Webedia dévoile les 10 tendances du divertissement qui marqueront 2025

Par Myléna T. le 26/05/2025

Temps de lecture : 12 min

Entre IA et vintage.

Le 21 mai dernier, au Grand Rex, Webedia rassemblait marques et experts du secteur à l’occasion de sa conférence “EnterTen”, consacrée aux dix tendances de l’entertainment pour 2025. Organisé par le groupe et animé par Marion Bories, directrice marketing et études du groupe Webedia, l’événement a également marqué la première prise de parole publique – mais à distance – de Christian Bombrun, récemment nommé directeur général.

Pour Webedia, deux grands moteurs transforment aujourd’hui le divertissement : les technologies, mais surtout les usages des audiences. Si les envies restent les mêmes, c’est la façon de consommer ces contenus qui change. Le divertissement est devenu un moment de pause répondant à trois besoins : combler un vide, vivre des émotions, et s’évader. Ce ne sont plus les thématiques qui évoluent, mais les formats, les codes et les canaux.

La Réclame était partenaire de cet événement. Ce qui nous permet aujourd’hui d’avoir un très grand pliaisr à revenir sur les 10 tendances qui façonnent le futur du divertissement en 2025 selon Webedia.

1. Indéboulonnables événements-héros

Malgré l’effacement progressif des frontières entre physique et digital, certains rendez-vous restent incontournables : les événements-héros. Ces temps forts, organisés à un instant précis et dans un lieu donné, rassemblent des communautés autour d’une expérience partagée. Plus que de simples spectacles ou diffusions, ce sont ces moments où l’on se réunit pour vivre ensemble une émotion, ils deviennent des moments de référence, dont on parle dès le lendemain. Ce besoin collectif d’échange autour d’une émotion vécue conjointement explique leur longévité. Et si les grands producteurs historiques les dominaient jusqu’ici, la donne change.

Aujourd’hui, des créateurs de contenu s’emparent à leur tour de ces formats et en redéfinissent les codes. L’exemple de Squeezie, qui a officialisé l’arrivée de son équipe d’eSport Gentlemates, lors d’un événement relayé par une vidéo où apparaissait même Thierry Ardisson, illustre cette montée en puissance. Un clin d’œil à leur ancien différend… mais surtout un symbole de reconnaissance. Ces nouveaux acteurs attirent les foules et structurent eux-mêmes leurs propres rendez-vous. Pour les marques, cela implique un nouveau rôle : faire confiance à des producteurs émergents et s’investir dans des projets parfois moins formatés, mais à fort potentiel d’engagement.

2. Hyperdistribution et pluriconsommation

L’époque où un contenu entertainment ne vivait qu’à un seul moment, sur un seul support, est révolue. Aujourd’hui, ces contenus se déploient sous toutes les formes, à toute heure et sur tous les écrans. Loin du modèle d’alors où un film/série n’existait qu’à un moment précis, sur un écran unique, l’hyperdistribution a complètement bouleversé la donne. À présent, un contenu ne se limite plus à sa diffusion initiale, à une temporalité, il a plusieurs vies. Il se déploie sur une multitude de formats, de plateformes et d’instants : streaming, replays, remasters, spin-offs, et même réactions en direct sur Twitch. Cette hyperextension du « quand », du « comment » et du « où » permet de toucher un public plus large, en multipliant les points de contact et en adaptant le récit aux codes de chaque canal.

Mais au-delà de la simple disponibilité, c’est un véritable travail d’adaptation qui s’opère. Les marques de divertissement ne se contentent plus de diffuser, elles racontent leurs histoires différemment selon que l’on soit sur TikTok, YouTube ou une plateforme SVOD. L’objectif ? Captiver des audiences variées, jeunes, novices, ou déjà conquises, et surtout, donner une seconde vie aux contenus en les rendant intemporels. Ce phénomène s’accompagne aussi d’une dynamique communautaire forte : les fans prennent eux-mêmes la parole, prolongent l’expérience, créent du lien et nourrissent la conversation, offrant ainsi aux marques une visibilité et une longévité inédites.

En somme, l’hyperdistribution n’est plus seulement un mode de diffusion, c’est devenu un véritable écosystème où le contenu entertainment vit, respire, et s’invente sans cesse, partout et tout le temps.

