Le secteur de la communication « va morfler grave et sans aide respiratoire »

Par Xuoan D. le 14/04/2020

Temps de lecture : 4 min

Nouvelle interview "Le confiné libéré" avec Walthère Malissen, WNP.

La pandémie de Covid-19 et la période de confinement imposent à chacun de rester chez soi, vidant au passage les entreprises du secteur de la communication. Si leur activité a été fortement bouleversée, les agences n’ont pas pour autant cessé d’œuvrer, organisant leur continuité grâce au télétravail et ses divers outils (Zoom, Teams, Hangouts et Slack pour ne citer qu’eux).

Si la question n’est désormais plus de savoir si une agence peut travailler à distance (notre émission en direct, Les enjeux – la Réclame / live Covid-19, nous a fourni la réponse), nous avons souhaité donner la parole aux travailleurs confinés, qu’ils viennent d’agences, de médias ou d’annonceurs .

Pour cette nouvelle interview “Le confiné libéré”, nous tendons le micro à l’énigmatique Walthère Malissen, Senior Partner / consulting chez WNP.
 

Comment se déroule votre journée type depuis le confinement ? Avez-vous une routine ?

Walthère Malissen : Réveil, café, ablutions matinales – deux mots que je crois employer pour la première fois de ma vie – lecture de l’Équipe sur iPad – ça fait un peu poseur mais j’assume – et vers 9h/9h30 back to work. Soit des notes ou reco à écrire, soit les merveilleuses réunions Skype durant lesquelles, ayant toujours détesté les vieux, je désactive la caméra. J’essaye de justifier mon salaire jusqu’en fin d’après-midi, et puis je bouquine. On peut appeler ça une routine, mais je n’ai pas souvenir qu’avant la pandémie mon existence ait vraiment échappé à la routine.
 

Ce qui vous manque le plus actuellement ?

WM : Deux choses. Tout d’abord le bureau. Non pas tant, je veux dire non pas seulement, pour la richesse des contacts humains, mais parce que je pense que le « Tu ne ferais pas ça chez toi » s’applique assez bien à l’activité salariale quelle qu’elle soit. Ensuite, et surtout, le restaurant le Square Trousseau où j’ai l’habitude – routine quand tu nous tiens – de dilapider, entouré de gens que j’aime, le produit de la vente de ma force de travail.
 

Qu’avez-vous découvert pendant cette période complexe et incertaine ?

WM : Ayant moi-même posé ce type de question à des gens qui avaient fait la guerre ou les camps, je m’abstiendrai d’employer les grands mots. Un modeste « pas grand chose » fera l’affaire.
 

La chanson qui résume le mieux votre confinement ?

WM : Je pourrais dire « Tangled up in blue » de Dylan, mais ça serait exagérer le côté déprimant de la chose.

Ce que vous aimeriez conserver pour l’après ?

WM : Mon poste.
 

A contrario, votre habitude ou nouvelle passion honteuse qui ne survivra pas au confinement ?

WM : Le télétravail.
 

Le confinement vous a-t-il rendu plus ponctuel en réunion, car en visio ?

WM : Le « car en visio » me semble bizarre. Je n’ai pas le souvenir d’avoir jusque là porté un bandeau sur les yeux. En tout cas pas dans un contexte professionnel.
 

Pouvez-vous définir ce qu’est l’Effet Pangolin ?

WM : Le rappel de « L’insoutenable vulnérabilité de l’être ». Mais par la grâce de quelques séances de chimiothérapie, j’en avais déjà eu un vague aperçu.
 

Comment voyez-vous votre métier et son secteur évoluer après cette crise ?

WM : Nous aurons bien-sûr le devoir, plus que jamais, d’apporter un formidable souffle d’optimisme au monde. Cette connerie mise à part, je dirai que le secteur va morfler grave et sans aide respiratoire. Et que les survivants auront pour tâche – pardon d’être un peu sérieux – d’accompagner des marques qui devront être perçues – si elles veulent également survivre – comme contribuant à l’intérêt général. C’est ce qu’on pourrait appeler une « Do Good or Die Situation ».
 

À la sortie du confinement, vous pariez sur une révolution écologique, une crise bien triste ou un retour au train-train quotidien ?

WM : Une crise bien gaie je ne sais pas ce que c’est. Révolution c’est un grand mot, et je m’en méfie, disons un changement, ressenti par tous, des priorités. Le « C’est comment qu’on freine » de Bashung me semble assez bien résumer l’état des esprits. Avec, sans tomber dans le « C’était mieux avant », l’angoisse à l’idée que « Ça pourrait être pire après ».

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