Quand la dystopie devient un argument publicitaire.
À San Francisco, la startup d’intelligence artificielle Artisan, soutenue par le plus célèbre des accélérateurs, Y Combinator, a lancé une campagne publicitaire provocante pour promouvoir ses « Artisans », des assistants virtuels destinés à remplacer les humains dans la relation client et la vente. Avec des slogans comme « Embauchez des Artisans, pas des humains » ou encore « L’ère des employés AI est là », la campagne, qui inonde les rues de la ville, joue sur un imaginaire dystopique pour capter l’attention.
Sans grande surprise, cette campagne a suscité son lot de réactions négatives, choquant la plupart de ceux qui croisent son chemin. Et si on en croit Artisan dans un communiqué officiel, la société a pris un malin plaisir à mettre de l’huile sur le feu, en aliment elle-même la controverse sur les médias sociaux.
Interrogé par SFGate, le CEO d’Artisan, Jaspar Carmichael-Jack, assume le caractère volontairement dérangeant des affiches : « Elles sont quelque peu dystopiques, mais l’IA l’est aussi ». « La façon dont fonctionne le monde est en train de changer. » ajoute le dirigeant : « Nous voulions quelque chose qui attire l’attention — vous n’attirez pas les regards avec des messages ennuyeux. » L’idée ? Sortir du lot dans un secteur hyper-compétitif et associer l’idée “d’employés virtuels” avec le nom Artisan.
Cette démarche interroge sur les dérives des acteurs de la tech, qui semblent désormais abandonner l’idée de « rendre le monde meilleur » pour embrasser un avenir où la productivité prime sur l’humain. Si Artisan réussit à faire parler de son service, elle illustre aussi la tension croissante entre innovation technologique et responsabilité sociale dans la Silicon Valley.
Pourtant, malgré la controverse sur cette campagne, les résultats sont sans appel : 70 % des habitants de San Francisco connaitraient maintenant la startup, contre 5 % auparavant. Ahrefs a même classé Artisan n°2 des entreprises d’IA à la croissance la plus rapide en termes de recherches de marque, et cela leur a valu des milliers de rendez-vous commerciaux.
Comme quoi, la communication polémique n’a pas perdu en puissance.
