Le bilan avec Karen Serfaty, CEO de Tech for Retail.
Lancé fin 2020 alors que l’événementiel était à l’arrêt, le salon Tech for retail rencontre un succès impressionnant. Il faut dire qu’à l’ère du retail media et du commerce omnicanal, le positionnement mêlant tech et retail est plus que jamais d’actualité.
Pour cette 4ᵉ édition, la Réclame .mark&tech est allée au contact des exposants et visiteurs de de Tech for retail, recueillant de précieuses informations et insights pour les mois à venir. Deux semaines plus tard, l’effervescence est retombée. L’occasion de faire le point avec Karen Serfaty, fondatrice et CEO de Tech for retail, sur cette édition hors norme ainsi que sur les tendances fortes du secteur.
Pouvez-vous nous donner les chiffres clés de l’édition 2024 de Tech for Retail ? Quelle évolution par rapport à 2023 ?
Karen Serfaty : Cette année, nous avons accueilli 418 exposants, contre 325 en 2023, ce qui représente une augmentation notable de 28 % et une croissance de 50 % de l’espace occupé dans le hall. La salle plénière est même passée de 300 à 600 places. Concernant les visiteurs, nous sommes passés à plus de 12 500 participants, soit une progression de 15 % par rapport à l’année précédente.
Mais au-delà des chiffres, la grande nouveauté est la dimension internationale de Tech for retail. Nous avons accueilli 1 100 visiteurs étrangers, dont des décideurs de grandes enseignes comme Mercadona, El Corte Inglés, Uvesco et même Levi’s.
Nous avons aussi vu une forte demande de visites guidées organisées pour des groupes d’entreprises comme Carrefour, qui a demandé cinq tours différents autour de thématiques spécifiques.
Cette évolution dans l’organisation et la fréquentation reflète bien la dynamique de croissance et d’attractivité du salon.
Quels ont été les moments forts de cette édition ?
K.S. : Le luxe a eu une place de choix cette année. Des groupes comme LVMH, Chanel, Hermès et Kering étaient présents en force, occupant des espaces importants tant dans les conférences que dans les allées du salon. Leur présence a marqué un des temps forts de l’événement.
Parmi les conférences les plus marquantes, il y avait celle de Jean-Marc Bellaiche, qui a annoncé que le Printemps allait accepter les paiements en bitcoin.
La conférence d’ouverture d’Arthur Sadoun a été provocatrice, dans le bon sens du terme. Il a apporté un vrai rythme à l’événement et a marqué les esprits.
Une autre intervention mémorable a été celle d’Émilie Viargues Metge (Christofle), qui a abordé la question de la seconde main dans le luxe, un thème qui a été omniprésent. Enfin, l’amplification de l’expérience client et l’omnicanalité ont été les sujets phares, tout comme le networking dans notre lounge VIP, qui a permis de créer des échanges fructueux entre participants français et internationaux.
Quel a été le sujet le plus débattu cette année ?
K.S. : Deux grandes thématiques ont dominé les débats : l’impact de l’intelligence artificielle dans le retail et la montée en puissance de la seconde main.
Sur l’IA, nous voyons des applications concrètes dans le marketing local et la supply chain des grandes entreprises. Toutefois, malgré son omniprésence médiatique, l’IA est encore souvent au stade exploratoire pour les retailers et e-retailers.
En ce qui concerne la seconde main, c’était un sujet central grâce à des acteurs comme GS1, avec leur passeport numérique et leurs innovations dans la traçabilité. Reverse.io a aussi marqué les esprits en proposant des solutions de gestion simplifiée du service après-vente dans le cadre de la seconde main, ce qui en fait une thématique très concrète et stratégique.
En termes d’écho, le principal sujet de discussion n’était-il pas l’alliance retail media Auchan Intermarché au sein de Valiuz ? L’info a été dévoilée 48h avant Tech for retail 2024.
K.S. : Non, car même si Valiuz fait partie de notre Genius Board, cette année l’alliance n’était pas présente physiquement sur le salon avec un stand. Les équipes de Valiuz étaient tout de même très actives sur place, notamment pour observer et interagir avec d’autres acteurs, mais ce sujet n’a pas été abordé officiellement dans le cadre de Tech for Retail.
Quels retours avez-vous reçus des professionnels du secteur quant à l’impact du salon sur leurs activités ?
K.S. : Les retours ont été extrêmement positifs. Même les exposants les plus critiques ont reconnu la qualité des visiteurs et l’organisation globale. Des innovations marquantes comme le scan corporel pour essayer des vêtements en ligne ou le sac-caisse automatique ont captivé l’attention. Ces solutions illustrent bien la richesse technologique du salon. C’est aussi grâce à cela qu’un tiers des exposants ont décidé de se réinscrire immédiatement. Cela montre leur satisfaction.
Quels sont les principaux enseignements de Tech for Retail 2024 ?
K.S. : Nous avons tiré plusieurs enseignements cette année. Tout d’abord, nous allons rendre le salon bilingue l’année prochaine, avec une traduction en anglais et potentiellement en espagnol. Cela reflète la montée en puissance de notre audience internationale.
Ensuite, nous allons intensifier les opportunités de networking de haut niveau, qui ont été très appréciées cette année et répondent à une demande croissante.
Enfin, l’un des grands défis à venir sera de rendre le salon plus lisible pour les visiteurs. Avec 418 exposants proposant des solutions très variées, il peut être difficile de s’y retrouver. Nous allons travailler dur pour que chaque participant puisse identifier rapidement ce qui l’intéresse.
Pouvez-vous nous parler de Revers.io et de VusionGroup, prix de l’innovation et coup de cœur de cette année ?
K.S. : Revers.io s’est distingué pour ses solutions facilitant le service après-vente, notamment pour des clients comme Fnac et Boulanger. Leur technologie permet de rendre le parcours client plus fluide et agréable, surtout dans le contexte de la seconde main. Quant à VusionGroup, ils sont devenus leaders mondiaux en digitalisant les étagères et les étiquettes. Cela permet des gains de temps, une gestion des stocks optimisée, et une meilleure expérience client en magasin. Ils sont l’exemple parfait de la manière dont la technologie peut transformer le retail.
Quelles sont vos ambitions et orientations pour les futures éditions de Tech for Retail ?
K.S. : Notre objectif reste clair : faire de Tech for Retail le lieu incontournable où les décideurs du retail découvrent les innovations de demain. Ce positionnement nous différencie des autres salons en France, car nous attirons des visiteurs de très haut niveau, particulièrement des comex. Nous devons continuer à évoluer avec le marché et rester à l’écoute des besoins de nos parties prenantes. Si nous maintenons cet équilibre entre visiteurs qualifiés et innovations pertinentes, nous continuerons sur cette belle lancée.