Quelle est la meilleure agence digitale du marché ?

Par Mégane G. et Xuoan D. le 18/02/2016

Temps de lecture : 22 min

Au moment de faire évoluer son écosystème digital, quelles questions un annonceur doit-il se poser pour s'assurer de choisir la meilleure agence digitale pour sa marque ?

Après le classement des agences publicitaires à partir de nos données, nous avons cette fois-ci mené l’enquête auprès de dirigeants d’agences, de holding, de cabinet de sélection, et d’annonceurs.

Pour prolonger la conversation, un challenge social media à la fin de l’article vous permettra également d’élire la meilleure agence digitale du marché. Découvrez vite l’agence qui a recueilli le plus de votes !

Intervenants

Julien Chailloux
Directeur Général Adjoint
1000mercis

Arnaud Monnier
CEO
[tag]Altima[/tag]

Olivier Vigneaux
CEO
BETC Digital

Marilyne Lacaze
Head of Digital
[tag]Compagnie des Alpes[/tag]

Mathieu Morgensztern
PDG France / Europe de l’Ouest
DigitasLBi Paris

Davy Tessier
CEO
Disko

Lucas Denjean
Directeur Général
Extrême Sensio

Yannick Bolloré
Président-Directeur Général
Havas

Pascal Nessim
Co-Président
[tag]Marcel[/tag]

Richard Verglas
Directeur Général
Mazarine

Stéphane Paredes
Fondateur
Napoléon Agency

Alexandre Castaing
Associé
[tag]Sweet Punk[/tag]

Fabrice Valmier
Co-dirigeant
VTscan

Sandrine Plasseraud
Directrice Générale
[tag]We Are Social[/tag]

Le contexte

Comme l’indique Julien Chailloux, DGA de 1000mercis, « l’écosystème digital est très loin de s’apaiser et continue de proposer chaque matin de nouvelles solutions. Il y a toujours plus d’innovations technologiques permettant chaque jour de réinventer la communication des marques. Les usages changent plus vite que jamais. » Des usages menés par des individus « ultra-connectés et ultra exigeants » vis-à-vis des marques selon Sandrine Plasseraud, directrice générale de l’agence We Are Social.

Pourquoi une telle exigence ? Car comme l’explique Yannick Bolloré, PDG du Groupe Havas : « le digital est désormais au cœur de l’expérience client, et donc des préoccupations des annonceurs ».

Comment en sommes-nous arrivés là ? Pour Marilyne Lacaze, head of digital de la Compagnie des Alpes, « Nous sommes passés de la 1ère transition digitale dans une « ère du produit » à la 2ème transition digitale dans une « ère du consommateur » à partir des années 2010, marquée notamment par le déploiement des applications mobiles. La 1ère transition digitale s’était déployée dans un « monde compliqué », qui se caractérisait par l’optimisation de la performance de chacune des plateformes digitales en silos (sites web, médias sociaux, acquisition…). La clé du succès autant côté annonceurs qu’agences digitales était alors de disposer d’expertises pointues dans chacun de ces domaines. Avec la 2ème transition digitale caractérisée par la mobilité des consommateurs, les annonceurs et les agences doivent se différencier par la proposition d’expériences à valeur ajoutée sur l’ensemble du parcours : digitalisé et non digitalisé. »

De tels changements ne se font pas sans soulever « des problématiques profondes et centrales de mutation des entreprises » selon Olivier Vigneaux, CEO de BETC Digital. Si bien que « beaucoup d’acteurs sont candidats pour les accompagner. Le champs concurrentiel des agences s’est ainsi beaucoup élargi avec l’arrivée des cabinets de conseils en stratégie, des groupes média, en passant par les spécialistes de la production de contenus, ou encore les grandes plateformes digitales elles-mêmes. » Ces nouveaux entrants contribuent notamment à « l’atomisation générale de l’investissement publicitaire des annonceurs » selon Pascal Nessim, co-président de Marcel.