Julien Thomas, directeur des contenus et des audiences chez Webedia, accompagne au quotidien plusieurs marques phares comme Pure Charts, Pure Media ou Allociné. Son rôle consiste à guider les équipes rédactionnelles pour dénicher les histoires les plus pertinentes et trouver la meilleure manière de les raconter afin de capter l’attention d’audiences toujours plus fragmentées. 

Pour lui, l’enjeu n’est pas seulement de raconter une bonne histoire, mais surtout de la réinventer sans cesse, en s’adaptant aux codes propres à chaque plateforme. Par exemple, lors du décès du pape François et de l’élection d’un nouveau pape, Webedia a observé un bond de plus de 1 400 % des visites sur l’affiche du film Conclave, qui nous plonge justement dans les coulisses de ce scrutin singulier. Cette résonance exceptionnelle a permis d’élargir le récit en proposant une sélection de films et séries liés au sujet, tout en allant jusqu’à apprendre que certains cardinaux, dont le futur pape, avaient visionné Conclave pour mieux s’y préparer. Julien Thomas souligne ainsi l’importance d’adapter le contenu aux événements réels, en restant fidèle à l’ADN des marques, pour créer des ponts entre médias, pop culture et actualité.

3. Content Lake, toujours plus grand

Le « Content Lake » désigne l’immense volume de contenus disponibles à tout moment, rassemblant films, séries, émissions et formats variés. Cette offre toujours plus large transforme profondément les habitudes des spectateurs, qui doivent chaque soir naviguer dans un océan de choix pour trouver ce qu’ils souhaitent regarder. Cette abondance est une évolution majeure du paysage médiatique, rendant la consommation culturelle à la fois plus riche et plus complexe. Pour les audiences, ce large éventail peut représenter une vraie liberté, leur permettant de choisir précisément ce qui correspond à leurs envies. Mais cela peut aussi devenir une charge mentale, avec la difficulté de s’y retrouver face à tant d’options et de plateformes. 

C’est là que la curation joue un rôle clé : en guidant les spectateurs à travers cette multitude de contenus, elle leur offre des sélections ciblées et des recommandations personnalisées, facilitant ainsi leur choix et enrichissant leur expérience de visionnage. Netflix a récemment lancé un chatbot, disponible sur iOS pour le moment, qui permet aux utilisateurs de recevoir des recommandations personnalisées en fonction de leurs envies du moment, pour leur permettre de faciliter leurs choix.

4. Le comeback du téléviseur

Longtemps perçu comme un écran en perte de vitesse face à l’explosion du mobile et du PC, le téléviseur fait un retour remarqué dans les foyers. Mais ce comeback ne signifie pas un retour à la télévision linéaire : ce qui change, c’est l’usage. Les Français passent toujours environ quatre heures par jour avec la télé allumée (Médiamétrie), mais ce temps se partage désormais entre jeux vidéo, streaming musical, VOD, chaînes FAST, podcasts ou encore visionnage de vidéos sur YouTube. Le téléviseur reste l’écran central, mais il s’adapte aux pratiques d’aujourd’hui. 

Ce retour en grâce se confirme dans les chiffres. Chez Webedia, certaines chaînes YouTube comme celles d’Antoine, Inoxtag ou Charles & Mélanie voient jusqu’à 40 % de leur audience venir de la télévision connectée. Les chaînes comme Box Office, dédiées à des films accessibles gratuitement, montent même à 50 %. Cette bascule vers un visionnage sur grand écran pousse les créateurs à adapter leurs formats. Les plateformes et les annonceurs suivent également, conscients que ces nouveaux usages offrent des opportunités de visibilité en plein cœur du salon, là où l’attention est la plus forte et souvent partagée entre plusieurs membres du foyer.

5. En pleine vintage era

Cette cinquième tendance met en lumière un phénomène culturel majeur : le retour en force du passé dans nos contenus et nos imaginaires collectifs. Séries cultes ressuscitées, franchises intemporelles ressurgissent à chaque génération, produits et personnages des années 80, 90 et 2000 reviennent comme un boomerang. Ce mouvement, nourri par une envie de cocooning et de références partagées, ne se limite pas à la simple nostalgie : il s’inscrit dans une quête de repères, dans un monde où les mutations sociales, technologiques et politiques sont constantes. C’est aussi un terrain de jeu pour les marques et les créateurs de contenus qui réactivent des références majeures tout en leur insufflant des enjeux contemporains, comme on a pu le voir avec Danette dernièrement. 

