qui répond à ce qu’on attend de lui (comme expliqué dans la section précédente) avec des réalisations concrètes et des détails d’expériences est bien mieux qu’un CV original mais “vide”. Il existe d’autres moyens de montrer sa personnalité avec “vos centres d’intérêts détaillés, et pas juste je fais du sport, j’aime lire.”
Même chose pour Alexandra Amda (Adveris) qui indique diverses erreurs à éviter pour obtenir un CV qui interpelle. Premièrement, “les expériences doivent être dans l’ordre chronologique et s’il y a un trou, il faut l’expliquer en une ligne”. On doit voir apparaître directement “le poste et la date qui vous intéresse”. Il faut mettre en avant “les logiciels que l’on sait utiliser, son niveau de langue et le détailler” (exemple Anglais B2 certification Cambridge). Enfin, ne jamais mettre de curseur comme des camemberts. “Ce ne sont pas des créatifs qui lisent vos CV mais des RH”, rien ne sert d’être trop créatif, pensez à l’UX et soyez concis, ajoute-t-elle.
“Il y a des CV qui ne sont qu’un bloc de texte et qui sont super parce qu’ils sont bien écrits” nous confie lui aussi David Aït-Ali (Rébellion). “Je rêve un jour de recevoir un CV en une phrase qui me donne envie de rencontrer la personne pour voir ce dont elle est capable. Bon, je sens que je vais recevoir un paquet de CV en une phrase-là…”
Alexandra Amda conclut en nous rappelant que les CV sont encore bien trop axés sur le papier. Il est important, voire même préférable, de “mettre son CV sur LinkedIn ou sur d’autres plateformes”.
Comment faire lorsqu’on a pas ou très peu d’expérience ?
En tant qu’étudiant en première année, ou lorsque le Covid nous a malheureusement empêché de faire certains stages (ou d’y apprendre quelque chose), il est très difficile de se constituer un CV fort. Alors nous avons posé la question qui fâche : comment présenter un CV persuasif, même lorsqu’on a peu ou pas du tout d’expériences professionnelles ?
– L’école
Alexandra Amda (Adveris) l’admet, “c’est compliqué”. Elle conseille donc de mettre en avant les projets d’écoles ou les projets associatifs lorsque l’on a aucune expérience professionnelle, et même pas un emploi estival à préciser.
On peut par exemple “entrer dans le détail de sa formation ou d’un projet d’école qui sera témoin de nos compétences.” On peut aussi préparer un “portfolio en parallèle avec lien dans son CV afin de montrer visuellement ce que l’on est capable de faire”.
– L’extrascolaire
Albane Delorme (Apec) penche quant à elle pour l’extrascolaire. “La pratique de sport et l’utilisation des réseaux sociaux (même à titre personnel) peut par exemple être mise en avant”, il ne faut pas hésiter “à faire valoir ses centres d’intérêt”. On peut aussi “privilégier les niveaux de langue si c’est un atout, ses expériences de scolarité, voire même les voyages avec ses parents, l’organisation de soirées ou de voyages entre amis, son adaptabilité face à la crise. Même les choses banales peuvent être des choses à dire, il y a toujours quelque chose à en tirer.” Finalement, elle conseille de mettre en avant tout ce qui peut vous “valoriser et faire comprendre qui vous êtes, même les choses parfois évidentes”, sans survaloriser bien sûr.
Cher.e.s étudiant.e.s et futurs communicant.e.s, vous voici désormais informé.e.s pour créer le meilleur curriculum vitae possible en fonction de votre parcours. Un CV, qui nous n’en doutons pas, vous permettra de convaincre en postulant aux offres de stages et d’alternances présentes sur la Réclame Emploi !