Face à un tel contexte, l’offre des agences évolue, tout en se complexifiant selon Sandrine Plasseraud, perdant en lisibilité, « si bien que les annonceurs pitchent aujourd’hui plus une agence de par sa notoriété que de par son expertise. »

Voyons comment aider les annonceurs à y voir plus clair, tout en se posant les bonnes questions !

Quelles sont les qualités de la meilleure agence digitale ?

Comprendre et transformer

Pour Fabrice Valmier, co-dirigeant de VTscan, cabinet leader en sélection d’agences, les annonceurs doivent rechercher 4 qualités auprès d’une agence digitale :
1. « La compréhension de l’entreprise / du client, de sa ou ses marque(s) et de sa culture »
2. « En conséquence, la compréhension de son écosystème de communication global »
3. « Ensuite, la compréhension de l’écosystème digital global du client, et du périmètre que cette agence doit traiter en lien avec le budget qui lui est alloué. »
4. « Et pour finir, être capable d’ajuster ses réponses en fonction de la maturité digitale du client. Sa maturité d’aujourd’hui, à relier à celle de demain, pour apporter une pierre dans la transformation numérique de cet annonceur. »

Davy Tessier, CEO de Disko confirme particulièrement le point 4 : la principale qualité d’une agence digitale est « de faire progresser les annonceurs, en conjuguant innovation et créativité, tout en apportant toujours plus de valeur à ses clients ».

Savoir simplifier

Si les qualités citées précédemment semblent relever du bon sens, Yannick Bolloré met cependant en garde les prétendants au titre : « la meilleure agence digitale est celle qui sera capable de ‘faire’ en absorbant la complexité pour ses clients et partenaires ». Les agences digitales ont alors un rôle de facilitateurs qui ne doivent pas « se laisser enfermer dans une liste de livrables ou de technologies » selon Lucas Denjean. Car le plus décisif est la capacité de l’agence « à problématiser, c’est-à-dire à remettre les enjeux de l’annonceur en perspective » selon le directeur général d’Extrême Sensio.

Comme le rappelle Sandrine Plasseraud, « face à la complexité, une agence doit apporter de la simplicité à son annonceur et le rassurer : il y aura toujours un expert pour répondre à toutes les questions techniques qu’il se pose mais ce qui importe c’est de penser consommateur ; d’oublier les canaux, les plateformes pour se concentrer sur le consommateur, ses usages, ses attentes. Chez We Are Social, nous pensons qu’au lieu de mettre l’accent sur la façon dont une marque doit entrer en conversation avec ses consommateurs, ce qui importe en premier lieu, c’est de réfléchir aux raisons pour lesquelles une marque mérite d’être dans la conversation en premier lieu. C’est ce que nous appelons le Social Thinking. De la simplicité et du bon sens. Ensuite on parlera technique, mais seulement ensuite ! »

Aller plus loin que le digital

Richard Verglas, directeur général de Mazarine affirme qu’au-delà des challenges techniques, une agence digitale doit savoir « solutionner des problématiques complexes aux intérêts divergents : maximiser la performance sans contraindre la création, assurer un rendu conforme à l’ADN de la marque et de ses codes en vigueur, concevoir des offres de service digitales marketées, compétitives et rentables. »

Une telle maitrise amène pour Olivier Vigneaux « à un dépassement du monde digital, pour mettre ce dernier au service de la stratégie globale des marques et de la construction de valeur avec une perspective long terme. »

Arnaud Monnier, CEO d’Altima voit dans ce dépassement une opportunité pour « vivre les enjeux stratégiques d’un client comme si l’agence et l’annonceur ne faisait qu’un. Cela signifie que l’agence doit faire en sorte que le projet ou la campagne soit une réussite autant business que humaine. »

De nouveaux métiers et méthodes

Un tel rapprochement avec les annonceurs nécessite de savoir accueillir et faire évoluer de nouveaux métiers : data scientist, UX, analyste, creative technologist… Pour Stéphane Paredes, fondateur de Napoléon Agency, se pose également la question des « méthodologies de gestion de projet (agile, sprint… ?), l’approche de conception (user centric) et les pôles d’expertise développés en interne (étude, UX, stratégie, création, technologie ?) ».