Mais cette nostalgie n’est pas sans enjeux. Comme le souligne Marion Bettiol, rédactrice en chef de Dr.Good! et de Terrafemina,  elle ne peut ignorer les failles du passé : sexisme, normes toxiques, invisibilisation… Aujourd’hui, le vintage ne peut plus être simplement esthétique ou affectif : il doit être critique, enrichi d’un regard lucide et réactualisé. Un bon exemple est la série Bref, qui a su évoluer de son format humoristique initial – et court – vers des sujets plus profonds comme la santé mentale ou les relations toxiques, ouvrant ainsi de vraies discussions auprès de son public. 

Le retour des figures emblématiques s’accompagne désormais d’un engagement : la chanteuse Lorie, par exemple, ne se contente pas de rejouer les années 2000, elle parle d’endométriose et anime des talks engagés. La tendance « vintage » devient ainsi une passerelle entre les générations, un outil de réflexion sur nos identités construites par la pop culture, et un levier puissant pour réinventer le présent avec sens et authenticité.

6. Représenter le réel

On observe aujourd’hui dans les contenus de divertissement une volonté marquée d’aborder des sujets authentiques, souvent complexes, parfois encore tabous. L’enjeu dépasse la simple distraction : il s’agit d’ouvrir le dialogue, que ce soit en famille, entre collègues, ou à une échelle plus large, celle de la société. Cette évolution s’appuie sur une montée de la vulnérabilité et de la sincérité dans les récits, où les créateurs n’hésitent plus à dévoiler des réalités difficiles, contribuant à déstigmatiser ces thématiques et à libérer la parole.

Comme l’explique Xavier Rambert, responsable d’études chez Glance/Médiamétrie, « ces contenus vont de plus en plus loin dans la vulnérabilité, et permettent de lever le voile sur des réalités difficiles, ouvrant ainsi la parole sur des sujets compliqués. » Des séries comme Dates in Real Life en Norvège, qui traite des relations amoureuses dans un monde ultra-connecté, montrent comment les diffuseurs traditionnels investissent ces histoires pour toucher un public jeune, généralement volatile et en quête de sens. Ces œuvres vont au-delà du simple divertissement : elles deviennent de puissants vecteurs de réflexion sociale, alliant engagement, émotion et réalisme.

7. Échappatoire et catharsis

En 2025, les contenus de divertissement balancent fortement entre deux pôles opposés, illustrant cette 7ème tendance. D’un côté, on trouve des univers doux et rassurants : des films, séries, jeux vidéo ou livres qui offrent un refuge chaleureux, un cocon feel good où règnent l’amitié, l’amour, l’humour simple et les plaisirs coupables. Ces contenus permettent au public de s’évader momentanément, de poser un regard bienveillant sur le monde, et de trouver un peu de réconfort face aux difficultés du quotidien.

À l’opposé, une autre facette se dessine : celle d’une catharsis plus brute, où la violence, la rébellion et le cynisme s’expriment pleinement. Ici, on suit des (anti)héros sans foi ni loi, des figures parfois « méchantes » qui défient les règles, agissent par vengeance ou revendiquent une liberté individuelle radicale. Cette polarisation révèle un besoin profond chez les audiences de fuir la complexité du monde actuel, soit par la douceur d’une échappatoire bienveillante, soit par l’exutoire puissant d’une violence cathartique. En bref, 2025 voit les contenus de divertissement se déployer entre ces deux extrêmes, répondant à une quête simultanée de réconfort et de libération.

8. Fan Wars

En 2025, les communautés de fans prennent une place centrale dans l’écosystème du divertissement, allant bien au-delà du simple soutien. Elles s’organisent, s’expriment, revendiquent – parfois avec ferveur, parfois avec virulence. On assiste à une intensification de l’engagement, où défendre une œuvre ou un artiste devient une affaire de principe, voire d’identité. 

