Le secret d’EDG pour passer de 0 à 200 millions de chiffre d’affaires en 3 ans

Par Xuoan D. le 12/09/2022

Temps de lecture : 7 min

Éloge des synergies avec Vincent Klingbeil.

En rachetant des sociétés comme les BigBoss (événements), Orès (communication / brand content), Follow (influence), Axome (e-commerce), Ad’s up (achat média digital), l’European Digital Group de Vincent Klingbeil a connu une croissance spectaculaire en 3 petites années.

Cette réussite a su déjouer les obstacles rencontrés sur sa route, comme une pandémie de près de 2 ans, avec un modèle de holding adossé à un fonds de private equity, Montefiore Investment.

Jusqu’où l’EDG et son fondateur souhaitent-ils aller ? Martin Sorrell, Publicis et Accenture trembleront peut-être à la lecture de cette nouvelle interview Parole d’entrepreneur…

Le précédent interviewé de notre rubrique Parole d’entrepreneur était un certain Sir Martin Sorrell. Qu’est-ce que cela fait de succéder ainsi à ce qui semble être un modèle pour vous ?

Vincent Klingbeil : C’est quelqu’un que j’admire beaucoup, j’en parle dans toutes mes interviews, on s’inspire beaucoup de lui.

À quel point justement ? 

V.K. : Nous aurons l’occasion d’y revenir dans cette interview mais European Digital Group et S4 Capital sont sur des modèles très proches.

Comment jugez-vous la situation économique Française au 2nd semestre 2022 ? Est-ce que cela pourrait avoir un impact sur la croissance de votre groupe ?

V.K. : Les prévisions ne sont pas très optimistes, mais je le reste pour plein de raisons. Dans chaque difficulté, on peut trouver des opportunités. Et là, il va y en avoir beaucoup ! Des appels d’offres vont être lancés pour re-challenger des acteurs existants. 

Aujourd’hui, EDG a toujours surperformé le marché. Même si le marché est amené à baisser – ce à quoi je ne crois pas – on essaiera toujours de le surperformer.

L’accélération digitale reste la priorité de tout le CAC40, de toutes les ETI, de toutes les PME. Les budgets concernés ne seront pas les premiers à être diminués. 

Nous restons vigilants mais n’avons pas du tout revu à la baisse nos objectifs. Nous sommes confiants sur le fait que nous les atteindrons en 2022. Et nos prévisions restent très ambitieuses sur 2023.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer European Digital Group ?

V.K. :  Je vais vous parler de mon parcours pour que vous puissiez avoir le cheminement. Je suis un ancien avocat d’affaires reconverti dans le digital. J’ai monté plusieurs startups, puis une société de services dans le digital qui s’appelle Ametix qui est passée de 0 à 500 personnes en 5 ans. On a ensuite revendu cette société au groupe La Poste, et j’ai donc été postier pendant quelques années. J’ai adoré cette expérience. C’est un groupe formidable qui s’est beaucoup transformé car son activité principale, le courrier, baisse de 6 % par an, il fallait se réinventer.

Pour répondre, comment est né le projet European Digital Group ? Je me suis associé avec le fonds de private equity Montefiore Investment, qui voulait racheter Ametix, ma société précédente, avant que l’affaire ne se fasse finalement avec La Poste. On est resté en contact, et c’est comme cela que l’on a créé European Digital Group.

Quelle était la vision initiale d’European Digital Group ?

V.K. : Et bien, elle n’a pas changé. Notre vision a été de monter un nouvel acteur dans l’accélération digitale, composé d’ultra spécialistes dans chaque levier pour créer une offre globale à destination des grands groupes, des ETI et des PME. Et c’est exactement ce que l’on a fait en s’associant avec des entrepreneurs.

Nous avons connu une hyper croissance depuis l’été 2019 en passant de 0 à 200 millions de chiffre d’affaires, avec 50 % de croissance organique et 50 % croissance externe. Tout en maintenant un modèle très rentable, et c’est important de le souligner dans les sociétés de service, avec plus de 20 % d’EBITDA chaque année.

Ce modèle existait-il déjà sur le marché ?

V.K. : Des groupes se créent à partir de build-ups [ndlr : le fait de créer de la croissance externe via des acquisitions d’autres entreprises]. Notre particularité est d’avoir réussi à créer des synergies entre nos différentes sociétés. Sachant que tous les fondateurs restent actionnaires de leurs sociétés mais sont également associés au sein du groupe, ce qui va favoriser le partage de leads et de bonnes pratiques. 

Tous les groupes mettent en avant leurs synergies idylliques dans leurs discours, mais en pratique, on observe que les annonceurs n’ont pas forcément envie de tout confier à une même entreprise. Comment faites-vous en sorte que cela fonctionne ? 