« Même si l’idée et la créativité doivent rester centrales », pour Alexandre Castaing, associé de Sweet Punk, les nouvelles disciplines citées plus haut doivent être intégrées « dans un studio complet et expert sur les aspects d’exécution et les problématiques changeantes du digital. Ceci afin d’assurer une bonne réactivité et un bon degré d’innovation de l’agence. »

La réactivité et l’agilité sont clés pour Pascal Nessim, qui y voit « une façon de travailler un peu nouvelle, avec des équipes réduites et un temps très court. » Legorafruit, parodie du Gorafi pour Oasis a par exemple été « pensée le matin et mise en ligne le soir-même ».

Une telle intégration couplée à de nouvelles méthodes, telles que le design thinking ou le lean doivent permettre selon Marilyne Lacaze de « mieux collaborer avec les équipes des différents métiers internes de l’annonceur » et pas seulement avec les profils digitaux.

Ces nouvelles approches permettent pour Mathieu Morgensztern, CEO de DigitasLBi France et Europe de l’Ouest, « d’être du côté des publics de la marque. La principale qualité d’une agence digitale doit être de garantir que ce que fait la marque a du sens pour le consommateur, et lui apporte une véritable valeur ajoutée. Contrairement à la publicité réalisée par une agence traditionnelle, essentiellement du côté de la marque. »

La culture digitale

Sujet connexe aux nouvelles méthodes : la culture digitale. Pour Pascal Nessim, « une agence digitale se doit d’être très forte sur sa culture. Car dans la communication, le digital est moins une affaire de technologie que de culture. » Comment juger de la culture digitale d’une agence ? Au delà des rencontres avec celle-ci, « observez les réseaux sociaux de l’agence, ses publications, la nature de ses campagnes ». Si aujourd’hui, la dimension conversationnelle est clé dans la communication digitale, d’autres tendances pourraient suivre. Et seule une agence à la forte culture digitale sera apte à les suivre. Pascal Nessim recommande d’ailleurs de faire confiance à la jeunesse pour cela car « seuls les jeunes savent bien manipuler la culture digitale. D’autres générations peuvent la comprendre, mais les jeunes savent intuitivement s’en servir comme une arme de communication ».

Comment s’assurer de l’expertise technique d’une agence digitale ?

Pour Yannick Bolloré, « la capacité à faire » est la qualité à rechercher dans toute bonne agence digitale. En effet, « le Digital et la Data sont des disciplines ou la réflexion et l’action sont très proches. Ici plus qu’ailleurs, une bonne idée ne sert à rien si elle n’est pas parfaitement exécutée. Cette capacité à faire repose sur la parfaite intégration sans couture de création, design, data et technologie. » Mais comment s’assurer en amont qu’un annonceur s’adresse à une équipe de « doers », de « makers », et non de communicants plus habiles du Powerpoint que du compilateur ?

Comme le résume Arnaud Monnier : « La créativité et la stratégie peuvent en effet se juger par la projection vers l’avenir qui est présentée via la recommandation de l’agence. Inversement pour s’assurer de l’expertise technique / innovation, la promesse ne suffit pas, il faut des preuves. La meilleure solution reste de se tourner vers le passé récent. Deux moyens de valider pour l’annonceur ces preuves techniques et la capacité d’innovation : »

1. Les références

Pour Alexandre Castaing, « certains signes ne trompent pas : sur le site d’une agence, il est assez facile d’identifier son exigence et son positionnement sur des aspects innovants, techniques ou encore graphiques. Le book de réalisation doit témoigner de ce positionnement haut-de-gamme ou expert. » Stéphane Paredes renchérit : « demandez les études de cas détaillées, le CV du directeur technique. »

2. Les récompenses

Autre face visible de l’iceberg pour Arnaud Monnier : « les prix gagnés sur les 2 à 3 dernières années ». Alexandre Castaing cite notamment « les FWA ou Awwwards qui garantissent une reconnaissance du marché, des pairs… et des agences concurrentes en quelque sorte ». Des gages d’une certaine maitrise de l’art digital.

