Le FESPACO, Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou, s’est ouvert ce samedi 23 février dans la capitale du Burkina Faso. Il s’agit du plus grand festival de cinéma d’Afrique.
Pour son édition 2013, le FESPACO lance une innovation citoyenne de taille : pour la première fois, les cinq sections du festival sont présidées par des femmes.

« C’est un message souverain que nous transmettons à toute la communauté internationale» dit Michel Ouedraogo, délégué général du FESPACO. Quand l’Afrique montre la voie au monde sur la mise à l’honneur des femmes, cela a du panache !
Jackie Motsepe (Afrique du Sud) préside le jury TV et vidéo numérique ; Wanjiru Kinyanjui (Kenya) le jury court-métrage et film d’école ; Osvalde Lewat-Hallade (Cameroun) le jury documentaire et Beti Ellerson (USA) le jury diaspora. Quant au Grand Jury (fiction long métrage), il est présidé par la réalisatrice de Rue Cases Nègres et Une Saison Blanche et Sèche Euzhan Palcy (Martinique). C’est elle qui attribuera le grand prix : l’étalon d’or de Yennenga, nommé d’après la Princesse Yennenga, célèbre amazone et reine-mère du peuple mossi de l’actuel Burkina Faso.
Dans le film de promotion de ce festival conçu gracieusement par l’agence BETC et produit gracieusement par Rita Films, Euzhan Palcy raconte à trois petites filles africaines la légende de la Princesse Yennenga.
Il existe plusieurs versions de cette légende. Celle qui est racontée ici présente Yennenga comme une cavalière et guerrière émérite, tenue éloignée des combats par son père : « une fille n’est pas faite pour se battre, mais pour faire la cuisine et faire des enfants ! » disait-il. Tenu en échec par une tribu voisine, il accepta enfin d’envoyer sa fille au combat. Elle remporta la victoire, et en plus, elle fit la paix avec les ennemis. Depuis ce jour on dit : une fille n’est pas seulement faite pour faire la cuisine et faire des enfants. Elle est aussi faite pour faire des conquêtes, et faire des affaires, et faire si ça lui chante, du cinéma !
Cette légende a une résonance spéciale pour Euzhan Palcy, qu’Aimé Césaire appelait sa petite guerrière. Elle est la première cinéaste noire produite par une major de Hollywood (MGM), la seule femme qui ait dirigé le légendaire Marlon Brando, la première personne noire (homme ou femme) césarisée (Rue Cases Nègres). Pendant la préparation de son film anti-apartheid (Une saison Blanche et Sèche), elle entra dans Soweto, sous un autre nom, leurra la police spéciale et se fit passer pour une chanteuse à la recherche de choeurs sud-africains - avec la complicité d’un médecin, ami de Nelson Mandela et de Desmond Tutu.
1,5 millions de festivaliers sont attendus pour voir les 170 films dont 101 en compétition en provenance de 35 pays. Le FESPACO est le plus grand événement culturel d’Afrique.