Pourquoi Jacques Séguéla a fait sauter en parachute Olivier Goy, atteint de la maladie de Charcot

Par Xuoan D. le 26/05/2025

Temps de lecture : 8 min

Les idées folles ne meurent jamais.

En juin 2024, sur le plateau de l’émission de Léa Salamé, Quelle Époque (France 2), Jacques Séguéla découvre le combat bouleversant d’Olivier Goy, entrepreneur atteint de la SLA (ou maladie de Charcot). Cette maladie incurable, paralysante, laisse intact l’esprit tandis que le corps se fige. Mais Olivier, lui, ne se laisse pas enfermer. Son témoignage saisit les spectateurs comme les invités, à commencer par Jacques Séguéla.

De cette rencontre naît une campagne. Ou plutôt une odyssée publicitaire et humaine, orchestrée par Havas Play, qui mènera Olivier Goy, malgré ses multiples paralysies, jusqu’à un saut en parachute filmé, spectaculaire et profondément symbolique. Derrière cette prise de parole inédite pour l’Institut du Cerveau, une équipe de passionnés guidés par la conviction que la publicité peut encore servir des causes vitales. Tout en faisant le spectacle, comme à la grande époque où une Citroën pouvait se poser sur un porte-avions !

Depuis Puteaux, entretien exclusif pour la Réclame avec Jacques Séguéla, Fabrice Plazolles (directeur général et Chief Creative Officer de Havas Play) et Pierre Riboulet (concepteur-rédacteur) sur les coulisses de cette campagne riche en émotions.

Jacques, vous avez rencontré Olivier Goy sur le plateau de Quelle époque, l’émission de Léa Salamé sur France 2, en juin 2024. J’imagine que vous avez été très touché par son histoire et son combat la maladie.

Jacques Séguéla : J’ai été bouleversé par Olivier. C’est rare, à mon âge, d’être bouleversé par quelqu’un. J’ai tout de suite vu que ce n’était pas un malade, mais un combattant. Il avait cette volonté farouche de faire de sa maladie une force. Il y a très peu de gens qui arrivent à transformer une épreuve aussi violente en énergie. 

Olivier est l’ami public numéro un. C’est quelqu’un que l’on ne connaît pas personnellement, mais que l’on a l’impression de connaître intimement. C’est un faiseur d’empathie. Il est entré dans le cœur des gens sans jamais chercher à faire pleurer. Tout le monde a envie de le prendre dans ses bras comme Zidane.

Il parle de sa maladie avec une dignité, une sincérité, une force qui forcent le respect. Il ne se plaint jamais. Il agit. Et cela, dans une époque où l’on voit beaucoup de mise en scène de soi, c’est bouleversant de vérité. Il donne envie d’être meilleur.

Et puis, son histoire m’a touché dans ce qu’elle disait de l’humanité. J’ai senti que l’on pouvait en faire quelque chose de beau, de puissant, qui parlerait à tout le monde. Je ne voulais pas faire une pub sur la maladie, mais une pub sur la vie. Une pub qui donne envie de se battre, comme lui.

Et cela vous a donné envie de challenger son brief.

J.S. : Oui, au départ, Olivier m’a simplement dit : « Jacques, j’aurais besoin de toi pour un slogan. » Je lui ai répondu : « Olivier, on ne va pas faire un slogan, on va faire une campagne. Un vrai film de publicité. » Parce que ce qu’Olivier porte, c’est une cause universelle, et je voulais lui offrir un écrin à la hauteur.

Fabrice, comment avez-vous accueilli le brief en interne ? Vous avez déjà travaillé pour des causes (L’Enfant Bleu notamment) mais on imagine que ce projet était différent.

