Motion designer : c’est quoi son job ?

Par Thibault D. le 04/01/2018

Temps de lecture : 6 min

Avec ''C'est quoi son job ?'', focus sur les métiers qui feront la com de demain.

Avec le cinéma, la publicité, le clip et le digital, l’animation vidéo a connu un développement continu. Si l’arrivée du web n’a pas eu d’influence notable dans un premier temps, en revanche le haut débit, les progrès de la compression et le virage vidéo des plateformes sociales ont ensuite démesurément accru la demande de contenus vidéo. Une croissance qui a contribué à développer et valoriser le métier de motion designer.

Pour ce nouveau « C’est quoi son job », la Réclame dresse le portrait du motion designer. Quel est son périmètre d’intervention ? Quelles sont ses qualités et quels atouts peut-il mettre au service des annonceurs ? Autant de questions auxquelles Olivier Zaragoza, motion designer pour l’agence FOVE, apporte une réponse.
 

Comment vous définissez-vous en tant que Motion Designer ?

Olivier Zaragoza : Le mot clé, c’est polyvalence. J’ai la double casquette créatif / technicien, pour pouvoir travailler sur toute la chaîne de production d’une animation ou d’une vidéo. Mon rôle est de concevoir et de réaliser des productions graphiques animées avec potentiellement de nombreuses techniques médias : vidéo évidemment mais aussi typo, effets spéciaux, montage sonore, design sonore, animation 3D… Selon les projets, je vais utiliser plusieurs « ingrédients », voire tous. C’est ce mix que l’on retrouve aujourd’hui dans les films institutionnels, les présentations de projets, les clips musicaux, les écrans publicitaires, les posts facebook…
 

Sur quels types de projets intervient un motion designer ? Et à quel moment ?

OZ : Ils sont assez diversifiés. Dans mon agence, j’interviens régulièrement en amont des projets, avec des présentations animées de concepts pour des compétitions. A priori, c’est un habillage pour la création, pour l’exercice de séduction, mais parfois on me demande de l’adapter pour la suite, le budget gagné. A côté de ces « one shot », je conçois des animations de toutes sortes : institutionnelles, commerciales, argumentaires…

Ce qui a boosté mon métier, c’est le changement d’audience : avant, toute la production audiovisuelle était captée par la publicité à la TV ou au cinéma, mais avec la vidéo sur le web, on touche des publics plus larges avec des formats plus courts, plus énergiques et plus ciblés. Par exemple, les posts sur les réseaux sociaux qui sont une part de plus en plus importante de mon travail. Pour assurer la visibilité d’une marque, lancer un produit, créer du « buzz », c’est un format idéal, très dynamique, très rythmé… et pour des coûts très inférieurs aux films publicitaires TV.
 

Concrètement, comment s’organise le travail du motion designer ?

OZ : Cela dépend des projets. Sur certains, je gère toute l’animation seul. Sur les plus ambitieux, je m’intègre à une chaîne de production « bien huilée » pour travailler avec un DA, un animateur 3D, un ingénieur du son, un réalisateur vidéo… Dans tous les cas, à partir d’un brief de l’annonceur, je commence par réaliser des « moodboards » pour proposer l’univers et la tendance graphique de l’animation. Ensuite, je pose un storyboard, pour représenter visuellement l’ensemble des plans du projet. En même temps ou dans la foulée, je réfléchis aux transitions et aux principes d’animation. Je dois absolument suivre ces étapes et bien les faire valider pour assurer la cohérence de la partie graphique en suivant la narration du projet : le client doit pouvoir se projeter dans la future vidéo.

Ensuite, j’entre en phase de production : dérushage, montage, compositing… En parallèle, selon les projets, je vais gérer les choix d’ambiances musicales, un casting, l’enregistrement des voix en studio, le montage audio avec des principes de design sonore. La partie « son » est un métier à part entière, très technique, mais vu les budgets ultra-serrés de certains projets, c’est souvent moi qui m’en occupe… Cela tombe bien : j’adore ça ! Le son fait partie de mes hobbies depuis longtemps : je joue de la batterie dans un groupe où je m’occupe aussi d’enregistrement, d’effets, de mixage… Une passion très voisine en fait !

