Qui se cache derrière le compte Instagram Mèmes d’agence ?

Par Élodie C. le 13/03/2023

Temps de lecture : 4 min

C'est l'histoire d'un commercial qui a voulu ré-écrire une accroche.

Vous avez sans doute déjà partagé l’un de leurs mèmes, ri sous cape devant le portrait drolatique et cash qu’ils font de la vie en agence et des personnes qui y gravitent. Ou vous vous êtes peut-être reconnus dans l’une des situations décrite (on compatit). Qui se cache derrière le compte Mèmes d’agence ? Réponse dans cette interview exclusive.

Vous avez opté pour l’anonymat : qui êtes-vous ? Qui n’êtes-vous pas ? Combien êtes-vous derrière ce compte ?

Mèmes d’agence : Sans grande surprise, on travaille tous ou on a tous travaillé en agence. Côté nombre, on est plus nombreux que dans l’open space de créatifs avant 9h du matin, mais moins que le nombre de retours clients sur une story Instagram. Donc ça se compte sur les doigts d’une main.

Pourquoi ce choix, le monde de la publicité est un univers si impitoyable avec ceux qui osent en rire ?

M.d’A. : Au début, l’anonymat c’était pour se donner plus de liberté. Mais finalement le vrai intérêt c’était surtout qu’on ne vienne pas nous faire des débriefs de nos mèmes à la machine à café ou qu’on nous suggère de faire des mèmes sur les RH, alors qu’on sait très bien que les RH en agence, ça n’existe pas.

C’est aussi un peu compliqué d’avouer à quelqu’un : “Oui, le mème agressif sur les commerciaux, c’est moi qui l’ait inspiré”. Et puis globalement en agence, les gens vivent pour les crédits toute l’année, alors pour une fois, autant garder l’anonymat.

Pourquoi avez-vous lancé cette page ? Un événement en particulier ?

M.d’A. : On n’a pas un storytelling fou autour de la création de la page parce que ça résultait d’aucun événement spécifique. On partageait régulièrement nos mèmes à nos collègues, parce qu’on ne se retrouvait pas toujours dans les quelques comptes qui existaient, et on s’est dit qu’on pourrait les partager à un cercle plus large. Avec le stock qu’on avait, on pouvait tenir quelques mois pour le lancement. On en avait tellement que lorsque le confinement est arrivé quelques mois plus tard, on a presque pu en publier un par jour (ouvré, évidemment).

Quels sont vos sujets de prédilections, ou peut-être vos têtes de turcs ?

M.d’A. : Comme un bon créatif ou planneur, on est toujours en quête de “l’insight qui va faire mouche”. Ce petit moment de vie d’agence insignifiant mais qu’on a tous vécu. On n’a pas de têtes de turcs, on essaye de taper sur tout le monde, même si les clients et les commerciaux sont des cibles faciles. Maintenant qu’on a un peu de recul, on se dit qu’on a peut-être pas mal épargné les planneurs, la prod… et les journalistes *regard appuyé*.

Comment le secteur des agences réagit à vos publications ?

M.d’A. : Les gens likent les publications, les commentent et parfois les partagent en story !

Blague à part, on a pas mal de retours positifs en commentaire ou en message privés, ça a l’air de plaire aux gens et c’est le principal. Ça montre aussi que les gens vivent souvent les mêmes situations (galères ou joies) quelle que soit l’agence.

Quel est votre plus grand succès ? 

M.d’A. : Tous les mois on fait un bilan SoMe avec des KPIs précis pour ensuite en tirer des learnings et optimiser nos créas. On a compilé les bilans annuels des 3 dernières années et si on se base sur le nombre de likes, le plus gros succès du compte c’est… Non c’est faux on ne fait pas du tout ça, on ne regarde pas les perfs de nos posts, on publie ce qui nous fait marrer et le vrai succès, ce sont vos rires. Et oui, il y a des cœurs sensibles derrière nos écrans.

Avez-vous eu des surprises depuis le lancement du compte ? 

M.d’A. : Le fait de répondre à une interview pour la Réclame, juste parce qu’on fait des mèmes sur notre boulot, c’est une belle surprise, non ?

Quelle est l’étape d’après ?

M.d’A. : Instagram sera bientôt dépassé comme Facebook l’est. On aurait pu essayer de faire grimper le compte sur une autre plateforme, mais on est bien dans notre confort, ça doit rester un plaisir plus qu’une contrainte de gérer la page. Et puis on est limité : la forme parfaite d’un compte de mèmes ou de blagues sur la vie d’agence, c’est un compte Twitter à la R/GA. Une agence qui bitche sur les absurdités de la vie d’agence, c’est imbattable.

Donc notre prochaine étape sera de revendre le compte au plus offrant, histoire de tirer quelque chose de concret de cette histoire… La pub, ça paye plus.

Pourriez-vous résumer l’état actuel du monde de la publicité en un mème ?

M.d’A. : Faudrait demander à ChatGPT de trouver un insight bien grinçant pour le donner à Midjourney et ensuite en faire un NFT, puis en faire la promo en achetant 10s sur TF1 pour faire apparaître un QR code et avec un peu de chance on le vendra 0,002 ETH sur une plateforme au nom imbitable… 

En vrai, on est comme tout le monde (enfin les gens normaux), on n’a aucune certitude sur ce qui va venir, à part une : si on ne rit pas de nous-mêmes, quelqu’un d’autre le fera à notre place.

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