V.K. : C’est à la carte. Certains clients ne font appel qu’à une entreprise, parfois à 10 du groupe. Nous sommes capables de les accompagner simultanément sur tous les leviers proposés.

Nous ne nous présentons pas comme des généralistes qui savent tout faire. Notre différence est que toutes les sociétés du groupe sont indépendantes et ultra spécialisées. Elles rassemblent chacune autour de 100 personnes expertes d’un levier. Nous ne mettons pas de concurrents dans le même groupe. Et quand c’est le cas, nous effectuons des build-ups en fusionnant les sociétés rachetées avec la tête de pont. Ce fut notamment le cas pour les BigBoss, Ad’s up, Ores… Ils ont tous déjà racheté des sociétés.

EDG, en tant que holding, va également accompagner les entreprises du groupe dans leur développement commercial avec des leads et de l’aide pour des appels d’offres. Nous avons aussi une équipe M&A dédiée pour les aider à se développer.

Notre plus grande réussite est que l’on s’entend hyper bien. Lors du processus de sélection des entreprises et des entrepreneurs, on ne retient que des profils hyper “team players”, portés sur l’entraide. Ce qui permet au groupe d’avoir 30 % de son chiffre d’affaires issu de synergies.


Est-ce qu’il vous manque aujourd’hui des entreprises dédiées à certains leviers ?

V.K. : On a un puzzle à remplir, il en manque encore ! (rires) On s’intéresse au social listening, qui est un levier que l’on veut vraiment avoir dans notre offre. Nous sommes également sur une grosse acquisition pour de la data science.

Ce qui nous distingue du groupe S4 Capital de Martin Sorrell – même s’il veut élargir son offre – est que nous assumons totalement le fait de mélanger du digital marketing, de la com’ digitale et de l’IT. Nous avons une entreprise dans la cybersécurité, Metsys, et Wold dans la transformation digitale. Nous souhaitons l’accélération digitale de nos clients, et que les directeurs marketing, du digital et des SI puissent travailler ensemble.

Le groupe fait l’acquisition d’entreprises existantes, mais est-ce que vous en créez aussi ?

V.K. : Nous avons 5 projets en cours de création, que nous appelons les “speed boats”. Wold a été créée avec 2 entrepreneurs, rejoints par déjà 50 talents au bout d’un an.

Vous agissez comme un startup studio pour ce type de créations ?

V.K. : Exactement. Nous repérons des entrepreneurs talentueux, nous nous associons avec eux. Ils sont fortement représentés au capital de la société. Ils peuvent être majoritaires ou minoritaires. Nous allons leur donner tous les moyens, les synergies EDG notamment, pour réussir.

Nous créeons des speed boats au sein du groupe, mais cela peut aussi être le cas au sein des entreprises du groupe : Orès a par exemple créé 140 Quick Content Factory, spécialisé dans le snack content. Avec Follow, nous allons en créer 3 autres, ainsi qu’un avec les BigBoss.

On va continuer une politique de croissance externe. Pas mal de LOI en exclu.
Montefiore gère 2,5 milliards


3 leviers principaux : croissance orga, croissance ext, création de speed boats.

Avez-vous des objectifs d’ “exits” comme c’est le cas dans les fonds au bout de X années ? Ou l’idée est-elle plutôt de bâtir un groupe de plus en plus étendu sur le long terme ?

V.K. : On ne recherche pas du tout d’exit à court, à moyen ni même à long terme. Ce serait dommage de revendre à un industriel maintenant. Notre investisseur actuel adore le projet et est prêt à nous soutenir sur le moyen terme. Nous ferons entrer d’autres investisseurs si besoin, et si certains souhaitent sortir, nous réaliserons des LBO successifs.

Je vois EDG comme un projet à 15-20 ans qui peut devenir un mélange entre un nouveau Publicis et un nouvel Accenture, nouvelle génération. Avec que des nouveaux métiers ! Donc, non, nous ne sommes pas à vendre.

Comment voyez-vous votre modèle évoluer dans les 5 années à venir ?

V.K. : Nous tablons sur 15-20% de croissance organique par an, et doubler en croissance externe. En termes d’offre, nous souhaitons compléter notre offre avec plus d’IT et de data. Nous allons continuer à renforcer nos technologies pour demeurer des sociétés de conseil outillées. Nous créeons aussi des offres croisées entre nos différentes sociétés. Ad’s up, sur l’acquisition, et Follow ont par exemple créé Follow Up, une offre d’influence à la performance.

Et surtout, surtout… notre objectif est de dépasser Martin Sorrell. Et qu’il vienne nous voir d’ici 5 ans pour qu’on l’aide un petit peu. Ou pour qu’on le rachète !

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