Aux Etats-Unis, avant la France ?
C’est la nouvelle marotte de Meta pour s’aligner à la philosophie de la présidence Trump : passer du fact checking aux community notes, comme son nouveau modèle X d’Elon Musk (ou inversement).
En janvier dernier, l’entreprise a annoncé la fin de son programme de vérification par des tiers pour privilégier un système collaboratif, inspiré de celui de X. Ce changement, qui débute le 18 mars aux États-Unis, permettra à des contributeurs volontaires d’évaluer et d’enrichir le contexte des publications sur Facebook, Instagram et Threads. L’objectif affiché est de tester cette nouvelle approche progressivement, en ouvrant l’accès à une partie des 200 000 inscrits tout en ajustant le fonctionnement avant toute publication publique des notes.


Contrairement à l’ancien modèle où des organisations spécialisées et médias validaient ou réfutaient des contenus, ce sont désormais les utilisateurs qui apporteront des précisions aux publications. Meta affirme que ces notes ne seront visibles que si des contributeurs aux opinions divergentes jugent qu’elles apportent un éclairage utile. D’après Menlo Park, ce dispositif vise à limiter les biais tout en empêchant des groupes organisés d’influencer la validation des notes. Les contributeurs devront ainsi respecter plusieurs critères, comme l’ancienneté de leur compte (au moins six mois) et l’activation d’une double authentification. D’abord disponible en six langues aux États-Unis, cette fonctionnalité exclura, dans un premier temps, les contenus publicitaires.

Dans une précédente interview accordée à la Réclame, Laurent Buanec, directeur France de X, se posait en ferveur défenseur des community notes estimant qu’elles n’avaient “pas d’équivalent aujourd’hui en matière de fact-checking collaboratif” puisque “le système a été conçu pour éviter les biais de meute et les tentatives de manipulation”.
“Contrairement à d’autres systèmes de modération, où les utilisateurs peuvent se regrouper en fonction de leurs affinités, ici les contributeurs ne savent pas qui évalue les notes. Pour qu’une annotation soit mise en ligne, il faut qu’un consensus se dégage entre des personnes qui, dans d’autres contextes, seraient probablement en désaccord.”

Meta s’appuiera sur l’algorithme en open source de X pour structurer son système d’évaluation, tout en prévoyant de l’adapter progressivement à ses propres plateformes. En supprimant les sanctions liées aux vérifications factuelles – qui pouvaient limiter la diffusion des publications concernées – l’entreprise veut miser sur une approche participative où les notes servent à contextualiser plutôt qu’à censurer. Si l’expérimentation se révèle concluante, Meta envisage d’étendre petit à petit Community Notes à d’autres marchés, tout en maintenant temporairement son programme de fact-checking tiers en dehors des États-Unis.