Avec notre rubrique ''C'est quoi son job ?'', focus sur les métiers qui feront la com de demain.
Pour cette 6e interview « C’est quoi son job ? », le métier de Creative Technologist est à l’honneur. Un intitulé encore obscur, pour un poste en voie de formalisation, mais particulièrement actuel. Émilien Chiche, Senior Creative Technologist chez Biborg, fait la lumière sur son métier, sa vision et ses missions.
Qu’est-ce qu’un Creative Technologist ?
Poser une définition claire du poste de Creative Technologist est un exercice assez complexe. J’imagine que cela vient du fait que ce métier n’est pas encore formalisé et que ses missions varient beaucoup en fonction des agences ou des annonceurs. Chez Biborg, son rôle est d’avoir une vision transverse sur les projets, de communiquer et de partager avec les différents services. Mais surtout, d’apporter une vision de l’innovation dans les nouvelles technologies pour qu’elle soit au service de l’interactivité et de l’expérience utilisateur. Pour arriver à cela, j’adhère complètement à l’état d’esprit du “Learn – Do – Teach”.
En cohérence avec les projets et les objectifs de l’agence, un Creative Technologist doit en effet se tenir informé des tendances et des technologies émergentes, afin de les comprendre et d’en tirer les bons usages. Il doit aussi être capable d’identifier et d’échanger avec des partenaires potentiels susceptibles d’intervenir sur les différentes activations imaginées. Cela passe évidemment par une veille constante sur Internet, les réseaux sociaux, dans les livres mais aussi par des déplacements sur des salons spécialisés, des conférences, des expositions artistiques… Mais aussi de l’expérimentation !
La réalisation de prototypes, que ce soit pour des clients ou non, permet de valider la faisabilité technique, d’anticiper certains besoins et d’éprouver la pertinence des réflexions avant de proposer de nouvelles expériences aux utilisateurs. Selon moi, il faut vraiment voir la technologie comme un médium qui doit être au service de la conception. Un va-et-vient constant se crée évidemment à cette étape mais c’est la nature même du process créatif.
Enfin, je considère qu’un Creative Technologist doit aussi être un bon communicant, que ce soit en externe lors de conférences, de workshops, de présentations clients mais aussi en interne auprès des différents services business, marketing, développement et créatif. Il doit pouvoir parler aisément d’une technologie en particulier, de ses points forts, de ses points faibles, de ses coûts et surtout de la pertinence de son utilisation au sein d’un concept ou d’une stratégie globale. C’est un travail d’évangélisation permanent !
Comment devient-on Creative Technologist ?
Il n’existe pas à ma connaissance de formations type pour devenir Creative Technologist, en France en tout cas. À l’heure actuelle, ce type de poste est généralement occupé par des profils seniors autodidactes, ayant cumulé des cursus différents ou s’étant formé grâce à leurs différentes expériences en agence. J’ai pour ma part une licence Informatique en Théorie des langages ainsi qu’un master Art – Communication obtenu aux Beaux-Arts. Cela m’a naturellement orienté vers ce métier hybride par définition, où il ne s’agit en aucun cas d’être un spécialiste dans un domaine particulier. Il est en effet nécessaire d’avoir une vision plus globale à la fois en informatique, en création et en design, ou bien encore en marketing et communication.
Sur quels types de projets intervient un Creative Technologist ? Et à quel moment ?
Biborg a créé son Lab d’innovation interne en 2014. Il est aujourd’hui animé par 3 Creative Technologists à plein temps et a pour mission d’expérimenter les nouvelles technologies afin de créer des expériences interactives innovantes tout en établissant un lien entre le réel, le digital, les émotions et le public.
Chez Biborg, le Lab réalise des prototypes en réponse à des briefs ou en mode proactif, et en liaison avec les équipes de conception. C’est grâce à une réunion de démonstration d’un de nos prototypes que Warner a décidé de mener avec nous l’opération autour du lancement du film « Edge of Tomorrow ». Ils ont pu tester directement l’idée, pendant une réunion, et l’adopter dans la foulée. Et même si le prototype n’est pas un projet finalisé, il est générateur d’idées pour l’agence et pour le client.
Il arrive aussi que le Lab Biborg intervienne sur la partie opérationnelle d’une activation, en liaison avec les équipes de production. Nous sommes alors en mode gestion de projet technique lorsqu’une certaine expertise technologique est nécessaire. Enfin, le Lab déploie régulièrement, avec des partenaires ou des prestataires spécialisés, des installations ayant un côté un peu plus événementiel pour des clients ou des projets internes.
Un conseil pour devenir un bon Creative Technologist ?
Le métier de Creative Technologist nécessite de toujours pouvoir s’adapter à de nouvelles situations car il est lié à un environnement qui est constamment en changement. Il faut chaque jour avoir envie de découvrir et d’apprendre de nouvelles choses ! Il faut aussi être à l’aise avec la prise de risque, ne pas avoir peur de l’échec et surtout apprendre de ses erreurs. Il est essentiel de toujours garder en tête cette logique du “Test and Learn”.
Vers quoi ce poste peut-il évoluer ?
Difficile de faire des prédictions sur un métier encore émergent mais c’est en partie pour cela qu’a été créé le Creative Tech Tank, un think tank qui a fait son apparition l’année dernière sur Paris. Un de ses buts, parmi d’autres actions concrètes, est d’amener à la réflexion en fédérant les différents acteurs de l’innovation créative sans se focaliser essentiellement sur ceux de la communication digitale. Je pense que c’est exactement par ce genre d’initiative que le métier de Creative Technologist évoluera encore et/ou se formalisera.
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