100% incognito.
Vous ne le saviez peut-être pas mais la navigation privée de Google Chrome ne vous rendait pas aussi incognito qu’espéré. Certains scripts (API FileSystem) permettent ainsi de débusquer ce mode de navigation, ils sont notamment utilisés par les médias en ligne qui ne souhaitent pas voir les internautes contourner leur paywall, du New York Times en passant par Les Echos, La Croix ou Libération. Ces derniers offrent l’accès à un certain nombre d’articles avant de proposer un abonnement aux lecteurs. Quelques petits futés contournaient donc ce blocage en passant par la navigation privée pour remettre les compteurs à zéro. Les éditeurs avaient trouvé la parade en bannissant le mode incognito de leur plateforme. Mais ça, c’était avant Google Chrome 76, la future version du navigateur attendue pour le 30 juillet prochain.
Chrome Incognito mode has been detectable for years, due to the FileSystem API implementation. As of Chrome 76, this is fixed.
Apologies to the "detect private mode" scripts out there. ? pic.twitter.com/3LWFXQyy7w— Paul Irish (@paul_irish) June 11, 2019
Actuellement en beta, celle-ci change la manière dont fonctionne la navigation privée pour la rendre indétectable. Les sites d’informations, dont la publicité est la première source de financement, vont donc avoir beaucoup plus de mal à repérer les resquilleurs ou les adeptes d’une navigation incognito (et les datas qui les accompagnent). Concrètement, avec le mode incognito, un site peut toujours détecter un internaute, via son adresse IP, mais son historique de navigation sera vide aux yeux de ceux avec qui il partage son ordinateur. Si Chrome (près de 68% de part de marché dans le monde en avril dernier) laisse ainsi “filtrer”, ou non, certaines informations, comme l’activation du mode incognito, les cookies ne peuvent pas être lus ou déposés sur le terminal de l’internaute. Le site en question n’a donc aucun moyen de savoir s’il s’agit d’un abonné ou non, et de comptabiliser le nombre d’articles lus.
Chrome 76 incitera-t-il les sites d’informations à supprimer leur paywall pour ne proposer qu’un système – payant – d’inscription unique avant accès au contenu ? Pour l’ingénieur évangéliste Paul Irish, qui travaille justement sur le développement de Google Chrome, la réponse est toute trouvée : s’abonner à nos sources d’informations journalistiques préférées. “Si vous pouvez vous le permettre je vous encourage à payer la poignée de dollars pour vous abonner”, écrit-il dans un tweet. Malheureusement, en France du moins, l’achat d’article à l’unité peine à s’affirmer et la part d’internautes prêts à payer pour s’informer en ligne stagne rapporte Le Monde. Les médias font face à la concurrence féroce d’autres plateformes, comme Netflix, Twitch ou Apple Music. Une “fatigue de l’abonnement” pointe le journal qui ne risque pas de s’atténuer avec les nouvelles plateformes de SVoD qui arrivent sur un marché déjà saturé d’offres, Disney ou Quibi pour ne citer qu’elles.
Après, libre à ceux qui le peuvent de concevoir de nouveaux scripts de détection de la navigation privée contournant ainsi, à nouveau, les règles de Google.