À l’occasion de la journée sans internes vendredi 28 avril, l’intersyndicale nationale des internes et Ogilvy Paris ont réécrit le serment d’Hippocrate pour dénoncer la situation critique à l’hôpital. Une campagne coup de poing pour alerter l’opinion : HIPPOCRATE 2023

“Je prendrai soin des 20 millions de personnes qui viennent chaque année au service des urgences, en dépit du dépassement du cadre légal des 48 heures par semaine de 70% des internes.”

Face à un seuil critique de difficultés rencontrées par les internes en médecine, l’InterSyndicale nationale des internes (ISNI) attire l’attention du public sur leur détresse psychologique. Il dénonce une dégradation des conditions de travail des internes et appelle à une revalorisation de leurs salaires. Un nouveau serment d’Hippocrate version 2023 voit ainsi le jour pour mettre en lumière le cauchemar quotidien des internes sur le terrain.

“Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, malgré les symptômes dépressifs et les idées suicidaires accablant 98% des soignants.”

Des internes en précarité extrême dénonçant le mépris de leur profession et la dégradation de leurs conditions de travail. 

75% des internes en médecine vivent dans un état de stress et de précarité constant, ce qui se traduit par des symptômes dépressifs et des idées suicidaires chez 98% des jeunes soignants. Leur temps de travail dépasse souvent le maximum légal autorisé, parfois de plus de 100 heures par semaine, ce qui entraîne une fatigue importante et une détérioration de la sécurité des patients. Pour rappel, les internes représentent jusqu’à 40% des effectifs médicaux hospitaliers et signent jusqu’à 70% des prescriptions à l’hôpital, mais leur profession et leurs conditions de travail ne sont pas reconnues à leur juste valeur.

Hippocrate 2023 : la nouvelle campagne d’alerte lancée par l’ISNI. 

À l’occasion de la journée sans internes, le syndicat lance une campagne de sensibilisation coup de poing. Pour faire entendre leur voix et sensibiliser le plus grand nombre à la cause, le syndicat réécrit le serment d’Hippocrate à l’aune des conditions de travail actuelles des soignants. Elle les invite à prêter ou reprêter serment sur cette édifiante mise à jour de l’un des textes fondateurs de la déontologie médicale, resté inchangé depuis 6 siècles. Derrière #Hippocrate2023, c’est toute une profession qui se révolte contre le manque de moyens financiers et les risques psychosociaux les enfermant dans une grande détresse.

Chaque article est modifié pour exprimer la réalité et la souffrance des internes. Stress, précarité, charge mentale, encombrements des urgences, abandon de la médecine généraliste ou encore fermeture de laboratoires et de maternité sont évoqués en filigrane. En adoptant ce nouveau texte comme serment et avec l’hashtag #Hippocrate2023, ils montrent l’alarmante réalité à laquelle ils font face.

« Nous avons fait le choix de détourner le serment d’Hippocrate, texte fondateur et universel dans lequel chaque médecin souhaite se retrouver. Symbole de l’engagement de la profession, il est associé à un moment heureux puisqu’il est l’aboutissement de longues et difficiles années d’études. Avec cette campagne nous voulons montrer la réalité que nous vivons tous les jours, bien loin des piliers du texte fondateur qui nous unit » déclare Guillaume Bailly, premier vice-président de l’InterSyndicale Nationale des Internes (ISNI).

Cette campagne s’inscrit alors même que plusieurs projets de loi sont en cours et pourraient durcir leurs conditions d’exercice. 

L’ISNI appelle les 30 000 internes en médecine et en pharmacie de France ainsi que l’opinion publique à relayer la campagne pour faire entendre leur voix. Elle attend du gouvernement d’entendre l’épuisement et la colère des internes et des jeunes médecins.