Même la pub se mêle à la lutte contre le réchauffement climatique.
Sans que nous n’ayons rien demandé, nos boîtes aux lettres se retrouvent parfois remplies – voire débordantes – de prospectus, tracts et autres publicités gratuites en tous genres. Les Français aimeraient moins de prospectus dans leurs boîtes aux lettres, et cela se comprend. En plus de ne pas être tant sollicitées, ces publicités en masse polluent énormément. En 2019, selon un communiqué du ministère de la Transition Écologique, plus de 894 000 tonnes d’imprimés publicitaires – non adressés – ont été distribués. Une part non négligeable a dûe être jetée, sans même avoir été lue. Même si la quantité de ces papiers a pu baisser depuis 2010, elles restent toutefois nettement élevées. On comptait près de 800 000 tonnes en France en 2015 (environ 12 kg par habitant sur une année, soit 30 kg par foyer). Les imprimés publicitaires représentent les plus grosses quantités (89%). S’ensuivent ensuite les catalogues commerciaux (5%), la presse des collectivités (4%) et les journaux gratuits d’annonces (2%).
À une époque où il est légitime de se demander si la publicité peut être climato-compatible, le ministère de la Transition Écologique a annoncé ce mardi 3 mai dans un communiqué lancer un dispositif – issu de la loi Climat et Résilience 2021 – prévoyant d’interdire tous prospectus remis par défaut. Loi qui, pour rappel, porte sur la lutte contre le dérèglement climatique. Cette mesure figurait donc parmi les trois dispositifs pour une “publicité plus responsable”. Le principe est simple : seules les boîtes aux lettres munies d’un « Oui Pub » se verront en recevoir.
D’abord testée dans 15 collectivités, cette mesure restrictive sera effective dans 13 communes et communautés de communes dès le 1er septembre 2022, et va s’étendre sur une période de trois ans. Y participent notamment Grenoble-Alpes Métropole, Bordeaux, la Métropole du Grand Nancy ou encore Agen. Les deux dernières (Troyes Champagne Métropole et Dunkerque Grand Littoral) vont rejoindre l’expérimentation le 1er février 2023. Depuis le 1er mai, des autocollants ont été mis à disposition dans les régions concernées.
La publicité, souvent pointée du doigt pour son caractère incitatif à la consommation de masse, a également son rôle à jouer dans la transition écologique. Que ce soit en misant sur l’information, en interpellant les politiques ou en suscitant les prises de conscience. En 2020, 65 % des Français se disaient favorables à l’interdiction des publicités pour les marques contribuant au changement climatique*. Greenpeace se mobilisait à cette même période pour une loi Evin Climat, dans le but d’interdire la publicité des industries fossiles. Par ailleurs, au moment des présidentielles de 2022, L’ONG nous propulsait en 2042 (20 ans plus tard) en compagnie des candidats et autres personnages médiatiques, mesurant les conséquences de leur inaction face à ce sujet majeur.
Cette interdiction des prospectus sans consentement préalable était une requête de longue date du RAP (Résistance à l’Agression Publicitaire), comme Khaled Gaiji, son président, l’exposait dans notre émission Les enjeux – la Réclame lors d’un débat avec Luc Wise (The Good Company).
Les critiques se demandent pourquoi une expérimentation a besoin d’être mise en place sur autant de temps et aussi peu de communes. L’urgence climatique nécessiterait une mesure bien plus rapide. L’impact social sur un secteur déjà fragilisé est le plus souvent mis en avant.
*selon un sondage BVA pour Greenpeace France