Patrice Bégay de Bpifrance est l’Antécrise de la semaine.
Alors que la France navigue entre couvre-feu et confinement partiel le week-end, et que 5,63% des Français ont reçu au moins une dose de vaccin contre la Covid-19, la Réclame entend combattre la morosité ambiante avec sa rubrique : L’Antécrise.
Dans cette série d’interviews, nous donnons la parole à des dirigeant(es) couvre-feuté(e)s d’agences, de marques, d’associations professionnelles, de régies, et d’adtech. Le but ? Impulser une énergie positive pendant cette période complexe. Nous nous interrogerons sur comment garder le moral à titre personnel, comment rassurer son équipe en tant que manager, et comment transmettre de l’optimisme à ses clients (tout en vendant quelques projets, cela va de soi). On le sait, au-delà de la dramatique crise sanitaire en cours, avoir confiance dans l’avenir, dépenser, investir… est clé pour traverser ces turbulences et limiter la casse économique.
Ce lundi, nous interrogeons Patrice Bégay, directeur exécutif et directeur de la communication de Bpifrance.
Nous n’avons jamais été aussi proches d’une sortie de crise avec le déploiement du vaccin, pourtant plusieurs semaines après l’instauration d’un couvre-feu les Français n’ont pas d’horizon, la crise dure, tout comme le marasme ambiant. N’est-ce pas déroutant au bout d’un an de pandémie ?
Patrice Bégay : Vous savez, nous avons beaucoup de chance d’être Français, de vivre en France. Des mesures exceptionnelles ont été mises en place pour faire face à la baisse d’activités des entreprises. Ainsi, l’ensemble des réseaux professionnels des banques membres de la Fédération Bancaire Française et Bpifrance ont mis en œuvre un dispositif inédit permettant à l’État de garantir 300 milliards d’euros de prêts — le Prêt Garanti par l’État — pour renflouer la trésorerie des entreprises françaises.
Ce dispositif, à date, a permis d’accompagner près de 655 000 entreprises pour un montant de 133 milliards d’euros. Le plan de relance, lancé en septembre dernier, le chômage partiel et les aides des régions, sont autant de moyens pour aider les entrepreneurs à faire face à la pandémie.
Malgré les difficultés, les entrepreneurs ne baissent pas les bras et leur moral reste bon (étude Bpifrance Le Lab « Résister et se relever, les dirigeants de PME-ETI à l’épreuve de la crise » de décembre 2020). À l’été, 79 % d’entre eux déclaraient s’être appuyés sur leurs collaborateurs pour traverser la crise de la Covid-19. Un esprit collectif qui s’est renforcé au fil des mois et des divers rebondissements que la France et le monde ont rencontrés. Pendant le second confinement de novembre, l’étude révèle que 90 % des dirigeants affirmaient que leurs collaborateurs les aidaient à traverser cette crise et que leur soutien serait encore plus décisif à l’avenir.
Cette crise a révélé la vraie fraternité. La solidarité a aussi été très forte entre les chefs d’entreprise et tous ceux qui font revivre la France. Nous sortirons vainqueurs de cette crise, mais nous n’y arriverons que si nous sommes tous unis et solidaires, jamais solitaires.
Quels conseils donnez-vous aux entreprises actuellement ?
P.B. : Rêvez, osez, entreprenez ! C’est le moment d’innover. Bpifrance vous accompagne dans vos projets. Une crise c’est une opportunité de se transformer. Quand on est entrepreneur, il n’y a pas de temps à perdre, seulement du temps pour consolider, adapter et transformer son projet.
Les entrepreneurs sont comme les capitaines d’un navire et c’est à eux, de prendre la bonne direction en indiquant le cap à suivre. Néanmoins, nous souhaitons leur rappeler que même s’ils sont parfois seuls à la tête de leur entreprise, ils ne sont jamais vraiment seuls, car il y a tout un équipage derrière eux. C’est important de savoir s’entourer et de toujours accepter l’aide de son entourage : « Ne jamais céder quand on peut s’aider ».
Cet état d’esprit de solidarité, d’entraide nous le retrouvons également dans notre toute dernière campagne. « Ensemble, un possible sera toujours Français ». À travers ce message d’optimisme et de patriotisme économique, nous souhaitons dire aux entrepreneurs que ce qui nous caractérise finalement tous, c’est le fait de toujours aller de l’avant sans jamais rien lâcher.