Côté outils, globalement, j’utilise les logiciels de base : Photoshop, Illustrator, After effects, Premiere… Mais aussi 3DS, Cinema4D ou Encore DVD pour certains projets spécifiques.
 

Pourquoi et comment devient-on motion designer ?

OZ : Même si cela semble évident, il faut avoir du goût pour l’image et pour la musique. Il faut aimer expérimenter, « faire bouger des trucs, pour voir » ! Côté formation, les Motion Designers actuels sortent d’écoles spécialisées (Supinfocom, Les Gobelins, l’ENSAD…) mais moi, je suis plutôt autodidacte. A la base, j’ai suivi une formation graphique traditionnelle puis je suis passé sur Mac très tôt à la fin de mes études et j’ai commencé à travailler en print sur différents supports : packaging, presse, édition, cartographie, catalogues… Mais parallèlement à ça, chez moi, je me suis initié aux premiers logiciels d’animation, pour le plaisir et pour des travaux personnels. C’était un bon entraînement. Du coup, dans ma précédente agence, quand les besoins en multimédia sont devenus évidents, j’étais prêt pour changer de cap : j’ai commencé à travailler sur Macromedia Director puis rapidement sur Flash dès la sortie de ce logiciel. Avec l’arrivée du haut débit, je me suis formé sur After Effects pour réaliser des animations, au départ pour le web puis pour d’autres types de projets.
 

Quels seraient vos conseils pour devenir un bon motion designer ?

OZ : Ce métier demande d’avoir un côté touche-à-tout et ça c’est plutôt un trait de caractère que l’on a ou pas. Il n’y a pas de conseil à donner là-dessus si ce n’est qu’il faut l’exploiter, le développer, le canaliser… Pour cela, il faut acquérir des connaissances techniques pointues sur les logiciels. Donc, il faut apprendre, s’initier, se perfectionner et rester toujours aux aguets, curieux des évolutions car toutes ces technologies évoluent très vite. Je suis donc toujours en « mode veille » et ça concerne aussi les influences créatives : quand je vois une pub ou un film au cinéma, si je repère un effet sympa, je vais forcément chercher à en savoir plus : comment le reproduire ou s’en inspirer ? Avec quelles ressources ?
 

Quels sont les enjeux et les difficultés liés à ce poste ?

OZ : L’enjeu, c’est de rendre le message de l’annonceur le plus impactant, le plus explicite et le plus séduisant possible. Il faut que la narration serve au mieux l’objectif de communication. Pour cela, les formats vidéo courts, ludiques et dynamiques sur lesquels je travaille sont les moyens les plus adaptés.

Concernant les difficultés, je dirai qu’elles sont normales : même si le métier est encore nouveau, on aura toujours cette double exigence sur la créativité et la technique. Mais en fait, je vois ça comme une condition propre au métier. Une vraie qualité serait plutôt de faire preuve de modestie et de souplesse, en se pliant aux contraintes des annonceurs, en acceptant les critiques et la remise en cause de son travail. Selon les caractères, ça peut être une vraie difficulté mais ça se soigne, avec l’expérience. Par exemple, je suis beaucoup plus cool qu’à mes débuts dans le métier !
 

Vers quoi ce poste peut-il évoluer ?

OZ : Le propre de mon métier est d’évoluer en permanence, techniquement et artistiquement, avec les technologies. Ensuite, tout dépend de l’intérêt de chacun pour d’autres aspects complémentaires à son travail. Question d’envie ! Envie d’apprendre, d’explorer, de découvrir des choses nouvelles… et ça, ça ne manque jamais ! Tournage (stop-motion, slow motion, timelapse), prise de vue via un drone, modélisation 3D, texturing, lighting, mixage audio… les perspectives d’évolution sont très larges. Du coup, ça amène le motion designer à jouer de plus en plus un vrai rôle de conseil auprès des annonceurs, pour présenter des avancées technologiques au service de leur communication : c’est plutôt valorisant. En tout cas, je sais que j’ai de quoi nourrir ma curiosité, m’occuper et m’amuser encore longtemps. Je ne suis pas prêt de m’ennuyer !
 

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