Et pour clore le volet de l’immédiatement accessible, Arnaud Monnier recommande d’observer également « les publications sur des sujets de fond (tribunes, articles, livres blancs…) publiées par l’agence. »

Rencontrer les codeurs

Pascal Nessim rappelle l’importance des profils techniques de nos jours : « toutes les grandes innovations actuelles sont portées par des codeurs. Airbnb, Instagram, Facebook, Uber… il y avait à chaque fois au moins un développeur parmi les fondateurs ».

Alors que les équipes techniques avaient tendance à ne pas (ou peu) rencontrer les clients, les temps changent : lors des sélections d’agences organisées par VTscan, Fabrice Valmier indique que son cabinet « n’hésite pas à paralléliser une approche IT ou à intégrer des workshops techniques lors des appels d’offres digitaux que nous menons. Ils sont extrêmement précieux pour vérifier la bonne compatibilité entre un Client, ses services Communication et IT, et une agence : dans leur capacité d’écoute, de pédagogie, de compréhension et dialogue mutuel, bref cela donne une bonne visibilité sur la réalité de la future collaboration. Nous sommes convaincus que la créativité se trouve aussi bien lors de la stratégie, de la création, de l’UX que de l’IT et de son potentiel. Pour exploiter les opportunités qu’offre le digital, il faut aller plus loin dans la granularité technique, composante de ce métier. »

Lucas Denjean observe également l’évolution des compétitions « en mode collaboratif, avec l’exposition des enjeux stratégiques, des ateliers de travail et l’accompagnement d’opérationnels pour la transmission des informations clés. » Ce que confirme Marilyne Lacaze : « Pour nous, un travail d’équipe sur un nouveau projet (user pain point) débute dès la sélection d’agence. Nous croisons donc de plus en plus nos expertises techniques internes avec l’expertise de nos agences déjà partenaires sur un projet donné pour participer à la rédaction du brief (sur leur domaine d’expertise) et assister à nos côtés aux recommandations des nouvelles agences souhaitant rejoindre ce groupe projet. C’est une démarche qui permet à la fois de sélectionner des agences à forte valeur ajoutée et qui soude aussi l’ensemble des parties prenantes dont l’avis est considéré. »

Si un annonceur n’a pas la possibilité de rencontrer toutes les équipes techniques de sa long ou short list, Davy Tessier recommande de se renseigner « sur la répartition des types de postes en agence. Ce qui indique rapidement s’il y a un centre de gravité et lequel. » Et une fois les profils techniques rencontrés, la question à se poser est « savent-ils rendre simple quelque chose qui paraissait complexe ? » Le co-fondateur de Disko sur-enchérit : « une excellente agence digitale saura rendre tout à fait transparentes les problématiques techniques et remplacera le mot problème par solution ».

Pascal Nessim rappelle l’importance des développeurs en agence : « aujourd’hui, la plupart des idées générées par l’agence doivent passer par un filtre technique. Or pour aller vite, il est clé que l’agence ait un vrai centre d’expertise technique. Demandez à rencontrer le directeur technique, le Creative Tech, vous serez rapidement fixés. »

En tant qu’annonceur, Marilyne Lacaze observe en effet l’organisation interne de l’agence, sa capacité à recruter des « profils qui savent penser en dehors du cadre ainsi que des nouveaux métiers. La présence d’un laboratoire d’innovation, d’un mode de travail agile, et d’un programme de formation en interne sont des signes pris en considération. » Enfin, « l’existence ou non de champions program permettant d’échanger autour de la roadmap de développement de nos solutions technologiques partenaires. Pour apporter la meilleure réponse aux attentes de nos consommateurs, les innovations ne doivent pas se limiter à celle de nos agences (dans une démarche passive de l’annonceur) mais doivent être partagées afin de co-créer ensemble les expériences de demain. »

