Tactiques, résonance et médiatisation, quels enjeux derrière VivaTech 2024 ?

Par Élodie C. le 29/04/2024 - Agence : Publicis GROUPE

Temps de lecture : 8 min

L’innovation toujours, encore, plus fort.

Les férus d’innovation ont en déjà fait un rendez-vous incontournable. Pour sa 8e édition, VivaTech prendra place à Paris du 22 au 25 mai, les JO ayant bousculé la tenue millimétrée de l’événement traditionnnellement organisé en juin.

Après avoir affolé la planète tech lors de la venue d’Elon Musk, quelques mois après le rachat de Twitter et en pleine explosion de l’Intelligence Artificielle, VivaTechnology se sait attendu : comment dépasser ce niveau d’attention médiatique et faire résonner un tel évènement en France et à l’international ? À quels enjeux fait-on face quand on doit faire toujours mieux que les années précédentes ?

Caroline Roullet, directrice marketing de VivaTech nous ouvre les portes de l’édition 2024, et au-delà.

Quels sont les principaux enjeux et défis à relever lors de l’organisation d’un événement de l’envergure de VivaTech ? On imagine que la tenue des JO de Paris ont dû bouleverser quelque peu les choses.

Caroline Roullet : Les Jeux Olympiques de Paris posent effectivement beaucoup de questions et d’organisation. Au-delà de cet évènement exceptionnel, l’enjeu sur la préparation de VivaTech, c’est l’adaptation : les éditions changent d’une année sur l’autre, il faut savoir être réactif et savoir être flexible quand on organise un événement de cette taille-là. Pour les JO, nous avons dû avancer nos dates d’un mois. Cela signifie un mois de préparation, d’organisation et de valorisation en moins pour cette édition 2024. 

Nous faisons également face à un défi de renouvellement : avec une édition par an, la 8e cette année, nous nous devons d’être toujours plus innovants et de proposer une expérience qui soit aussi différenciante et surprenante que possible pour les nouveaux visiteurs et les “habitués”. Il faut également être au plus proche de l’actualité, puisqu’on prépare VivaTech plusieurs mois à l’avance, on doit ainsi se projeter sur les six prochains mois. La technologie avance très vite, certains sujets d’actualité à un instant T ne le sont plus deux ou trois mois plus tard.

En termes de communication, mes enjeux sont “faire monter la pression” médiatique et de réussir à trouver les bons timings pour qu’on entende parler de VivaTech jusqu’à son lancement et même après, si bien qu’on finisse par en avoir marre d’entendre parler de VivaTech (rires). C’est un défi de trouver les bonnes temporalités et les bons ajustement au sein du dispositif mis en place pour rendre l’écho le plus massif possible. 

Enfin, d’un point de vue marketing, nous avons un enjeu de recrutement de cibles et de fidélisation : d’une année sur l’autre, les gens changent d’événements, car ils ont besoin d’inspiration et de recueillir des informations. Nous devons trouver les leviers pour donner envie à ceux qui se sont rendus à VivaTech une année de revenir l’année d’après.

Après l’immense succès de la venue d’Elon Musk en 2023, comment envisagez-vous de maintenir ou de dépasser ce niveau d’attention médiatique ? Avez-vous pu “capitaliser” sur cette venue ?

C.R. : Avoir Elon Musk comme speaker c’est chouette, on ne va pas se mentir, sa venue a généré un très beau reach, d’autant plus qu’il a joué le jeu de participer et de relayer. Avant lui, sur les précédentes éditions, nous avons eu de très beaux speakers, Jack Ma (fondateur d’Alibaba et président du groupe jusqu’en 2019, NDLR), Mark Zuckerberg (fondateur et CEO de Facebook – Meta), Tim Cook (CEO d’Apple), ainsi que des intervenats très pointus et spécialisés. On capitalise sur ces venues chaque année pour gravir des paliers de notoriété par rapport à des objectifs définis.

On ambitionne de se développer en Europe et plus globalement à travers le monde. Grâce aussi à une programmation peut-être moins rayonnante, mais plus spécialisée, on arrive à aller chercher des segments de niches ou des populations qui sont très importantes pour nous : VivaTech rassemble 25 secteurs d’activités, cela ouvre des opportunités pour faire toujours mieux. La pression médiatique, le bruit général c’est super, on ne crache pas dessus, mais mon travail est d’aller chercher des cibles très affinitaires et travailler dans la dentelle : sourcer et identifier des gens passionnants au Japon, travailler sur des communautés spécifiques de CMO dans des secteurs d’activité spécifiques. C’est absolument essentielle pour faire grandir la marque et la renforcer.

Quelles innovations ou nouvelles approches avez-vous introduites pour l’édition de cette année pour rendre l’événement encore plus impactant ?

C.R. : On se concentrer sur certains points d’activité, comme l’intelligence artificielle puisque c’est un sujet incontournable. Notre approche est néanmoins de l’aborder sous différents angles : 

– La performance : l’AI génère des possibilités de déploiement massif intéressantes à observer d’un point de vue business. Comme Esper Bionics (startup ukrainienne basée aux Etats-Unis), une prothèse pour les handicaps moteurs ou les bras/jambes amputés qui apprend progressivement, par exemple si un verre tombe, la prothèse va, mécaniquement, ouvrir les doigts de la main pour le rattraper. C’est une avant-première mondiale qui va être lancer à VivaTech. 

