La seule communautés de haters recommandée.
Si l’avènement du tourisme de masse, porté par la généralisation des congés payés et l’augmentation du pouvoir d’achat, a permis à de nombreuses personnes de découvrir les joies d’exotiques contrées, de croisières à prix cassés, de nouvelles cultures et modes de vie, il a aussi fragilisé l’environnement et l’écosystème de nombreux lieux à travers le monde. Un phénomène accentué par les réseaux sociaux comme Instagram où il est de bon ton, dès que l’on part en vadrouille, dans son quartier ou à l’autre bout du monde, de publier des photos – géolocalisées – de ses pérégrinations pour allécher ses abonnés.
Certains endroits sont ainsi devenus des lieux touristiques très recherchés après avoir été tagués ou dévoilés par quelques influenceurs de la plateforme : de la rue Crémieux à Paris, en passant par la célèbre baie du film La Plage de Danny Boyle en Thailande ou les sources de l’Huveaune dans le Var et Split et Dubrovnik en Croatie ou à peu près toutes les villes ayant accueilli le tournage de Game of Thrones. On se rappelle également de ce fameux champ de coquelicot en plein “bloom” (floraison) dans le parc national de Lake Elsinor en Californie saccagé par des hordes de touristes et instagrammeurs en herbe désireux de reproduire les clichés précédemment diffusés.
De 25 millions en 1950, le nombre de voyageurs va passer à 1,5 milliard en 2023 selon l’Organisation Mondiale du Tourisme. Soit 60 fois plus qu’il y a 70 ans. Une augmentation qui risque d’avoir de lourdes conséquences sur des sanctuaires naturels et les espèces qui les peuplent.
Pour préserver du tourisme les lieux naturels fragiles, et encore préservés de la présence des Hommes, TBWA\Paris et les guides TAO partent en campagne de communication virale avec Détester pour protéger, ou Hate to protect, avec pour objectif de les rendre indésirables.
Comment ? Partant du principe que 84% font plus confiance aux avis sur Internet qu’à leurs amis, les premiers guides de voyages français engagés dans le tourisme durable ont décidé de “hacker” cette recommandation en ligne.
“Au moment de choisir une destination, la plupart des voyageurs se réfèrent aux avis sur Internet. Pour dissuader les touristes de se rendre dans ces lieux à préserver, nous avons trollé leur réputation sur Internet, en postant des commentaires négatifs sur les sites d’avis les plus populaires”, explique ainsi les Guides TAO. Ces lieux ont été sélectionnés aussi bien pour leur nature à protéger que leur environnement vierges de toute activité économique afin de ne pénaliser aucun commerce ou emploi. Evidemment, pour ne pas compromettre l’efficacité de l’opération, les lieux en question ne sont pas révélés.
L’opération vise également à proposer une alternative viable en redirigeant les voyageurs vers des destinations et des adresses durables respectant la charte des Guides Tao et adaptées à leur venue, souligne le communiqué.
Pour amplifier la campagne, les Guides TAO se sont dotés d’une plateforme HateToProtect.com afin de constituer une “communauté de haters” : les internautes peuvent y faire un “don d’avis négatif” ou proposer des lieux fragiles qui doivent être protégés.
En 2019, l’agence Havas Paris pour l’ONG WWF avait créé une géolocalisation unique sur Instagram pour préserver les sites naturels français.