Sandrine Plasseraud indique cependant qu’aucune agence digitale ne peut avoir toutes les expertises en interne car « les techniques évoluent, et sont remplacées par de nouvelles, à un rythme effréné. Si l’agence venait à intégrer toutes les expertises, elle risquerait de vendre des jours-hommes à son annonceur pour amortir le salaire de ses experts, ce qui est bien sûr dommageable ». Pour la directrice générale de We Are Social, « ce qui importe, c’est la curiosité des collaborateurs, leur envie de bouleverser les choses, d’apprendre un nouveau métier au quotidien, de se challenger pour devancer les attentes des consommateurs. Et à cet effet, ce qui importe, c’est la capacité d’une agence à aller à la rencontre de makers, de startups, de gens qui inventent le futur, de faire partie de cet écosystème et de travailler main dans la main, chacun apprenant de l’autre. »

Interroger les clients

Sûrs de leurs forces, la plupart des interviewés recommandent tout simplement de vérifier les références d’une agence digitale auprès de ses clients ! Julien Chailloux de 1000mercis regrette que « les annonceurs se réfugient trop souvent derrière des agences institutionnelles. Or, un slide ou un logo n’ont jamais été garants d’une expertise technique ou d’une capacité d’innovation. De notre point de vue, il faut absolument entrer en contact avec les clients de ces agences. Non pas simplement en lisant un testimonial mais en échangeant librement et directement avec leurs clients. Régulièrement nous organisons des événements formels ou informels permettant à nos clients de rentrer en contact les uns avec les autres. Nous essayons également de prendre la parole conjointement avec nos clients les plus avancés pour partager leurs use cases à ceux qui le désirent tout en laissant nos prospects rentrer en contact direct avec eux. Ce qui est un challenge technologique pour l’un peut être une évidence pour un autre. »

Quel modèle d’agence digitale ?

Entre les agences digitales devenues agences de communication globale, les agences digitales de taille moyenne, indépendantes ou non, et les hyperspécialisées (UX, data, e-commerce, search, etc.) les annonceurs risquent de se perdre dans la richesse de l’offre. Tentons d’en savoir plus sur le modèle idéal d’agence digitale…

Les agences hyperspécialisées

Small is beautiful. Les nouvelles agences digitales surfent souvent sur une tendance avec un effet catalyseur immédiat. Pour Arnaud Monnier, « Il s’agit ici souvent d’un choix d’opportunité car l’une des expertises explose positivement, et l’agence y voit une solution de croissance plus facile, plus efficace, et souvent plus rentable. » Attention cependant à ce que ce ne soit pas « une voie de repli car l’agence ne réussit pas à se développer sur un périmètre digital 360° qui est à la fois passionnant, mais aussi un vrai challenge années après années pour la direction et l’ensemble des équipes. » Une telle spécialisation nécessite pour Alexandre Castaing « que l’agence sache maîtriser sa R&D mais aussi se remettre en question régulièrement » tant les cycles d’innovation digitale sont rapprochés.

Stéphane Paredes croit davantage à cette approche et la met en pratique avec succès chez Napoléon Agency : « Au vu de ce qu’il se passe outre atlantique avec une double révolution au niveau des projets digitaux (conception / technique) grâce aux methodologies telles que le design Thinking et l’Agile, je pense qu’un nouveau type d’agence va voir le jour d’ici à 5 ans en Europe. Ce nouveau modèle pourrait aller vers l’hyperspécialisation User experience (UX). Car cette approche permet de répondre aux problématiques mobile, com, service design, voire design produit. En France, on considère encore ces agences comme des agences à tendance ergo. Or l’UX est une nouvelle façon d’appréhender et de répondre aux problématiques des annonceurs vis à vis d’une cible qui s’est radicalement digitalisée. Je pense que ces agences UX hyperspecialisées pourraient être la norme et devenir les agences généralistes de demain. Elles sont par nature plus réactives, plus au fait des tendances, et plus proches des consommateurs. Un certain nombre de ces agences en devenir ont été rachetées par des groupes, comme par exemple Nealite par PWC ».

