La prohibition donne de jolis packagings.
Un doux vent de révolte souffle dans le quartier Paul Bert près de Charonne (11e arrondissement), à Paris. Mais surtout un élan de solidarité entre commerçants : contraints de baisser le rideau, les commerces non essentiels subissent durement la crise sanitaire. Pour les aider en attendant une réouverture prochaine annoncée mardi soir par le président de la République, les commerces essentiels du Village Faidherbe se sont mobilisés.
Comme au moment du débat sur le caractère essentiel ou non des librairies, l’Association des Commerçants du Village Faidherbe se demande « en quoi 200g de saucisson seraient plus essentiels que 200g de Molière ? ». Les bases de l’opération « Les essentiels du Village Faidherbe » orchestrée par l’agence Rosapark était ainsi posées.
« C’est l’essentialité de tous nos petits commerces qui est mise en lumière par cette opération, estime Jean-François Le Goff, commerçant du village Faidherbe (Ham’s Maison de Jambons). Le village Faidherbe ne serait pas le même sans tous ses petits commerçants. Et ce n’est pas parce que les plus touchés par la crise vont ré-ouvrir la semaine prochaine que la bataille est gagnée pour eux, loin de là ! »
Ce mercredi 25 novembre, les commerces essentiels du quartier vont donc mettre en vente de manière déguisée des produits non essentiels ordinairement vendus par les commerçants non essentiels. Une série de packagings originaux aussi bien pensée que soigneusement développée cachera ces produits « illicites » : « La boulangerie proposera sous forme de “Galette”, les vinyles du disquaire d’à côté. Le caviste présentera dans sa vitrine des “Diges’tif”, cachant en réalité du shampoing vendu habituellement chez le coiffeur d’en face. Ou ce seront encore des collants noirs sous l’appellation “PataNegra” que mettra en vente l’épicerie fine », et ainsi de suite précise l’agence Rosapark. L’argent récolté lors de la vente sera entièrement reversé à l’Association des Commerçants du Village Faidherbe.
« C’est en voyant nos commerces de quartier menacés de disparaître que nous nous sommes rendu compte à quel point ils incarnent notre vision du monde de demain, explique le co-fondateur de Rosapark, Jean-François Sacco. Un monde à taille humaine, fait de contacts authentiques, où l’on peut acheter des produits de qualité, des produits locaux, le tout dans des conditions de travail valorisantes. Il était donc essentiel pour nous de nous battre pour ces commerçants. »
Une belle initiative, maline, solidaire, même si « symbolique avant tout » et parfaitement exécutée.