Fabrice Plazolles : On a accueilli le brief avec beaucoup d’émotion. C’était impossible de rester indifférents face à l’histoire d’Olivier. Il y avait quelque chose de très fort, de très humain, qui nous a tout de suite saisis. Chez Havas Play, nous avons l’habitude de traiter des sujets sensibles – on avait travaillé pour L’Enfant Bleu, par exemple – mais là, c’était différent. Il ne s’agissait pas seulement de défendre une cause, mais d’accompagner un homme dans son propre combat, avec tout ce que cela implique de pudeur, de respect et de justesse. On savait qu’on ne pouvait pas se rater. Il fallait trouver le bon ton, la bonne distance, et surtout ne jamais trahir ce qu’Olivier est, lui, profondément. Cette furieuse envie de vivre, de rire, malgré une maladie terrible. 

C’était d’autant plus décisif que la maladie de Charcot est une maladie qui ne touche pas assez de personnes pour avoir un financement suffisant de la recherche. C’est pourquoi l’Institut du cerveau a plus que jamais besoin de dons.

Comment vous est venue l’idée – folle et puissante – de faire sauter Olivier en parachute malgré le fait qu’il soit paralysé ? 

F.P. : Au bout d’une semaine, nous avons présenté à Jacques nos idées. Le premier script comportait plusieurs choses incroyables qu’Olivier allait réaliser. Dont : « Et là, Olivier Goy saute en parachute. » Jacques a bondi de sa chaise et nous a gratifié de son célèbre WOW ! Nous n’avons jamais pu présenter le second script.

Pierre Riboulet :  Il fallait une claque à la hauteur de celle que l’on prend quand on voit Olivier pour la première fois.

J.S. : Derrière chaque grand film, il y a une grande idée. 

F.P. : Jacques avait son film porte-avions, il a maintenant son film parachute.

Comment avez-vous atteint le juste équilibre entre émotion et dignité, entre mise en scène spectaculaire et respect de la réalité médicale ?

F.P. : C’était sans doute la partie la plus délicate du projet. On avait en tête en permanence cette ligne à ne pas franchir. Il ne fallait surtout pas tomber dans le pathos, ni dans la performance gratuite. On a beaucoup échangé avec l’Institut du Cerveau et Olivier, on s’est nourris de sa façon de parler de la maladie, toujours avec une immense dignité. Il ne voulait ni apitoiement ni mise en scène excessive. Alors, on s’est vraiment attachés à filmer le réel, sans artifices, sans tricher. Ce saut, c’est lui qui le fait. Ce qu’on voit dans le film, c’est la vérité de ce moment. Et je crois que c’est cette vérité-là qui rend le film émouvant, sans jamais être larmoyant.

En mêlant émotion et sensations fortes, nous avons voulu faire de ce film une véritable expérience, un objet unique en son genre, mais avec un seul but : mobiliser les Français et leur faire comprendre que si Olivier peut encore sauter depuis un avion à 4000 mètres, ils peuvent, eux aussi, faire des choses incroyables pour que la recherche avance en soutenant l’Institut du Cerveau.

Quelle a été la réaction d’Olivier Goy à la vision du film ?

J.S. : Il a grogné. Quand il veut rire ou qu’il est heureux, il a une espèce de grognement des cavernes qui sort de lui. C’est extraordinaire. Cela l’aide à vivre.

F.P. : Olivier a été impliqué dans toutes les étapes du film. Il a adoré dès le moment où on lui a raconté le script. Il nous a aussi aiguillé sur des choses, tout comme l’Institut du Cerveau.

Quelles sont les attentes vis-à-vis de cette campagne : notoriété, collecte de dons, changement de regard sur la SLA / maladie de Charcot ?

F.P. : C’est sensibiliser. Remettre un coup de projecteur sur cette maladie aussi, et montrer la réalité de ce que vivent les malades. Et générer de l’intérêt, remettre du drive sur la recherche, et générer derrière, oui, du don pour l’Institut du cerveau. Et créer de la conversation. Le don vient naturellement, mais c’est aussi ouvrir la discussion. Parce qu’on parle souvent de cette maladie pour évoquer l’euthanasie, la fin de vie. Et je pense que c’est justifié. Mais c’est aussi important de parler autrement de ces malades, pas seulement de leur mort, de quand est-ce qu’ils vont mourir.