Les agences digitales de taille moyenne

L’indépendance des agences digitales de taille moyenne a pu sembler condamnée, tant celles-ci ont rejoint des groupes lors des dernières années : citons notamment You to You avec Mazarine, X-Prime et JWT, ou encore Fullsix et Havas à l’automne (concédons qu’inclure Fullsix en tant qu’agence moyenne est inexacte, puisqu’il s’agit d’un groupe de plus de 1000 personnes).

Ce qui n’empêche pas Arnaud Monnier et Altima de croire « qu’il existe une place sur le marché pour des agences digitales indépendantes de taille intermédiaires. Des agences dont la taille critique est suffisante pour coordonner un budget digital d’un grand compte à l’international, mais dont la taille reste suffisamment légère pour rester agile dans ses options stratégiques, techniques, humaines. Cette agilité permettant de satisfaire à la fois les clients et les collaborateurs de l’agence. Des agences digitales de taille intermédiaires et indépendantes disposant d’un réseau international. Elle seront une alternative efficace pour les annonceurs qui ne souhaitent pas coordonner une approche multi-pays ou multi-expertises, mais qui ne se projettent pas dans la promesse des très grandes agences internationales généralistes. »

Du côté d’Extrême Sensio, Lucas Denjean revendique un double modèle de développement, en toute indépendance :
– Une intégration « verticale », de la production vers le conseil et l’accompagnement stratégique.
– Une intégration « horizontale », avec le développement de pure-players spécialisés : média, social media, digital store, studio…

Les 2 modèles s’enrichissent : les pure-players spécialisés développent les meilleures pratiques sur leur marché respectif, et enrichissent le modèle d’intégration porté par la marque-mère. »

Les grandes agences

Pour Yannick Bolloré, un groupe comme Havas propose trois alternatives aux clients : « soit un partenariat global intégrant le digital mais piloté par son agence historique, soit un partenariat global centré sur le digital et intégrant les autres métiers mais piloté par une agence au cœur digital, ou enfin un accès à des spécialistes digitaux ou data. Clairement les deux premiers modèles nous semblent plus porteurs car ils répondent aux besoins des plus gros annonceurs. »

Pour Pascal Nessim, « agence digitale est une mauvaise terminologie. Face aux pure players et agences spécialisées, nous défendons un mode d’agence de communication native du digital. Il y en a très peu sur le marché. [ndlr : citons Buzzman et FF Group ?] Dans notre cas cela a été possible grâce à la fusion d’un pure player, Publicis Net, et de Marcel qui était alors une agence de 6 teams créas de grands talents ». Marcel n’a cependant pas pour ambition de répondre à tous les appels d’offre : « si je suis un annonceur avec une problématique purement digitale (e-commerce, mobile…), autant faire appel à un pure player. Si j’ai une problématique de communication avec une composante digitale, avec des besoins stratégiques, créatifs et techniques. Dans ce cas il faut faire appel à une agence native du digital, telle que Marcel ;). »

Comment arbitrer parmi ces différents modèles ?

Pour Yannick Bolloré, une réponse universelle est impossible tant les clients sont tous différents : « Certains cherchent à constituer des pools de spécialistes, d’autres à déléguer l’ensemble de leur digital au même acteur. Il me semble que le digital est devenu tellement important que quel que soit le modèle désiré par le client, une agence doit être capable de s’adapter à ces besoins pour faire en sorte que l’expérience digitale proposée soit parfaitement intégrée, synchronisée avec l’ensemble de l’expérience client. »

Fabrice Valmier voit les 3 modèles d’agences précédemment cités durer quelques temps encore : « Pour chaque agence, ce qui doit orienter ses choix, c’est sans doute mesurer ce sur quoi elle est vraiment experte, ce qu’elle peut couvrir comme expertise, de manière solide et pérenne pour apporter de la valeur à ses clients. L’an dernier, dans une mission, nous avons constaté qu’une agence digitale facturait 1,5M € à un client… mais qu’elle perdait de l’argent. En repensant avec ce client le périmètre d’intervention de l’agence, nous avons recentré son intervention sur le conseil pur, facturé 300k € par an. Et tout le monde y a trouvé son compte : pour le client, l’agence n’était plus engorgée sur la production et tenait ses délais avec plus de pertinence dans le conseil, pour l’agence ce client redevenait rentable et la relation s’est détendue en reprenant de la crédibilité sur son apport conseil. »