À travers ce message, qui reprend la maxime connue et aimée de tous, « Impossible n’est pas français » pour la réinstaller de manière positive, nous crions haut et fort que c’est ensemble que l’on vaincra, comme je me répète à le dire.
Pour reprendre la signature de Bpifrance, comment « servir l’avenir » aujourd’hui ?
P.B. : Aujourd’hui, plus que jamais, notre « Servir l’avenir » prend tout son sens. En effet, cette crise nous a fait comprendre beaucoup de choses, notamment que nous ne pouvions pas penser à demain sans réfléchir aux conséquences de nos actes d’aujourd’hui. Dans le monde d’hier, nous avions perdu certaines valeurs et l’humain n’était plus au centre de nos actions.
Cette pandémie nous a réveillés. Dame Nature nous a rappelé l’importance et l’obligation de préserver la planète. Pour servir l’avenir, la transition écologique et énergétique doit être le sujet prioritaire pour toutes les entreprises. Nous devons tous réfléchir et agir pour que nos actions soient plus vertes, et cela commence par la relance, qui elle aussi doit être verte. Il faut profiter de la relance pour développer ou accélérer toutes nos actions en faveur du climat. Il n’y a pas de petits gestes, et toutes les entreprises peuvent mettre leur pierre à l’édifice.
Servir l’avenir, c’est aussi soutenir les secteurs d’aujourd’hui et de demain. L’industrie, avec la French Fab, les énergies culturelles et créatrices avec la French Touch… Toutes ces communautés, portées par Bpifrance, sont des communautés qui représentent la richesse entrepreneuriale française et qui méritent d’être connues et soutenues.
Servir l’avenir c’est finalement préparer demain, tous ensemble avec proximité, simplicité, volonté et optimisme.
Hormis les géants du numérique, quelles sont les marques qui peuvent croître en ce moment ?
P.B. : Toutes. Il n’y a pas de règle pour grandir, pour évoluer, pour se transformer. Chaque entreprise, à son échelle, peut se développer, accélérer.
La communication a-t-elle un rôle à jouer face à la crise sanitaire ?
P.B. : Évidemment, elle est même primordiale. C’est une erreur de penser qu’il faut arrêter de communiquer en temps de crise. C’est justement parce qu’il y a une crise qu’il faut communiquer. On l’a bien vu, notamment avec toute la communication qui a été développée autour de la crise sanitaire et les gestes barrières, la crise économique et le PGE… Communiquer c’est faire savoir, c’est expliquer, c’est donner des réponses. Et c’est tout ce dont nous avons besoin lors d’une crise.
Les marques doivent, elles aussi, continuer à communiquer. C’est essentiel pour maintenir le lien avec leurs clients. En tant que communicants, nous avons un vrai rôle de modèle à jouer. Nous avons les outils pour faire passer des messages et nous devons nous en servir pour faire passer les bons messages. La communication est un formidable outil, un démultiplicateur de messages.
Alors oui, communiquons !
Vous êtes un fervent supporter de l’événementiel, « une excellence à la Française », comme vous l’aviez évoqué dans notre émission Les enjeux. Quel message souhaitez-vous communiquer à cette filière aujourd’hui majoritairement à l’arrêt ?
P.B. : Continuez d’oser, de vous transformer. L’événementiel, c’est vivre une expérience unique, c’est partager, c’est échanger. Certes, le digital a permis de sauver l’événementiel en digitalisant les événements, mais cela ne remplacera jamais l’humain. L’événementiel aura toujours un rôle social et sociétal majeur.
Chez Bpifrance en 2020, nous n’avons annulé aucun événement. Nous les avons repensés et nous les avons transformés. Avec le phygital, une combinaison qui permet de démultiplier les cibles et de toucher beaucoup plus de monde. Ainsi, le Big Tour, grande tournée de la relance, a touché plus de 19 millions de personnes l’été dernier.
Bpifrance Inno Génération, qui accueille plus de 50 000 personnes chaque année, s’est transformé en 2020 pour devenir le plus grand plateau télévisé d’Europe, avec une audience atteinte de plus de 19 millions de personnes. Alors ensemble, un possible sera toujours français.
Vos trois valeurs pour affronter les prochains mois ?
P.B. : Les quatre valeurs de Bpifrance : proximité, simplicité, volonté et optimisme.
Et toujours aller de l’avant pour conquérir le monde.