Cela peut se traduire de manière positive, comme avec les fans de Ghibli mobilisés contre l’IA, ou les supporters de la Karmine Corp qui structurent leur soutien à la manière d’un club de foot, avec chants, rituels et merchandising. Mais cela peut aussi basculer : critiques violentes envers les créateurs jugés infidèles à l’esprit original de leurs œuvres, tensions internes entre « vrais » et « faux » fans, ou attaques contre ceux considérés comme illégitimes dans une communauté, comme on l’a vu autour du concert de Bad Bunny. Ou comment la frustration autour d’une vente de billets en ligne révèle les plus bas instincts…

Pour répondre à cette quête de reconnaissance, les plateformes introduisent des systèmes de distinction. Les badges deviennent l’outil emblématique de ce nouveau contrat entre créateurs et communautés. Sur Twitch, YouTube ou Discord, ils permettent d’identifier les contributeurs les plus actifs ou les soutiens financiers, et d’accéder à des privilèges : contenus exclusifs, salons réservés, interactions privilégiées. Ce mécanisme transforme l’engagement en monnaie sociale : avoir un badge, c’est afficher son ancienneté, sa loyauté, son “vrai” statut de fan. Un moyen d’appartenance.

9. IA : Réinventer la créativité

En 2025, l’intelligence artificielle reconfigure profondément les dynamiques créatives dans le divertissement. Longtemps limitée à des fonctions techniques ou logistiques, elle devient désormais un partenaire à part entière dans les processus de conception. Loin de remplacer les artistes, elle leur propose une nouvelle manière de penser : générer des combinaisons d’idées, explorer des liens inattendus, et ouvrir le champ des possibles.

Comme le résume Xavier Perret, directeur de l’entité Azure chez Microsoft : « Ce n’est pas l’IA qui est créative. En revanche, elle va permettre de générer des liens que l’on n’aurait pas vus. » L’IA devient ainsi un outil de stimulation, une interface entre données et intuition humaine. Elle offre une accessibilité inédite aux moyens de production créative, mais sa puissance appelle à une vigilance : l’émotion, le sens, l’intention doivent rester du côté de l’humain.

Le défi n’est donc pas technologique, mais artistique : comment intégrer l’IA sans diluer la voix singulière du créateur ? La réponse passe par un nouvel équilibre, dans lequel l’humain dirige, sélectionne, tranche et où l’IA, loin de l’autonomie, reste un outil au service d’une sensibilité.

10. Entertaining Entertainment

La dernière tendance met en lumière la manière dont le divertissement existant est repensé pour devenir encore plus captivant. Il s’agit d’innover en revisitant les formats classiques avec des règles inédites, des mécaniques d’immersion, de gamification et de collaboration entre univers différents. Cette tendance montre clairement que les publics ne consomment plus le divertissement de façon cloisonnée : ils s’approprient les contenus, les font vivre et participent activement à leur transformation. Cela implique pour les créateurs d’être à l’écoute des usages et des attentes des communautés, qui réinventent eux-mêmes les codes du divertissement.

Charlotte Denaud et Elise Castel, productrices chez Elephant Story, illustrent bien cette approche en adaptant des œuvres qui parlent à la jeunesse actuelle. Pour elles, rester connecté aux préoccupations et aux codes culturels des jeunes est essentiel, notamment via la diversité des personnages et des talents issus des réseaux sociaux. Elles soulignent aussi l’importance d’un format adapté à la rapidité de consommation des nouvelles générations, avec un rythme soutenu et des thématiques qui résonnent avec leurs réalités. Au-delà de la nostalgie, il s’agit de créer du contenu « cool » et authentique, capable de séduire un public urbain et connecté.

Les tendances révélées par Webedia pour 2025 montrent un divertissement en profonde transformation, porté par les avancées technologiques et l’évolution des usages.L’intelligence artificielle, le retour du vintage repensé, et l’hyperdistribution des contenus redéfinissent la manière dont les audiences consomment et s’approprient le divertissement. Plus qu’un simple moment de distraction, il devient un espace d’authenticité, d’engagement et d’immersion, où communautés et créateurs collaborent pour offrir des expériences à la fois collectives et personnalisées, en phase avec les attentes d’un public toujours plus connecté et exigeant.

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