Olivier Vigneaux va dans le même sens, en rappelant que « les agences doivent défendre une valeur ajoutée distinctive forte : la culture des marques et de la créativité sont rares et difficiles à acquérir par la majorité de leurs concurrents. C’est un atout compétitif à cultiver. »

Pour Marilyne Lacaze, la clé d’un bon choix d’agence, qu’elle soit généraliste ou hyperspécialisée est dans la capacité de celle-ci à travailler « en mode projet, avec agilité, avec d’autres agences (externes ou du même groupe). Alors que la force des agences généralistes à fort ADN digital est de pouvoir accompagner la vision et le pilotage unifié de la mesure des KPI, elles doivent aussi – sur les projets qui leur sont confiés – avoir une posture de conseil (de véritable partenaire de leurs clients) afin de les accompagner dans leur veille et identification des meilleurs partenaires pour aboutir aux meilleurs résultats possibles : que ce soit des agences spécialisées, start-up ou freelances qu’elles peuvent proposer en mode sous-traitance. Cette posture de conseil permet d’enrichir la relation en passant d’une logique de vente d’un produit / d’une offre en silo « one-shot » à une logique d’accompagnement global de leur client dans la durée. »

Arnaud Monnier observe également ce type de demande croissante chez les annonceurs, avec « le besoin d’un accompagnement à l’internalisation des expertises e-business. L’agence devra donc apprendre à diffuser son savoir et mettre en œuvre des expertises de transfert de compétence vis-à-vis de ses clients. C’est une nouvelle mutation et elle pourra apporter autant de croissance et de satisfaction au client et à l’agence que la voie de prestation traditionnelle. »

Quelles perspectives ?

Pour Fabrice Valmier, « la césure entre agences de communication et agences digitales ne durera pas. Demain il ne restera plus que des agences conseil en communication, avec plein de vrais morceaux de digital dedans ! » Ce qui fait dire à Julien Chailloux : « pour encore combien de temps une agence peut-elle être non digitale ? Les usages avancent plus vite que les transformations des agences généralistes… et ils ne vont pas vous attendre ! »

Yannick Bolloré voit un autre enjeu majeur pour les agences digitales : « Le grand défi du Digital est dans la maitrise de la Data. Data pour plus de pertinence individuelle dans l’expérience client, mais aussi data pour plus d’efficacité média. Cette CRM-isation généralisée représente le grand défi des années à venir. »

Les évolutions en cours pousse Extrême Sensio à réfléchir à un nouveau modèle d’agence pour les 3 années à venir selon Lucas Denjean : « plus seulement une agence, mais un hub agile connecté à un écosystème en mutation (incubateurs, agences, écoles, solutions techniques, etc.) pour répondre aux ruptures numériques : ruptures d’usages, de distribution, de technologies, de modèles économiques… Nous revoyons totalement notre organisation, pour décloisonner, désiloter, transformer le processus de conception créative, créer de nouveaux usages, développer le service, mesurer l’efficacité… Pour être for any challenge native. Finalement, notre métier, c’est d’aider les annonceurs à anticiper demain, à se réinventer, à transformer leurs stratégies de communication, et à maitriser le point d’engagement avec le consommateur. »