J.S. : Entre le moment où ils sont diagnostiqués et le moment où ils meurent, il y a des jours de vie, des années de vie. Ce qu’ils décident d’en faire, c’est clé.

Comment la campagne va-t-elle être diffusée ?

J.S. : Le plus de médias possible doivent nous aider. C’est très bien d’avoir un film magnifique. Mais s’il n’est pas sur les écrans, ça ne sert à rien. Au-delà de la diffusion dans l’émission de Léa Salamé, je vais téléphoner aux télévisions pour leur dire : “Écoutez, regardez le film. Si vous ne le diffusez pas, vous ne méritez pas d’être patron d’une chaine TV.

Jacques, vous avez signé de nombreuses campagnes marquantes au cours de votre carrière. En quoi celle-ci est différente ?

J.S. : Chaque campagne doit être ta meilleure campagne. Il ne faut pas hiérarchiser. 

Ce qui me touche avec ce film, c’est qu’il me ramène aux années 80 et à la pub spectacle. Et le deuxième plaisir que j’ai, c’est que c’est aussi une pub d’aujourd’hui. Elle a ce côté léché, scientifique, et cette incroyable caméra qui rentre dans la peau pour montrer le cœur battant d’Olivier.

C’est une campagne qui a de la hauteur de ton, mais qui n’est pas lisse. Je me suis toujours battu contre la pub lisse !

Pensez-vous accompagner Olivier Goy et l’Institut du cerveau pour d’autres prises de paroles ?

F.P. : Havas Play accompagne depuis cinq ans l’Enfant bleu. On s’attache aux gens et aux causes qu’ils défendent.

J.S. : Je ne veux pas que ce soit un coup, mais le lancement de quelque chose. Demain, cela pourrait une autre agence qui signe une campagne pour Olivier. Publicis [Maurice Lévy est au comité des amis de l’Institut du Cerveau, ndlr] ou pourquoi pas l’agence Jacques [le nouveau réseau santé de Havas, ndlr].

P.R. : Mais ce qui est sûr, c’est que le plus longtemps on collabore avec Olivier, le mieux ce sera, parce que cela veut dire qu’il continuera à vivre.


Pour en savoir plus sur Olivier Goy, rendez-vous sur le site Invincible été. Un documentaire qui lui est consacré sera diffusé le samedi 14 juin sur M6.

Pour faire un don, rendez-vous sur le site de l’Institut du Cerveau.

Fiche technique

Havas Group
Chief Creative OfficerJacques Séguéla
Havas Play
PrésidentStéphane Guerry
Directeur Général & Chief Creative OfficerFabrice Plazolles
Vice PrésidentAugustin Penicaud
Directeur Général AdjointRaphaël Marquenet
Planneur Stratégique SeniorEmmanuel Quéré
Directeur de CréationAllan Huon
CopywriterPierre Riboulet
Directrice ArtistiqueCharlotte Merlaud
Creative MakerPauline Gaudin
Senior Project ManagerLaura Carnesecca
Head of DeliveryChristelle Rezgui
Chargée de communicationCélia Zaoui
Réseau médiaHavas Media Network
Head of VideoPhilippe Bigot
Senior Video TraderIsabelle Soupaux
POP – Prose on Pixels France
CEO POPXavier Blairon
Head of createBenjamin Besnaïnou
Head of productionMarine Legoff
ProductricePauline Sallan
Directeur de productionNicolas Duranton
Assistant de productionMartin Lecoq
RéalisateurTristan Séguéla
Directeur de la photographieThomas Caselli
Chargée de communicationLouise Germain
Head of Post ProductionInès Brianceau
Post producteurPierre Maillard
MonteurAxel Segala
Animation & conception 3DRémi Devouassoud
Head of SoundIvan Jovanovic
Producteur SonBenjamin Silvestri
Ingénieur SonGaëlle Senn
Crédits MusiqueAmine Bouhafa, Clara Dethier, 22D Music
Ambassadeur Institut du CerveauOlivier Goy
ClientLes équipes de l’Institut du Cerveau

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