Climax remet les kiosques sur la carte de… Google Maps

Par Iris M. le 04/06/2025

Temps de lecture : 3 min

Une carte, 100 kiosques, et une idée.

Alors que la presse papier lutte pour sa survie, Climax, magazine écolo, choisit une voie inattendue pour défendre les kiosques à journaux : détourner Google Maps. Une idée aussi simple que maligne pour redonner de la visibilité à ces points de vente trop souvent oubliés.

Depuis une dizaine d’années, les kiosques à journaux disparaissent du paysage urbain. Entre 2011 et 2021, près de 5 000 points de vente ont fermé en France. À Paris, on ne comptait plus que 270 kiosques en 2022, contre 340 en 2010. En cause : la baisse continue des ventes papier, et des habitudes d’information qui basculent vers le numérique. Aujourd’hui, 8 Français sur 10 s’informent en ligne.

Mais tout n’est pas perdu. La presse imprimée, portée par ses formats longs, ses beaux objets et ses titres indépendants, garde une vraie place dans le cœur de certains lecteurs. Les mooks, la presse culturelle ou jeunesse séduisent un public fidèle. En 2023, ces segments ont même connu un rebond en ventes au numéro, selon l’ACPM. Des kiosques rouvrent ici ou là, à Lyon, Marseille, Bordeaux ou Paris. Bref, rien n’est joué.

Climax a donc eu une idée : hacker Google Maps pour remettre les kiosques en lumière. Le 2 juin, l’équipe du magazine a mis à jour les fiches Google de 100 kiosques partout en France — à Paris, Brive-la-Gaillarde, Bordeaux ou Marseille — en y ajoutant des photos de lecteurs magazine en main, et des messages de soutien aux kiosquiers.

Pas de pub, pas de spot, pas d’affichage sauvage. Juste une carte et une poignée de visuels bien sentis. Une manière de rappeler que ces lieux existent encore, et que la presse papier peut encore surprendre, même en ligne.

Climax s’inscrit aussi dans une tendance émergente : le “MapTok”. De plus en plus de jeunes utilisent Google Maps comme un réseau social, une manière de découvrir des lieux, de lire des commentaires décalés ou de créer une cartographie affective. Selon une étude Morning Consult de 2023, 30 % des 18-25 ans se servent de Maps comme d’un outil culturel.

Climax joue donc avec les codes, en injectant un peu de presse papier dans cette nouvelle forme d’exploration urbaine. Le tout, avec un ton léger, pop, et bien dans l’air du temps.

« On nous dit que la presse écrite est morte, on nous dit que le métier de kiosquier·e est mort… eh bien nous avons décidé du contraire », résume Dan Geiselhart, directeur de la publication. Pour Millie Servant, rédactrice en chef, l’opération est avant tout une manière d’ouvrir le débat sur le rôle de la presse indépendante dans l’espace public : « Cette opération, c’est notre manière d’inviter le sujet du rôle de la presse écrite indépendante dans l’espace et le débat public, avec un ton pop et accessible ».

Lauren Boudard, directrice de la rédaction, ajoute : « Nous avons lancé Climax pour prouver que l’on peut parler de la crise climatique sans crier d’effroi ni bailler d’ennui. Aujourd’hui, on est ravis de pouvoir partager cette proposition aux millions de passager·es de l’espace public grâce à notre présence en kiosque. »

Sans budget média, mais avec une idée simple et bien ciblée, Climax parvient à détourner un outil du quotidien pour remettre un sujet oublié sous les projecteurs. Une preuve que l’on peut encore faire parler de la presse, sans forcément passer par les canaux traditionnels.

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