Pascal Nessim voit également dans l’innovation un sujet clé pour les agences et les annonceurs face à la disruption des startups. Attention cependant à ne pas trop vite céder à l’enthousiasme ambiant : « toutes les agences – digitales ou non – revendiquent aujourd’hui le sujet de l’innovation. Or dans 95% ce n’en est pas. Car on ne vend pas l’innovation comme on vend une campagne de publicité. Convaincre avec une idée innovante nécessite une méthode particulière, et de s’adresser à l’ensemble de l’entreprise et non pas uniquement à la communication ou au marketing. Or pour cela, il faut passer en mode startup, sans se dire qu’on a là un créatif, un planner, des commerciaux… Et être humble puisque les annonceurs ont aussi leurs propres structures d’innovation en interne. C’est ce que nous avons réussi à faire avec Intermarché, avec notamment les fruits et légumes moches. »

Pour Mathieu Morgensztern, les agences « doivent penser les marques comme des startups : l’agence du futur saura ouvrir les marques à de nouveaux modèles de communication / de services / de relation / de création de valeur pour ses publics ». Comme le rappelle Davy Tessier, « une agence digitale a souvent en elle la possibilité d’ubériser bon nombre de secteurs, encore faut-il en prendre conscience. » Et son évolution va dépendre de « l’identité de l’agence, c’est à dire des personnalités qui la composent ». De quoi garantir une offre très diversifiée d’agences digitales, puisque comme le rappelle le co-fondateur de Disko : « à la fin, les moutons de Panurge meurent tous ! »

Votez pour la meilleure agence digitale

Et pour finir sur une note plus conversationnelle, nous vous proposons d’élire la meilleure agence digitale du marché français en complétant ce tweet :

#LaMeilleureAgenceDigitaleEst ______
https://lareclame.fr/dossier-meilleure-agence-digitale-146756

Mise à jour du 7 mars : les votes étaient ouverts jusqu’au 2 mars 23h59. Nous avons dénombré ceux-ci grâce au social monitoring de Brandwatch. Comme prévu, 1 seul tweet par personne a été comptabilisé, et les retweets étaient recommandés mais ne valaient pour votes. 810 votes uniques ont été analysés pour désigner la meilleure agence digitale selon vous.

And the winner is…

 

Braaxe !!!

Avec 191 votes uniques, l’agence digitale a su mobiliser bien au-delà des 25 membres de son équipe, grâce à une mécanique mêlant simplicité, humour et générosité… puisque l’agence a désormais 191 pintes à offrir :

Si [tag]Braaxe[/tag] est capable d’engager aussi astucieusement les communautés en ligne, son titre de #LaMeilleureAgenceDigitaleEst n’est probablement pas usurpé ! Transposée à des problématiques de marques, une telle efficacité devrait ravir les clients de l’agence. Tout en respectant la loi Evin dans un cadre annonceur ;)

 

Le top 10 des agences

En complément, voici le top 10 des votes, agence par agence :

Meilleure agence digitale votes

 

Et pour finir, voici toutes les agences qui ont recueilli des votes sur Twitter avec le hashtag #LaMeilleureAgenceDigitaleEst : 1000mercis, Acapulco, Adveris, Agence 1969, Agence des médias sociaux, Agence Mieux, Altima, Atsukè, Axance, BETC Digital, Big Youth, Braaxe, Brainsonic, Buzzman, C’est comme une agence, Change, Clever Age, Conceptcom, DesDoigts, Digimood, DigitasLBi, Diplomatic Cover, Disko, Elan Edelman, Eroiq, ESV, Evolve, Extreme Sensio, Fcinq, Gaya, GRENADE & SPARKS, hands, Havas, Heaven, Hobbynote, Ici Barbès, Idaos, Insign, Isobar, KRDS, La Haute Société, Le Pouce, Lounce, Malabar Design, Marcel, MRM McCANN, Milky, Napoleon, Netbooster, Nextedia, NiceToMeetYou, Objet 23, Ogilvy, On prend un café, One More Thing Studio, Oxygen, Publicis Nurun, Rehab studio, Reputation Squad , Roxane Company, Spin Interactive, Steaw, Sweet punk, Tequila Rapido, Tiz, Uncategorised, Uzful, Uzik, Vanksen, Viewniverse, WAX Interactive, We are social, Xprime, You to You, yzalis.

 

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Letter to to the Future pour Accor

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