– La confiance : nous sommes dans une année d’élections où la moitié de la population mondiale va voter. Dans ce contexte, une grande méfiance surgit à l’encontre de l’AI, mais de bonnes choses apparaissent également, comme la solution française Everdian. Leur outil crunchla data et va pouvoir, dans des situations de crise, identifier ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Ce type de solution est crucial dans une activité telle que la nôtre ;

– De très bons speakers s’exprimeront sur ces sujets, comme Yann LeCun de Meta, Arthur Mensch, le CEO de Mistral AI (la pépite française de l’IA générative, NDLR) dont on parle beaucoup, mais qui parle peu, et Thierry Breton, le Commissaire européen au marché intérieur, qui s’exprimera sur l’aspect régulation pour expliquer comment ce sujet va être encadrer

Nous aborderons aussi les innovations concernant la tech durable par le biais des énergies et ressources qui, aujourd’hui, génère des business rentables. Ce qui n’était pas forcément le cas il y a 20 ans. C’est Biotheos par exemple, une solution très visuelle qui permet de purifier l’air à partir d’algues microscopiques. John Kerry (ancien Secrétaire d’Etat et envoyé spécial du président des États-Unis pour le climat, NDLR), est attendu pour s’exprimer sur ces sujets.

L’objectif de VivaTech est d’inspirer et de donner aux visiteurs une information éclairée sur les différents technologies et les usages. On organise des choses plus business et très concretes à l’endroit des CMO. Nous recevons par exemple Asmita Dubey, CMO de L’Oréal, qui connaît très bien tous les sujets marketing et vient raconter son expérience et la façon dont elle fait gagner du temps aux autres CMO. La tech lui permet de faire évoluer et grandir son activité, c’est nouveau.

Quelles sont les principales tactiques que vous employez pour faire résonner Viva Technology à l’échelle internationale ? 

C.R. : Je monte toujours mes plans sur une dimension 360, sur l’ensemble des leviers offline et online. VivaTech commence à être connu, mais ce n’était pas le cas, on a donc tout un dispositif pour générer de la notoriété, du trafic sur le site et convertir. On active l’ensemble des leviers selon les différents pays et les cibles visés. Le dispositif sera spécifique par pays. 

Ensuite, VivaTech, c’est une programmation et plus de 25 secteurs d’activité et 120 pays représentés. Mon travail consiste à montrer ce qu’ils vont présenter. Cette année, le  Canada vient à VivaTech, je collabore avec eux pour trouver des leviers d’activation plus puissants dans ces zones ou dispositifs-là. 

Comment se pilote et se nourrit la com’ de VivaTech sur une année (avant / pendant / après l’événement) ?

C.R. : Petit à petit. Auparavant, nous mettions en place des choses très ponctuelles, véritablement liées à un événement. On s’est rapidement rendu compte qu’il était impossible de fonctionner ainsi : la notoriété de marque avait un impact sur la notoriété. Nous avons donc développé une stratégie de contenu sur l’année, comme ce baromètre de la confiance des dirigeants dans la tech en partenariat avec Waystone et OpinionWay. Les résultats sont sortis en janvier et nous ont permis de travailler notre image d’expertise, et d’être juste aussi dans ce qu’on va aborder et comment le faire. 

Face à la compétition croissante d’autres événements tech globaux, comment VivaTech se positionne-t-il pour rester à l’avant-garde de l’innovation ?

C.R. : Le marché est dynamique, la tech n’a jamais aussi bien fonctionné et c’est bénéfique pour l’ensemble de l’écosystème tech. Il y a de la concurrence, mais elle est très saine globalement. Lobjectif final est de soutenir l’écosystème tech et de pouvoir sensibiliser le plus grand nombre, car nous sommes désormais tous baignés dedans, professionnellement ou dans notre quotidien.

Et il y a tout de même une méconnaissance de ce qu’est la technologie. Plus on pourra raconter, rendre le sujet didactique, l’expliquer et sensibiliser les jeunes générations, mieux ce sera. VivaTech est ouvert au grand public le samedi, c’est un moment important où l’on peut, par exemple, sensibiliser les jeunes filles au métier de la tech, leur ouvrir des possibilités, inviter des associations, travailler avec un écosystème peut-être moins visible, mais très important aujourd’hui. Ill faut continuer à dynamiser le secteur et être très positif sur ce bouillonnement. 

Quelles principales leçons avez-vous tirées des éditions précédentes qui vous guident dans la préparation des futurs événements ?

C.R. : On est très contents quand cela se termine pour pouvoir se reposer un peu (rires). VivaTech a toujours considéré que la tech était au service de l’humain, nous l’avons positionné au centre, d’où ces couleurs très flashy. On se rend compte que cela ne peut pas fonctionner à distance, la relation humaine est importante dans nos métiers – tech  et événementiel – et nous sommes convaincus que le présentiel génère plus performance business. Pour échanger un point de vue et faire avancer un projet. 

C’est un enseignement sur lequel on capitalise, nous n’avons jamais fait d’édition 100% digitale à VivaTech parce qu’on n’y a jamais cru à 100%. Ensuite, il faut toujours se renouveler et se remettre en question, il ne faut jamais rien considérer comme acquis. Enfin, et je l’ai appris à VivaTech, il faut rêver grand. Si on rêve grand, cela peut se produire. Quand je suis arrivée à VivaTech, c’était une toute petite startup, on était dix, on y croyait tous et on avait tous envie de faire plus. Aujourd’hui, avec une équipe réduite et des gens passionnés, on parvient à faire des choses incroyables. Il ne faut pas se donner de limites.

Quid de l’année prochaine ?

C.R. : On commence déjà à anticiper les dix ans de VivaTech dans deux ans. On réfléchit à des choses chouettes et surprenantes pour pouvoir, encore une fois, marquer les esprits.

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